L'étrange albinos dodu

« Jean: J’écris pour changer les gens. La prose : je sème et j’arrose Jean la prose  »

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Moi je suis diffèrent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre. Cet avis, n'est pas seulement celui de ma mère. Je suis né et J'ai
grandi dans un village enfui dans les entrailles de la forêt équatoriale, un village
du nom de MATONGO. Là-bas dans ce village, tout le monde me trouvais
étrange ; que ce soit à l'école, au marché ou à l'Eglise l'on me regardait
différemment. A MATONGO, les albinos étaient associés à diverses croyances et
superstition à la fois magiques et mystiques. Nous étions marginalisés, et le pire
c'est que nous les albinos étions considérés comme des « sous-hommes ».
Cependant, certaines personnes comme ma tante, voyaient en cette différence
un immense avantage. C'est ainsi que TANTINE Marthe me répétait tous les jours
: « vas-y !courage mon fils, demain tes efforts te donneront raisons » ; elle
constituait mon principal soutient. D'autres personnes méchantes et mal
intentionnées par contre utilisaient cette différence pour me marginaliser se
moquer et profiter de moi ceux-là aussi ont leur visage gravé dans ma mémoire.
Toutefois, je n'en veux à personne car pour être sincère, j'ai toujours été
différent. En effet, dans mon enfance, en plus d'être albinos, je souffrais
d'obésité, c'est notamment pour cela que j'attirais l'attention des villageois qui
me voyaient totalement différent des autres enfants. Chaque fois qu'ils me
voyaient ils disaient « le gros blanc ! ca va bien ? » Tout naïvement je répondais
« ça va bien ». J'ai dû attendre la quinzaine pour comprendre que cette
appellation n'avait rien d'un compliment mais ne représentait qu'une grossière
injure comme bien d'autre surnom (Toum-Toum, la Patate, le Gros porc...) que j'ai
accepté fièrement dans mon enfance. De l'autre côté, bien que mes parents
m'aimaient et acceptaient volontiers ma condition d'albinos, mes épisodes
de maladies fréquents et incessants faisaient de moi un être différent aux yeux de
ma mère qui n'a jamais cesser de me dire : « de tous mes enfants, Dongo tu es
unique, je me demande même souvent si je suis vraiment ta mère ».
Heureusement pour moi, je bénéficiais de l'amour et de l'affection de ma tante.

Oui maman m'a toujours vu comme un extraterrestre, un personnage
qu'elle a elle-même soigneusement éduqué, élevé entretenu et dont elle a
toujours soutenue les initiatives. Mais c'est grâce a Tantine que j'ai reçu
l'essentiel de l'affection dont j'ai toujours eu besoin jusqu'ici. Elle me l'a toujours
fait savoir et je voyais en ses actes et ses paroles de l'amour et de l'amitié. Oui ma
tante m'a toujours aimé et je le sais. Chaque fois que je la rencontrais ou que
j'allais chez elle, grâce à sa douce voix fine elle chuchotait en me disant « je
t'aime mon petit blanc, tu es différent et saches que tu es le meilleur, prend bien
soin de toi et sois sage » ces paroles de maman Martha (comme je l'appelais
affectueusement) m'ont accompagné durant mes premiers pas dans la cour de
l'école publique de mon village. Maintenant qu'elle a quitté cette vie, l'homme
que je suis devenu n'a jamais oublié les conseils de cette grande femme sage au
cœur en or.

Ma différence et mon unicité faisaient pratiquement l'unanimité au sein de ma
famille. En fait, mon père et ses frères voyaient en moi des particularismes qui me
rendaient anecdotique. Ils analysaient mes moindres faits et gestes, même
jusqu'à la plus drôle de mes maladresses. En outre, face à chacune de mes gaffes,
papa Okwara (mon oncle paternel) me rappelait des scènes de ma naissance. Il
me disait « cet enfant !! J'ai toujours su que tu étais étrange et différent, tu as
même d'abord passé douze mois dans le ventre de ta mère ». Effectivement
j'avais passé près d'un an dans les entrailles de ma maman, et les trois derniers mois qui ont précédés ma naissance ont été marqués par des vents de paniques
et d'incertitudes, puisque la masse corporelle du bébé que j'étais imposait un accouchement par césarienne.

Par contre, à l'école j'étais calme et studieux, tout d'abord parce que j'avais
du mal à trouver des amis (la majorité de mes copains de classes avaient peur de
ce camarade à la peau étrange). Ensuite parce que les injures proférées à mon
encontre par les « méchants » du village avaient réussi à fustiger l'esprit du gamin
que j'étais. Enfin, je devais mon comportement à mon grand frère Ntolo. Selon lui
la réussite et l'obtention de très bons résultats scolaires était le meilleur moyens
pour moi de me venger et prouver enfin aux yeux du monde que j'étais un enfant
comme les autres. Grace à son impulsion et à la présence infatigable de mes mères (ma mère et ma tante), mon père et mes oncles, j'ai mené à bien le cycle primaire à L'ECOLE PUBLIQUE DU CENTRE DE MATONGO. Cette première
grande étape de ma vie s'est clôturée par l'obtention du Certificat d'Etude
Primaire au mois de juin 2010. De même, comme un gigantesque coup du destin j'ai engagé
ma vengeance envers ces « méchants » en décrochant la première place au
concours d'entrée en sixième du LYCEE CLASSIQUE DE MATONGO. Une fois de
plus, j'ai démontré à mon village que j'étais très différent, et je ne comptais pas m'arrêter la.... A tous les carrefours du village l'on pouvait entendre des gens
dire « Ceci est vraiment étrange nous n'avons jamais vu cela dans ce village,
depuis quand un albinos est premier au concours d'entrée en sixième... Ce
« Toum » est vraiment sorcier : il va tout nous montrer ici à MATONGO » oui !oui ! Ma réussite
était vraiment inédite dans le village : certains n'hésitaient pas à me traiter de
« gros sorcier blanc ».

Grace à cet exploit, le petit albinos s'est finalement fait accepter par le
village. Grace à ce coup de maitre, je me suis imposé au sein de la communauté.
En entrant au collège, je n'étais plus perçu comme ce vulgaire albinos obèse, mais
plutôt comme l'un des meilleurs élèves de la contrée. J'étais ainsi fier de moi et
cela me poussait à travailler davantage. Ma mère fut aussi très heureuse pour
moi car elle voyait en ma réussite la preuve qu'elle avait mis au monde un fils
valable.

Comme elle aimait si bien me prodiguer
des conseils, un mois jour pour jour avant son décès, assis tous deux autour du
feu, tantine Marthe passa sa main autour de mon coup et me dis : « mon fils !
Dongo !mon blanc, tu es unique, tu es atypique. Oui tu es diffèrent et c'est pour
cela que je t'aime... Regarde toi, tu es déjà au collège, qui aurait cru ! Aujourd'hui,
tu es comme tout le monde, sinon encore plus meilleur, regarde toi, tu as une tête, et
quatre membres, sois confiant et affronte toutes les difficultés, car tu es
comme les autres, mais spécialement meilleur par ton teint unique». Ces derniers
conseils de mon «ange gardien» m'ont forgé.
Jusqu'aujourd'hui, les paroles de Maman MARTHE m'accompagnent et
grâce à elles, je marche sereinement dans la rue en dépit de mon albinisme. Je
suis fier de ce que je suis et je pense que chacun devrait en faire autant car nos
différences nous assemblent et nous rassemblent. En effet, je suis différent de toi, tu es différent de moi et il est différent de nous. Ainsi, chacun d'entre nous a une pépite qui
le rend différent de tous les autres êtres. C'est cette particularité qui rend chacun
d'entre nous unique et irremplaçable dans la société...

Chers frères et sœurs, j'ai souffert dans cette vie à cause de mon albinisme,
j'ai été victime de mes différences et je puis vous dire qu'il n'y'a rien de pire. Dès
maintenant aimons nos semblables et acceptons leurs différences car chaque individus doté d'une différence représente une chance offerte par la nature à l'humanité toute entière. Il est donc de notre devoir de protéger les différences et
les minorités pour monde plus vivable.