Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais une extra-terrestre. C'est ainsi que maman me regardait ce jour-là a l'hôpital lorsque je criai à tue-tête : je veux être moche, cette beauté me gâche la vie. Maman pourquoi suis-je belle ? Pour elle j'avais tout simplement perdu la tête. J'étais devenue folle. Mais ce n'était pas le cas. J'étais effectivement victime de ma beauté.
Je suis l'ainée d'une famille de quatre enfants. En Afrique ou J'ai vu le jour, la venue d'un enfant est toujours une bénédiction ; la mienne en était une, d'autant plus que, selon les récits de ma maman, j'étais née après dix ans de mariage pendant lesquels elle avait longtemps imploré le ciel d'accorder un fruit à ses entrailles. À la naissance, j'étais d'une beauté peu commune, sans cheveu sur la tête, ce qui n'endiguait en rien l'expression de mon charme, le teint aussi clair que la neige au point où l'on me nomma Blanche Neige. J'étais choyée par ma mère. Mainte fois elle contemplait ma beauté la nuit, se demandant si j'étais vraiment sortie de ses entrailles. A côté de cette beauté peu commune, j'étais pourvue d'une intelligence remarquable. Dès mes premières années de vie, j'ai été initiée a la lecture par mes parents qui eux aussi étaient très instruits et avaient le désir par conséquent de transmettre cette fibre intellectuelle à leur progéniture. C'est ainsi donc que j'arpentais bandes dessinées, livres de contes, fables et tout ce qui éveillait ma curiosité d'enfant. Cette culture se répercutait sur mes productions écrites à l'école primaire qui suscitaient toujours l'admiration de mes enseignants. On me citait en exemple à suivre.
Je grandissais ainsi en beauté et en intelligence. Au lycée le scénario était semblable. Toujours parmi les meilleurs et ne passant jamais inaperçue grâce à ma couleur de peau. Je m'identifiai toujours à ces héroïnes de mes romans préférés de l'époque, la collection Harlequin, que je lisais en cachette pour que maman ne me surprenne pas. Dans ma tête, j'avais cette impression d'être extraordinaire, de ne pas faire partie du commun des mortels.
Quelques années plus tard, après l'obtention de mon baccalauréat avec mention, je fus admise dans l'une des écoles les plus prestigieuses de mon pays : l'Ecole Nationale de Gouvernance. J'étais tellement contente car l'accès a cette école était on ne peut plus difficile vu le prestige et la qualité de la formation qui y était faite. En effet l'étudiant sorti de cette école était destiné à entrer dans la caste des dirigeants du pays. Quelle n'était pas la fierté de mes parents! Ma maman était émue aux larmes, mon papa quant à lui, comme tous les pères africains ne pouvait laisser exploser son émotion car ce n'était pas une qualité d'un homme virile. Mais derrière cette carapace machiste imposée par la société, je savais qu'il était fier de moi. Un jour je surpris une de ses conversations avec ses compères ou il se vantait d'avoir la fille la plus belle et la plus intelligente au monde.
Oui jetais devenue prétentieuse, car en effet nul n'ignorait la beauté pittoresque de la ‘'blanche''. Mais à cause de cette différence, due à ma beauté, j'étais seule. Sans le savoir je repoussais les autres filles qui me jalousaient secrètement. J'entendais souvent des ragots insinuant que je me faisais entretenir par un de ces vieux riches qui raffolent des jeunes filles. On les appelle communément chez nous les ‘'Sugar daddy''. Et pour les hommes, j'étais très difficile à aborder car selon leurs dires, les filles à la peau claire couteraient très cher. Je m'étais toujours demandée ce qui n'allait pas avec moi et pourquoi je n'avais pas d'amies. Cela me chagrinait grandement mais maman était toujours là pour me rappeler que, pour réussir il fallait se démarquer.
Trois années passèrent et ce fut le moment de clore le chapitre de cette école. Avant cela, il fallut passer par des examens finaux et une soutenance. Comme d'accoutumée, je fus attribuée a un encadreur dont le rôle était de m'orienter dans la rédaction de mon mémoire. Je travaillai avec abnégation suivant ses directions a la lettre afin d'être la meilleure. Pendant nos échanges, je remarquai ses allusions intimes et son regard qui me scrutait du haut en bas mais j'essayai d'ignorer cet aspect quelque peu gênant. Mais ce que je craignais intérieurement finit par arriver. Un jour, pendant que je lui expliquais quelques difficultés que je rencontrais dans la rédaction de mon mémoire, il plongea son regard dans le mien et lorsqu'instinctivement je baissai la tête, il me dit ‘' N'aies pas peur, tu pourrais avoir tout ce que tu veux, le succès, la réussite si seulement si tu me donnes ce que je veux''. Ma bouche s'assécha tel le désert longtemps éprouvé par l'harmattan. Je n'étais pas stupide bien au contraire je savais a quoi il faisait allusion. Ma beauté avait conduit ce porteur de savoir à me regarder autrement que son étudiante. Je me dérobai feignant la naïve afin d'échapper a ce malaise qu'il avait installé. En effet j'avais peur. Je me retrouvai entre le marteau et l'enclume. Devrais-je céder? Ou non; je n'en savais rien. Il userait surement de sa position pour me faire du chantage. Il me sortit de ce monologue intérieur, en posant sa main sur ma cuisse. Là ce fut plus fort que moi. Je me levai brusquement et je m'enfuis de son bureau à pas de lièvre. Je n'avais qu'une seule idée en tête m'échapper. J'arrivai chez moi toute essoufflée. Je n'en revenais pas. Cet illustre monsieur tant apprécié par le corps enseignant de mon école n'était en fait qu'un pervers qui usait de sa position pour profiter des étudiantes. J'étais dépitée fatiguée, je m'endormis ce jour-là sans m'en rendre compte
Le lendemain, je sursautai de mon lit à 7h30. Il y avait un message sur mon téléphone qui disait ‘'Tu vas le regretter très cher'' mais je l'ignorai parce qu'il venait d'un numéro inconnu. Pour la première fois j'arriverais en retard à l'école. Après l'épisode quelque peu surréaliste de la veille, je m'étais refugiée un peu trop longtemps dans les bras de Morphée pour oublier. Cependant, le pire m'attendait.
J'arrivai à l'école et je balbutiai une excuse toute faite au gardien pour qu'il me laisse entrer. Ce qu'il fit. Au fur et à mesure que j'avançai, je fis le constat que mes camarades me regardaient d'une façon très bizarre. Ce n'était plus ce regard qui faisait l'apologie de ma beauté mais plutôt un œil méprisant, pour les uns, et moqueur pour les autres. Je n'y prêtai pas attention. Comme tous les matins je passai toujours au babillard avant de rejoindre ma salle de classe afin de m'enquérir des nouvelles de l'école. Quelque chose attira encore mon attention. En effet il y avait une foule peu ordinaire. Lorsque je m'approchai pour voir, je tombai nez à nez avec ma mort sur papier. Moi qui cherchais des nouvelles j'allais être servie. Dès lors je décidai de lire ce qui était écrit. Cela me fit l'effet d'un marteau semblable à celui de Thor sur la nuque. Comment ? Pourquoi ? Ce n'était pas vrai! Je tombais des nues. Il y était écrit : ‘'Il est porté à la connaissance mademoiselle Mballa Blanche Neige, étudiante en AGB2, qu'elle est dès la publication de ce communiqué, exclue définitivement de l'école pour cause de suggestion coupable envers son encadreur Mr Tsala Georges. En effet elle aurait proposé à ce dernier des faveurs sexuelles en échange de notes favorables. L'administration condamne fermement ce type d'acte. Tout étudiant(e) soupçonné de s'adonner à de telles pratiques subira tout simplement le même sort.''
En ce moment, ma vie s'écroula. J'aurais tout donné pour être moche, laide, invisible. Je hurlais que tout ceci n'était qu'un pur mensonge, un complot. Mais tout ce que je voyais dans les yeux de mes camarades c'était du mépris. Sans savoir quand ni comment je tombai dans un trou noir me réveillant ensuite à l'hôpital...
Mais je n'allais pas laisser passer cela.
Je suis l'ainée d'une famille de quatre enfants. En Afrique ou J'ai vu le jour, la venue d'un enfant est toujours une bénédiction ; la mienne en était une, d'autant plus que, selon les récits de ma maman, j'étais née après dix ans de mariage pendant lesquels elle avait longtemps imploré le ciel d'accorder un fruit à ses entrailles. À la naissance, j'étais d'une beauté peu commune, sans cheveu sur la tête, ce qui n'endiguait en rien l'expression de mon charme, le teint aussi clair que la neige au point où l'on me nomma Blanche Neige. J'étais choyée par ma mère. Mainte fois elle contemplait ma beauté la nuit, se demandant si j'étais vraiment sortie de ses entrailles. A côté de cette beauté peu commune, j'étais pourvue d'une intelligence remarquable. Dès mes premières années de vie, j'ai été initiée a la lecture par mes parents qui eux aussi étaient très instruits et avaient le désir par conséquent de transmettre cette fibre intellectuelle à leur progéniture. C'est ainsi donc que j'arpentais bandes dessinées, livres de contes, fables et tout ce qui éveillait ma curiosité d'enfant. Cette culture se répercutait sur mes productions écrites à l'école primaire qui suscitaient toujours l'admiration de mes enseignants. On me citait en exemple à suivre.
Je grandissais ainsi en beauté et en intelligence. Au lycée le scénario était semblable. Toujours parmi les meilleurs et ne passant jamais inaperçue grâce à ma couleur de peau. Je m'identifiai toujours à ces héroïnes de mes romans préférés de l'époque, la collection Harlequin, que je lisais en cachette pour que maman ne me surprenne pas. Dans ma tête, j'avais cette impression d'être extraordinaire, de ne pas faire partie du commun des mortels.
Quelques années plus tard, après l'obtention de mon baccalauréat avec mention, je fus admise dans l'une des écoles les plus prestigieuses de mon pays : l'Ecole Nationale de Gouvernance. J'étais tellement contente car l'accès a cette école était on ne peut plus difficile vu le prestige et la qualité de la formation qui y était faite. En effet l'étudiant sorti de cette école était destiné à entrer dans la caste des dirigeants du pays. Quelle n'était pas la fierté de mes parents! Ma maman était émue aux larmes, mon papa quant à lui, comme tous les pères africains ne pouvait laisser exploser son émotion car ce n'était pas une qualité d'un homme virile. Mais derrière cette carapace machiste imposée par la société, je savais qu'il était fier de moi. Un jour je surpris une de ses conversations avec ses compères ou il se vantait d'avoir la fille la plus belle et la plus intelligente au monde.
Oui jetais devenue prétentieuse, car en effet nul n'ignorait la beauté pittoresque de la ‘'blanche''. Mais à cause de cette différence, due à ma beauté, j'étais seule. Sans le savoir je repoussais les autres filles qui me jalousaient secrètement. J'entendais souvent des ragots insinuant que je me faisais entretenir par un de ces vieux riches qui raffolent des jeunes filles. On les appelle communément chez nous les ‘'Sugar daddy''. Et pour les hommes, j'étais très difficile à aborder car selon leurs dires, les filles à la peau claire couteraient très cher. Je m'étais toujours demandée ce qui n'allait pas avec moi et pourquoi je n'avais pas d'amies. Cela me chagrinait grandement mais maman était toujours là pour me rappeler que, pour réussir il fallait se démarquer.
Trois années passèrent et ce fut le moment de clore le chapitre de cette école. Avant cela, il fallut passer par des examens finaux et une soutenance. Comme d'accoutumée, je fus attribuée a un encadreur dont le rôle était de m'orienter dans la rédaction de mon mémoire. Je travaillai avec abnégation suivant ses directions a la lettre afin d'être la meilleure. Pendant nos échanges, je remarquai ses allusions intimes et son regard qui me scrutait du haut en bas mais j'essayai d'ignorer cet aspect quelque peu gênant. Mais ce que je craignais intérieurement finit par arriver. Un jour, pendant que je lui expliquais quelques difficultés que je rencontrais dans la rédaction de mon mémoire, il plongea son regard dans le mien et lorsqu'instinctivement je baissai la tête, il me dit ‘' N'aies pas peur, tu pourrais avoir tout ce que tu veux, le succès, la réussite si seulement si tu me donnes ce que je veux''. Ma bouche s'assécha tel le désert longtemps éprouvé par l'harmattan. Je n'étais pas stupide bien au contraire je savais a quoi il faisait allusion. Ma beauté avait conduit ce porteur de savoir à me regarder autrement que son étudiante. Je me dérobai feignant la naïve afin d'échapper a ce malaise qu'il avait installé. En effet j'avais peur. Je me retrouvai entre le marteau et l'enclume. Devrais-je céder? Ou non; je n'en savais rien. Il userait surement de sa position pour me faire du chantage. Il me sortit de ce monologue intérieur, en posant sa main sur ma cuisse. Là ce fut plus fort que moi. Je me levai brusquement et je m'enfuis de son bureau à pas de lièvre. Je n'avais qu'une seule idée en tête m'échapper. J'arrivai chez moi toute essoufflée. Je n'en revenais pas. Cet illustre monsieur tant apprécié par le corps enseignant de mon école n'était en fait qu'un pervers qui usait de sa position pour profiter des étudiantes. J'étais dépitée fatiguée, je m'endormis ce jour-là sans m'en rendre compte
Le lendemain, je sursautai de mon lit à 7h30. Il y avait un message sur mon téléphone qui disait ‘'Tu vas le regretter très cher'' mais je l'ignorai parce qu'il venait d'un numéro inconnu. Pour la première fois j'arriverais en retard à l'école. Après l'épisode quelque peu surréaliste de la veille, je m'étais refugiée un peu trop longtemps dans les bras de Morphée pour oublier. Cependant, le pire m'attendait.
J'arrivai à l'école et je balbutiai une excuse toute faite au gardien pour qu'il me laisse entrer. Ce qu'il fit. Au fur et à mesure que j'avançai, je fis le constat que mes camarades me regardaient d'une façon très bizarre. Ce n'était plus ce regard qui faisait l'apologie de ma beauté mais plutôt un œil méprisant, pour les uns, et moqueur pour les autres. Je n'y prêtai pas attention. Comme tous les matins je passai toujours au babillard avant de rejoindre ma salle de classe afin de m'enquérir des nouvelles de l'école. Quelque chose attira encore mon attention. En effet il y avait une foule peu ordinaire. Lorsque je m'approchai pour voir, je tombai nez à nez avec ma mort sur papier. Moi qui cherchais des nouvelles j'allais être servie. Dès lors je décidai de lire ce qui était écrit. Cela me fit l'effet d'un marteau semblable à celui de Thor sur la nuque. Comment ? Pourquoi ? Ce n'était pas vrai! Je tombais des nues. Il y était écrit : ‘'Il est porté à la connaissance mademoiselle Mballa Blanche Neige, étudiante en AGB2, qu'elle est dès la publication de ce communiqué, exclue définitivement de l'école pour cause de suggestion coupable envers son encadreur Mr Tsala Georges. En effet elle aurait proposé à ce dernier des faveurs sexuelles en échange de notes favorables. L'administration condamne fermement ce type d'acte. Tout étudiant(e) soupçonné de s'adonner à de telles pratiques subira tout simplement le même sort.''
En ce moment, ma vie s'écroula. J'aurais tout donné pour être moche, laide, invisible. Je hurlais que tout ceci n'était qu'un pur mensonge, un complot. Mais tout ce que je voyais dans les yeux de mes camarades c'était du mépris. Sans savoir quand ni comment je tombai dans un trou noir me réveillant ensuite à l'hôpital...
Mais je n'allais pas laisser passer cela.