Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Je crois bien qu'elle est loin d'être la seule à le penser d'ailleurs. Seulement, les extra-terrestres, les gens les trouvent plutôt cools, cools et fascinants. Tellement fascinants que des mouvements entiers, culturel et intellectuel, centrés sur eux prospèrent depuis des décennies.
Pour moi c'est une histoire toute autre. Dans la catégorie aberration, je crois qu'on ne peut faire mieux. Âme errante et solitaire depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours eu tendance à m'attirer les œillades les plus condescendantes et les plus dédaigneuses qui aient jamais existé. Œillades qui m'ont infligé mille maux.
Affalée dans ce pub miteux, à siroter un cocktail tout aussi miteux, j'essaie une fois de plus, de déterminer à quel instant précis, ma vie s'est-elle réduite à cette existence cauchemardesque digne d'une héroïne d'un bouquin à la Gustave Flaubert.
Je ne sais pas pourquoi je suis assise là. Je n'aime même pas l'alcool et j'aime encore moins partager le même air que cet amas de corps qui ne pensent qu'à copuler comme des animaux. C'est donc ça s'amuser ?
J'observe des gens s'activer sur la piste de danse. Mais tout ce que je vois, ce sont des poitrines trop belles pour être vraies, qui n'attendent que ce genre d'occasions pour être exposées à souhait dans des décolletés tout aussi plongeants les uns que les autres et des biceps trop taillés pour se faire passer pour anodins.
Ils arborent tous des sourires carnassiers et hautains. Ça me donne envie de gerber. Ils doivent sûrement se prendre pour les rois du monde, à beugler comme des lapins qui se font égorger.
Ils se bercent de l'illusion d'être des peintres alors qu'ils ne sont que des toiles. Ils croient chacun être des héros d'une sorte d'épopée personnelle mais la vérité est qu'ils ne sont pas préférables aux pions d'une partie d'échecs.
J'ai beau essayer de faire abstraction de toutes ces pensées négatives. J'ai beau essayer de me conformer aux règles qui régissent cette société de malheur. J'ai beau essayer de me fondre dans la masse, de m'extasier sur des choses aussi futiles que la robe dont Kim K. était vêtue au dernier met gala, ou encore de glousser comme une dinde à chaque fois qu'un individu du sexe opposé me ferait des compliments.
Seulement la vérité est que je n'y arrive pas. Je suis incapable de tirer une once de plaisir de toute cette mascarade. Je décèle en chacune de ces choses, une telle banalité et fadeur. Elles sont pour moi d'un ennui mortel.
Mais s'il y a bien une chose que je déteste encore plus, c'est ce complexe de supériorité qui me caractérise tant ; me faisant croire que je mène une existence meilleure, que je détiens l'ultime sésame de la vie alors qu'au fond, je ne vaux pas mieux que cette bande d'animaux.
Car à bien y réfléchir, qu'est-ce que je fais là ? Qu'il y a-t-il de bon dans ma vie ? A quoi rime-t-elle ? Qu'est ce qui me rend spéciale ?
Rien à l'évidence, toute ma vie me l'a bien prouvé. Je n'ai aucun talent, je ne me démarque dans aucun domaine, même les fonctions les plus basiques, telle que la communication, me filent entre les doigts. Et contrairement aux idées populaires basées sur le stéréotype de la fille asociale, je ne suis même pas intellectuellement assise.
Rien qui me permette de sortir du lot ne serait-ce qu'un tout petit peu, d'avoir droit à une petite part d'originalité. Rien bien sûr, à part cette supposée supériorité.
Plus tard, lorsque je serai épuisée de m'être triturée le cerveau de toutes les manières possibles et inimaginables, je rentrerai m'endormir les yeux si rouges et bouffis par les pleurs. Je ne le sais que trop bien, parce que ces crises existentielles, je les ai depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Je les ai même surnommées les « existentielles d'Abby » quand j'avais 13 ans, d'où l'originalité du nom.
Mes existentielles commencent toujours par un plan, une idée qui illumine mon réveil et me tient à cœur, puis par un échec cuisant, ce qui me conduit inévitablement à me demander comment j'ai pu être si naïve de croire que pour une fois, je serais heureuse. Viennent ensuite la résignation, l'auto dérision et le désespoir absolu.
J'aimerais tant ne pas me détester, ne plus m'en vouloir et me faire pitié. Ça prend souvent du temps aux héroïnes de roman de réaliser qu'elles sont leur première ennemie. Pour ma part, c'était assez évident dès le départ.
J'en ai marre de moi, je me fais pitié et je ne m'aime pas. Voilà pourquoi je finirai malheureuse, seule, aigrie, avec pleins de chats.
Si bien sûr, je ne mets pas un terme à ma vie avant ça.
Pour moi c'est une histoire toute autre. Dans la catégorie aberration, je crois qu'on ne peut faire mieux. Âme errante et solitaire depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours eu tendance à m'attirer les œillades les plus condescendantes et les plus dédaigneuses qui aient jamais existé. Œillades qui m'ont infligé mille maux.
Affalée dans ce pub miteux, à siroter un cocktail tout aussi miteux, j'essaie une fois de plus, de déterminer à quel instant précis, ma vie s'est-elle réduite à cette existence cauchemardesque digne d'une héroïne d'un bouquin à la Gustave Flaubert.
Je ne sais pas pourquoi je suis assise là. Je n'aime même pas l'alcool et j'aime encore moins partager le même air que cet amas de corps qui ne pensent qu'à copuler comme des animaux. C'est donc ça s'amuser ?
J'observe des gens s'activer sur la piste de danse. Mais tout ce que je vois, ce sont des poitrines trop belles pour être vraies, qui n'attendent que ce genre d'occasions pour être exposées à souhait dans des décolletés tout aussi plongeants les uns que les autres et des biceps trop taillés pour se faire passer pour anodins.
Ils arborent tous des sourires carnassiers et hautains. Ça me donne envie de gerber. Ils doivent sûrement se prendre pour les rois du monde, à beugler comme des lapins qui se font égorger.
Ils se bercent de l'illusion d'être des peintres alors qu'ils ne sont que des toiles. Ils croient chacun être des héros d'une sorte d'épopée personnelle mais la vérité est qu'ils ne sont pas préférables aux pions d'une partie d'échecs.
J'ai beau essayer de faire abstraction de toutes ces pensées négatives. J'ai beau essayer de me conformer aux règles qui régissent cette société de malheur. J'ai beau essayer de me fondre dans la masse, de m'extasier sur des choses aussi futiles que la robe dont Kim K. était vêtue au dernier met gala, ou encore de glousser comme une dinde à chaque fois qu'un individu du sexe opposé me ferait des compliments.
Seulement la vérité est que je n'y arrive pas. Je suis incapable de tirer une once de plaisir de toute cette mascarade. Je décèle en chacune de ces choses, une telle banalité et fadeur. Elles sont pour moi d'un ennui mortel.
Mais s'il y a bien une chose que je déteste encore plus, c'est ce complexe de supériorité qui me caractérise tant ; me faisant croire que je mène une existence meilleure, que je détiens l'ultime sésame de la vie alors qu'au fond, je ne vaux pas mieux que cette bande d'animaux.
Car à bien y réfléchir, qu'est-ce que je fais là ? Qu'il y a-t-il de bon dans ma vie ? A quoi rime-t-elle ? Qu'est ce qui me rend spéciale ?
Rien à l'évidence, toute ma vie me l'a bien prouvé. Je n'ai aucun talent, je ne me démarque dans aucun domaine, même les fonctions les plus basiques, telle que la communication, me filent entre les doigts. Et contrairement aux idées populaires basées sur le stéréotype de la fille asociale, je ne suis même pas intellectuellement assise.
Rien qui me permette de sortir du lot ne serait-ce qu'un tout petit peu, d'avoir droit à une petite part d'originalité. Rien bien sûr, à part cette supposée supériorité.
Plus tard, lorsque je serai épuisée de m'être triturée le cerveau de toutes les manières possibles et inimaginables, je rentrerai m'endormir les yeux si rouges et bouffis par les pleurs. Je ne le sais que trop bien, parce que ces crises existentielles, je les ai depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Je les ai même surnommées les « existentielles d'Abby » quand j'avais 13 ans, d'où l'originalité du nom.
Mes existentielles commencent toujours par un plan, une idée qui illumine mon réveil et me tient à cœur, puis par un échec cuisant, ce qui me conduit inévitablement à me demander comment j'ai pu être si naïve de croire que pour une fois, je serais heureuse. Viennent ensuite la résignation, l'auto dérision et le désespoir absolu.
J'aimerais tant ne pas me détester, ne plus m'en vouloir et me faire pitié. Ça prend souvent du temps aux héroïnes de roman de réaliser qu'elles sont leur première ennemie. Pour ma part, c'était assez évident dès le départ.
J'en ai marre de moi, je me fais pitié et je ne m'aime pas. Voilà pourquoi je finirai malheureuse, seule, aigrie, avec pleins de chats.
Si bien sûr, je ne mets pas un terme à ma vie avant ça.