Le Particulier

Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais un extraterrestre.
C'est l'histoire d'un jeune homme dénommé André pour qui sa mère représentait tout pour lui, ils étaient tout le temps en phase et aimaient bien discuter des sujets de la vie courante. Leur relation était d'une parfaite harmonie, caressée d'une symphonie de joie partagée sans précédente. Ils se comprenaient même parfois sans se parler, car même le regard les connectait. Il faisait toujours ce que sa mère lui demandait de faire à la lettre jusqu'au jour où il a ouvert les yeux , ainsi le voile fut déchiré. (Que l'histoire commence).
On passait tout le temps des moments de froideurs. Elle me reprochait le manque d'ouverture, car pour elle l'on ne saurait croître sans l'aide des autres. Chose que je réfutais à chaque instant car les fréquentations que j'avais eu jusqu'ici trouvaient leur importance dans les loisirs de tout acabit : les bars , les discothèques, snacks, glaciers et tripotes avec le sexe opposé. Fort de ce constat, je m'indignais de cette situation, toujours est-il que le corps est fait de chair d'où le fait que j'étais bel et bien attiré par cela et me laissais souvent pris au piège dans les cages de cette folie. Mais alors, je me questionnais si dans cette folie commune, raison pouvait luire encore ? (Continuons l'histoire)
L'année 1980, déjà en classe de première dans le lycée classique de Maroua dans le quartier Dougoï au Cameroun. En, effet c'est là le déclic qui me poussa à me révolter contre ma maman car j'en avais marre de vivre conduit par je ne sais qui dans une foule de personnes annihilées de volonté propre à elles. Et dont, je lui reprochais son laxisme légendaire saupoudré d'une léthargie sans précédent en raison du fait qu'elle n'avait jamais pris la peine de s'assurer que j'avais une bonne compagnie. Contrairement à mon père, elle ne manifestait pas une très grande importance à mes études, à mon desiderata, bref à ce à quoi j'aspirais. (Continuons l'histoire)
Bonsoir maman, si je t'écris ce message c'est pour te demander d'assumer complètement ton devoir. C'est vrai que tu pris pour moi. Mais cela ne suffit pas car la parole de Dieu dit que la foi sans les œuvres est une foi vaine. Raison pour laquelle j'ai besoin de ton soutien moral maman, tu es ma mère, et je me sens parfois abandonné par toi. Te souviens tu ?Tu as assisté au théâtre douloureux que j'ai fait après avoir appris ma mention au bac et cette déception, je la porte tel un lourd fardeau encore dans mon cœur. D'ici lors, qu'est ce que tu as fait pour que cette situation ne se répète plus dans l'avenir ? Comment est-ce que tu te comporte envers moi en tant que mère ? Veux-tu me revoir pleurer à nouveau ? Ne veut tu pas que je sois content dans ma vie ? Veux-tu que je vives dans l'amertume de mon passé tout le reste de ma vie ? Tu es ma mère et c'est à toi que Dieu a donné la lourde charge de m'encadrer. Et si tu ne le fais, qui le fera à ta place ? Maman à présent que mes émotions sont mises à rudes épreuves, j'ai besoin de ton soutien moral, non seulement par des prières mais aussi par des messages d'encouragement. Maman soit la mère qu'il faut quand il faut. Tu n'es pas là pour être spectatrice de ma vie. (Continuons l'histoire)
En envoyant ce message dans une lettre par l'entremise d'un tiers, j'étais inscrit à la faculté de droit de l'Université de Yaoundé. C'est par ces mots, sans savoir que c'étaient les derniers que je lui adressais, car en effet, l'eau a coulé sous les ponts. Et je suis mort, malheureusement je le suis, par manque d'affection véritable de la part de cette dernière qui avait toujours donné la primauté au regard externe. En effet, je souffrais d'un cancer qui me rongeait de l'intérieur et dont je faisais tout pour m'accrocher à la vie. ( Continuons l'histoire)
Je n'étais plus le même. Oui, je ne l'étais plus car face à l'incompréhension de mes proches à mon égard, je m'étais transformé. Oui ! Non ! Importe peu car dorénavant j'étais un loup. Ne me jugez pas. Comme toute personne vivant seule, je me de devais de tracer mon propre chemin et de ne plus vivre comme un mouton, car le loup n'a jamais été concerné par la vie de cet aliéné. À partir de ce moment, décision fut prise d'être le maître de mon destin et de m'en remettre qu'à moi. Je me battrai, oui ! Contre vents et marées, oui ! Dussé-je avoir majeure partie de mes proches contre moi je poursuivrai mon chemin, j'accomplirai le rêve. Tels étaient les propos que j'avais faits, seul, face au miroir à mon égo. (Continuons l'histoire)
Cette nécessité fit loi, pour désagréable qu'elle fût en ce sens que ma conscience devait suffire à me préserver des embûches. Car malgré l'hostilité de ma mère et de mes tantes je me devais de persévérer dans ma voie et je m'étais persuadé que seul je pouvais réussir. Étant convaincu que le caractère idiosyncratique de la personnalité de chacun est ce qu'il faut préserver à tout prix afin de parfaire son authenticité et réaliser son rêve. ( Continuons...)
Mon rêve à moi était d'être le meilleur avocat que la Terre ait connu. Et je gardais ce rêve au plus profond de mon tourment. Chaque matin au réveil après avoir faite ma petite prière, je me disais : les idées meilleures ne triomphent qu'au prix de l'intrigue. Et par la suite j'effectuais mes tâches domestiques suivi de mon petit déjeuner avant de regagner la faculté de droit. ( Quelques années passèrent...)
À cette époque de mon existence j'étais en classe de licence 3, mais dans ma tête j'étais en thèse car je me comparais déjà aux plus grands. J'avais une si forte estime de moi que chaque fois que j'ouvrais mes cahiers, je poignardais la tyrannie. Elle qui était revêtue d'or et de diamant et concentrait la majeure partie du pouvoir. Elle s'appelait l'Élite, classe dominante mais minoritaire. (suivez mon regard)
Le temps passa et je fus accepté dans un grand cabinet d'avocats de la capitale économique car c'est là qu'il y avait le plus d'oseille à se faire. Et je décida de rentrer voir mes parents pour leur annoncer la nouvelle. À mon arrivée, ma mère me regarda et dit :
- Les relations représentent un levier de vie mais aussi, elles peuvent s'appréhender comme le frein de notre progrès. En t'observant tu m'as rappelé le proverbe « un oiseau sur un arbre n'a jamais peur que la branche casse parce que sa confiance ne réside pas dans la solidité de la branche mais bien au contraire dans sa faculté à déployer ses ailes si jamais il arrivait à la branche de se briser ».
Je fixa ma mère du regard et je dis en sanglotant :
- Merci de m'avoir compris car je ne dormirai jamais sur une natte qui ne m'appartient pas.
- Tu m'as manqué Webber, viens donc dans mes bras.
Je lui fis un petit sourire et à cet instant précis, j'essuyais mes yeux et je dis tout en la serrant dans mes bras:
- Aussi bien que veulent les autres, il n'y a que toi pour manquer à mon bonheur.
Et à elle d'en rajouter
- Nous ne sommes pas faits pour nous ressembler mais pour nous assembler
...