Le Petit Fils De MABAMDANA

《 Moi je suis différent. Je l'ai toujours été depuis. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre》.  

Dès à fleur d'âge, l'ami que je traîne entre les jambes savait déjà gonfler ma petite culotte lorsque je vis coq et poule s'émoustiller dans une extrémité du poulallet. Ces spectacles me furent incroyablement impressionnants.Me demandais-je dès lors si je pouvais moi  aussi me livrer à un tel spectacle.

À cet âge de mon être, mes sommeils  furent ensoleillés de la présence de mes Père et Mère. Mais il faut avouer qu'au  couché, en image, le spectacle du poulallet  fut encore limpide dans les parois de ma mémoire  fraiche, et trotinait le trottoir de mes pensées en dissipant mon sommeil..

Au bout d'un quart-d'heure, un silence suspect gagnait la pièce, puis mes oreilles éveillées perçurent des mouvements inhabituels et quelques murmurements en provenance de leur lit.

Elle frédonnait, laissait échapper des petits gazouillements. Soudain, orientais-je mon regard du côté de là où  succèderent ces petits bruits par les espaces de mon berceau. Papa était sur ciel, et Maman sur terre, comme un biberon, Papa mordillait les tétons lactés de maman aussi mieux que je le faisais en periode d'allaitement. Il repassait le corps de ma Mère de façon aussi soigneuse. J'avais l'impression qu'une sensation de chaleur tropicale parcourait entièrement les fibres de leur corps.Ma Mère roucoulait comme si de  plaisir, comme si de douleur, mon Père grognait comme les gros porcs de la porcherie du Grand-père de Sibiti.

Franchement, c'était plus amusant que le spectacle du coq et de la poule. Je ne cessais de hocher la  tête comme un lézard pour mieux nourir mes yeux de cette scène très spectaculaire. Aussitôt, demandais-je à mon Père si je pouvais moi aussi 《 faire le Papa sur Maman comme lui, afin que je devienne un véritable Papa comme lui》. Au son de ma voix, mon Père sursauta, puis me recommandait immédiatement de fermer les yeux, car ce que j'aurais  vu pouvait  me rendre aveugle. Suite à cela, ma Mère chuchotait dans l'oreille de mon Père disant que :  《 Moi je suis différent. Je l'ai toujours été depuis. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre》.

Je rejoignis le sommeil, je  déduisis alors que si le coq pouvait faire le coq sur la poule, Papa faire le Papa sur maman, je pouvais moi aussi faire le Papa sur Berclaudie Nzahus la fille du voisin.

À la dernière heure de la matinée, la voisine avait l'esprit en feu, grondait comme un tonnerre au moment où nous surprit-elle entrain de faire le Papa et la Maman sous la table à manger. Elle ne cessait de nous tripatouiller les oreilles avec nervosité. Je la suppliais de nous laisser continuer parce que Papa et Maman font aussi le Papa et la Maman. A l'instant, elle interpella ma Mère lui disant que j'étais entrain d'initier sa fille aux pratiques malveillantes. Instantanément, contre moi, ma Mère était folle de colère, s'enflammait, brûlait de rage. Après un silence, en projetant son regard dans le mien. Pour elle, j'avais l'impression  que:  《moi je suis différent. Je l'ai toujours été depuis. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre》.

Après  une succession de trois (3) années, quelques jours après mes 8 ans, la terre avait tourné, le soleil s'était levé, le coq avait chanté, et en vacance me rendais-je  pour Sibiti ma terre natale. Juste avant d'y  arriver, j'apercevais un paysage broussalleux près de la rivière de Loumongo qui alimentait mes humeurs de nostalgie. Cela avait habillé mes pensées de beaux souvenirs, j'ai pensé aux tendresses de TSAMOUNA et de KOUMOU, et surtout à MABAMDANA, ce Grand sage qui avait marqué les premiers pas de mon enfance.

Au crépuscule, en courtisant les étoiles par mes yeux, je pensais à  MOUELLE et Philomène qui s'en allaient trouver repos au-delà de la vie. Brusquement, pour l'écoute des contes de sagesse, Ma Mère me conduisit chez Sékrégal, le Grand-père de Sibiti, reconnu comme le plus grand sage du village.

Après être arrivé dans sa Case faite de paille, je le vis assis sur le grabat, le corps enroulé de rafia. Il me prit affectueusement dans l'espace de ses bras 《 Petit fils de MABAMDANA, bienvenue sur la terre de nos ancêtres 》 me souhaitait-il.Pendant qu'il se mit à narrer le conte qui s'intitule NGOMA, ce jeune villageois qui avait arraché la vie d'un Bébé de  cinq (5) mois dans une marmite, je l'interrompis. 《 Aujourd'hui, c'est à moi de te raconter une histoire 》 Lui disais-je. Et ma Mère équarquilla les yeux. 《Volontiers je l'écouterai 》repondit-il.

Je pris la parole:

Moi: histoire!

Sékrégal : annonce!

Moi: Congo !

Sékrégal : Brazza!

《 dans le village de l'Univers, il y eut une époque où  Soleil et lune s'unirent par les liens du mariage, ils vécurent des siècles heureux, et engendrèrent les multitudes étoiles de l'univers. Quelques temps après ces siècles glorieux, le Soleil éprouvait une tendresse particulière à l'égard de Vénus, une beauté miraculeuse aux finesses miraculeuse de beauté. le Soleil ne pût résister aux éclats de ses attraits nucléaires, puis succomba aux bontés  et merveilles de son charme vermeil. Auprès d'elle, le soleil s'énivrait d'extase, son boeing pénétrait quotidiennement les nuages de Vénus en destination du vingt-et-unième siècle du plaisir et de la jouissance. Étrangement, la terre s'appropriait de toute information, vu qu'elle tourne  autour du soleil. Malheurusement, sa langue peu discrète alla en répandre aux oreilles de la Lune. Accablées par une nouvelle aussi bouleversante, Lune et étoiles se retirèrent du soleil, s'en allèrent trouver refuge dans les méandres de la nuit. Esseulé dans le jour, le Soleil se mit en route pour reconquérir sa généreuse famille, mais il  n'y parvint même après  une serie de tentatives de réconciliation en saison écliptique. C'est ainsi que le soleil courroucé, décida d'étouffer la terre de sa présence caniculaire 》.

À la fin de mon histoire, Sékrégal s'exclama, sur son visage, je paraissais extraordinaire. En plongeant mon regard dans les yeux de ma Mère, j'avais toujours l'impression que :  《 Moi je suis différent. Je l'ai toujours été depuis. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre》. Alors que je ne suis pas different, ni extraterrestre moins encore extraordinaire, je ne suis qu'un enfant qui avance sur son temps. A dire vrai, je n'ai pas que huit (8) ans dans ma tête.