Il faut savoir pour l'intelligence de cette romance que la jeune Annette a fui la maison de sa mère afin d'éviter un mariage contraire à tous les vœux de son cœur et qu'elle est réduite avec l'époux de son choix à parcourir les villes et les châteaux pour subsister à l'aide de son talent musical.
Sans crainte, mon Annette, ah ! revoyons le jour.
En regardant ton fils que ta peine s'oublie.
Comment ne pas chérir sa vie
Quand elle appartient à l'amour ?
Du courage qu'il donne il est la récompense.
Prends ta harpe chantons l'amour et la constance.
Pour toi d'un triste hymen on préparait le jour ;
Fuir ou mourir, dit-il et nous eûmes des ailes.
Devant nos pas ses soins fidèles
Présentaient un heureux détour.
Sa main de notre fuite effaçait l'apparence.
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.
À la nuit ténébreuse il ôtait son horreur ;
Il ouvrait des chemins, éclairait les abîmes,
Des rochers abaissait les cimes,
Et sa force était dans mon cœur.
Il fit notre destin. Qu'il soit notre espérance.
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.
De ta voix si touchante il anime l'accent,
Lorsqu'au seuil des palais, tremblante, l'œil humide,
Tu caches ta fierté timide
Pour attendrir l'homme opulent.
Dans un art plein de charme il mit notre espérance.
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.
Pour éveiller les grands au fond de leur séjour,
Il s'unit à nos chants, et, traversant la pierre,
Il leur arrache le salaire
Qui suffit aux besoins du jour :
Et pour le jour d'après il donne l'espérance :
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.
Ce doux fruit de l'hymen anime nos travaux.
Sur le sein maternel qu'un fils a de puissance !
Le sourire de l'innocence
Sait faire oublier bien des maux.
Pour ce gage chéri combattons l'indigence :
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.
Quand ton cœur attristé, par d'importuns soucis,
Étouffe un long soupir, sur ton charmant visage
Je vois renaître le courage ;
Tes regards ont cherché ton fils.
Avec nos doux refrains amusons son enfance :
Prends ta harpe, chantons l'amour et la constance.
Oui l'amour nous rendra nos champs, notre hameau ;
L'amour apaisera ta mère tant chérie ;
Tu la verras, tendre et ravie,
Bénir ton fils sur son berceau ;
Et nous, près d'elle assis au sein de l'abondance,
Nous chanterons encor l'amour et la constance.