Les yeux d’or

        Le soleil darde ses derniers rayons de lumière de la journée, la nuit va bientôt prendre sa place. Je m'appelle Romy Caldin. Ce soir, avec mes trois meilleurs amis, Esteban Fenray, Andreas Dawson, et Elléa Grall, nous allons camper au bord d'un lac entouré de forêt. Elle est composée d'arbres immenses et serrés les uns contre les autres, ce qui la rend sombre et effrayante. Avant de partir, nous nous sommes renseignés, mais nous n'avons rien trouvé de négatif.
Mes parents nous ont déposés à Trunswick, le village le plus proche du lac. Nous avons marché cinq kilomètres à travers les hautes herbes de la prairie d'Hulm, puis nous avons traversé la forêt de Baraïl qui borde le lac des Brumes. Dans la forêt, nous avons aperçu des yeux jaunes brillant comme de l'or, nous observer. Lorsque nous sommes passés dans le seul rayon de soleil de la forêt, le regard qui pesait sur nous avait disparu. Qu'est-ce que cela veut bien dire ?
La nuit est tombée il y a seulement trente minutes. Esteban et Andreas sont partis chercher du bois pour pouvoir allumer un feu. Elléa et moi avons le rôle de monter la tente. Nous étions sur le point de terminer lorsque Esteban et Andreas sont revenus de la forêt en courant.
    - Nous avons revu les yeux jaunes et lorsque j'ai allumé la lampe torche pour voir ce que c'était, les yeux ont disparu ! J'ai hurlé et j'ai passé ma lampe à Andreas ! s'exclama Esteban
    - J'ai éteint la lampe, les yeux brillants se sont rapprochés... Esteban s'est mis à courir, j'ai pris mes jambes à mon cou. Quand je me suis retourné, les yeux qui brillaient au milieu de la forêt nous suivaient et se multipliaient ! déclara Andreas, paniqué.  
    - J'ai attrapé le bras d'Andreas et nous sommes sortis de la forêt de Baraïl en courant !
Cette forêt est hantée... haleta Esteban
Nous les avons écoutés sans intervenir. Inquiète, je me tournai vers la forêt et je vis les yeux lumineux. D'un coup, ils disparurent... Je criai ! Un cri tellement perçant que les corbeaux qui étaient perchés dans les arbres s'envolèrent. Je tombai, mes yeux se brouillèrent et je vis mes trois meilleurs amis foncer sur moi. Mes yeux bleus ne voulaient plus s'ouvrir, je n'arrivai plus à bouger, aucun de mes membres ne voulait plus m'obéir. Pourtant, ma tête, elle, le voulait.
    J'étais debout au pied du lac des Brumes, je me tournai vers la forêt. Le brouillard arrivait. Quelques gouttes d'eau tombèrent. L'ambiance était sinistre. Mes amis étaient en train de se baigner dans le lac. Soudain je vis les yeux dorés avancer dans le brouillard vers nous ! Je criai, j'appelai mes amis mais comme personne ne me répondait, je plongeai dans le lac. J'arrivai à leur hauteur et je leur dis soudain :
    - Les yeux jaunes sont à la lisière de la forêt, le monstre arrive, il nous veut du mal, nous devons fuir maintenant ! Nous sommes en danger...
Ils ne comprenaient pas ce que je disais...
    - Tu hallucines Romy, regarde la forêt, le temps est magnifique, il n'y a aucun nuage ! C'est paradisiaque ici alors laisse nous profiter deux secondes, coupa Elléa.
Mes amis ne voyaient pas la même chose que moi, est-ce que j'hallucinais ? Je devenais peut-être folle...
Je me retournai et alors je vis la bête derrière moi. Elle avait des yeux jaunes rayonnants, d'énormes cicatrices tout le long de son visage, des dents pointues et gigantesques. L'animal était à quatre pattes, je réussis à voir ses griffes... Elles faisaient la taille de mes mains. En découvrant ceci je voulus hurler, leurs prouver que je ne mentais pas mais ma voix était nouée, plus aucun son ne sortait...
La monstrueuse bête rugit jusqu'à ce que ses amis arrivent. Une quinzaine de monstres sortirent de la forêt. Ils passèrent devant moi et sautèrent dans le lac, je réussis à me tourner, je me rendis compte que mes amis avaient disparu. Je voulus pleurer mais une des griffes de l'animal s'enfonça dans mon dos.
La bête hurla à mes oreilles :
    - Nous terreur, nous tuer, car nous, Démons ! Ici, notre territoire, vous pas camper ici.  
Je compris aussitôt que nous n'aurions jamais dû camper au bord du lac des Brumes. Le chef des Démons enfonça ses monstrueuses griffes dans mon cœur...  
Je me réveillai en sursaut, j'étais installée tranquillement dans la tente. Je repensai à mon cauchemar, qu'est-ce que cela voulait dire, sommes-nous en danger ? Je m'étirai puis je sortis de mon sac de couchage. La lune était haute dans le ciel. Les étoiles éclairaient l'immensité de bleu foncé lorsque je passai la tête en dehors de la tente. Mes amis m'attendaient près du feu. Ils ne parlaient pas. Elléa regardait le feu, Esteban fixait la forêt quant à lui, Andreas découvrait le paysage qui l'entourait. Je m'assis à côté d'eux, je savais qu'ils voulaient me poser plein de questions mais je les fis taire d'un seul geste.
    - J'ai fait un cauchemar pas très rassurant... Je ne sais pas ce que ça veut dire mais à mon avis nous sommes en danger.
Je leur racontai mon cauchemar. La peur prit place sur leur visage. Lorsque j'eus terminé mon récit, Andreas me posa une question :
    - Tu dis que c'était des Démons ?
    - Oui.
    - J'ai lu un documentaire sur eux. Je sais qu'ils mordent à la pleine lune des humains. Quand ils sont mordus, ils se transforment alors en Démons. Lorsqu'il n'y a pas de pleine lune ils se nourrissent de chairs humaines. Le seul moyen de les repousser est la lumière.
    - Nous devons donc attendre l'aube pour partir.
Nous mangeâmes des brochettes de viande et de des chamallow grillés au feu avant d'aller nous coucher.
Nous nous dirigeâmes en silence dans la tente. Je jetai un dernier coup d'œil. Il n'y avait pas les yeux d'or, cela me rassura.
Je me réveillai au milieu de la nuit, mes amis dormaient, pourtant quelque chose n'allait pas...
J'entendis des pas autour de la tente, j'allumai ma lampe et les pas s'éloignèrent. Je refermai mes yeux et je me rendormis.
    Le lendemain matin, nous rentrâmes chez nous, terrifiés par ce que nous venions de vivre.
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