Le lac aux supers pouvoirs.

Moi, je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais un extraterrestre. Et cela ne m'importait pas beaucoup. Je fus quelqu'un de peu bavard et n'avais pratiquement pas d'amis. Les seuls amis que j'avais eu, étaient mes livres. Quand je ne fus pas enfermé dans ma chambre, je fouinai comme un rat dans tous les tiroirs du bureau de mon père à chercher un nouveau livre, soit sur l'astronomie ou sur la physique quantique. Malgré les multiples interdictions de ma mère qui ne voulut pas que je fouillai dans les affaires de mon père. Mais, cela ne m'a pas empêché, car, j'étais un passionné d'histoires qui sont fascinantes, hors du commun, quelque chose qui active et émerveille mon imagination. Je ne tenais pas en haute estime les extraterrestres jusqu'au jour où je vis leur existence dans un lac, j'avais à cette époque 7 ans. C'était un soir du 11 avril 1997, je me sentis las et ennuyeux dans ma chambre, la lecture n'arrivait pas à calmer mes nerfs. C'est alors que me vint à l'esprit l'idée de partir, je fus conscient que les escapades nocturnes n'étaient pas très prudentes surtout, à mon âge, ça se parait très dangereux. Mais, c'était plus fort que moi, je voulus à tout prix libérer mon esprit en humant le parfum des arbres et des fleurs.
Il était déjà minuit, quand je décidai de laisser ma chambre. Il faisait un noir obscur dehors quand j'ouvris l'une des persiennes du salon. A cette heure si tard de la nuit, ma famille était sans doute plongée dans un sommeil profond. Sans perdre une minute, je descendis les escaliers, et traversai la salle à manger discrètement. J'ouvris la porte de derrière et je longeai la route 34 du village Bohio. Je n'ai rencontré personne durant mon chemin, j'aperçus que des chatons et des chauves-souris qui déchiraient la nuit avec leurs cris. Je marchai très lentement, pendant un moment j'avais eu peur, car je ne savais pas où j'allai. Le vent caressa mes cheveux, je me sentis extasié. Mon esprit désirait tellement la douceur et la tranquillité d'une nuit légère. Au fond de moi j'avouai que, la solitude, loin des yeux de vos proches et de l'habitat traditionnel procurait une certaine sérénité.
Au cours de la route, je me plongeai dans une si profonde réflexion, je pensais à tout : au sens de la vie, de la mort, du bien et du mal et aussi à l'état de mon village. J'aimais cette localité d'un amour inconditionnel, en dépit de son administration qui n'était que ruine et désastre. Je fus stupéfait de voir comment on se résignait à s'accommoder avec toutes sortes de situations, les unes plus alarmantes que les autres. On ne se soucia de rien, pas même à l'avenir des enfants pulvérisés par la misère et la pauvreté. L'éducation n'était plus le premier élément dans le programme des gouvernants. On se contentait de diriger sans une volonté d'un changement réel. Si j'avais eu le pouvoir à cette époque-là, je donnerais tout ce qu'il y a de meilleur en moi pour restructurer tous les compartiments de mon village. Mais la vie ne nous donne pas toujours la possibilité de revenir en arrière et, pour tout changer.
Soudain, un bruit venant d'un autre côté de la route me tira de mes pensées. C'était des voix qui se mélangèrent les unes aux autres et produisirent une harmonie qui m'était inconnue. Tout doucement, j'avançai à pas feutrés de l'endroit où je perçus le bruit jusqu'à pénétrer dans une forêt. Celle-ci fut de part et d'autre éclairée par la lune. A l'intérieur, j'ai pu voir un lac qui était à 5 mètres de moi. Des créatures semblables aux extraterrestres virevoltant autour de lui et parlant une langue qui n'était pas de ma connaissance. Je me tins derrière un arbre pour bien observer. Le lac reflétait milles et une couleurs, ses rives étaient parsemées des fleurs d'or et d'argent. Son milieu avait l'aspect d'une ville étendue et lumineuse qui projetait à intervalles réguliers les formes extérieures d'un souverain. Je fus abasourdie devant un tel enchantement. L'idée que j'avais eu des extraterrestres était erronée selon ce que ma mère m'eut raconté au sujet d'eux. Elle disait qu'ils ont un corps maigre et raidi, des yeux gros comme une pierre, et ont un visage d'une laideur insupportable. Ce que je vis en ce jour-là ont remis en question les suppositions de ma chère mère. Je fus resté planter derrière l'arbre pendant environ un quart d'heure mais, quelque chose en moi voulut savoir ce que ce lac et ses habitants pouvaient m'apprendre de nouveau. Je m'apprêtai à avancer de plus près quand j'ai senti une main me retenir par l'épaule. J'ai failli perdre connaissance en me retournant. Je ne pouvais pas voir son visage, tout son corps transmettait une lumière fluorescente, il avait les attraits physiques d'un ange venu de la galaxie mais, il ne l'était pas au contraire, sa ressemblance contrastait implicitement avec les humains. Je ne m'attendais pas à une conversation entre moi et lui et, encore moins dans ma propre langue quand je l'ai entendu m'adresser.
Hé mon enfant me dit-il, que fais-tu là ? que cherches-tu à cette heure ? (Sa voix se résonnait comme un écho)
Rien, je suis venu prendre l'air pour rendre mon esprit beaucoup plus léger.
A cette heure tu choisis de te promener loin de ta maison et de plus, dans un territoire interdit ?
Je me sentais ennuyeux et j'ai décidé de partir. Pourquoi la forêt est un endroit interdit ?
Tu es trop petit pour le savoir.
Les adultes cachent toujours des explications, ce n'est pas juste tout ça. Dis-moi pourquoi je t'en prie.
Et bien c'est comme ça. Surtout s'ils ne connaissent pas la réponse du sujet en question.
Écoute petit, tu me demande de dévoiler un secret de plusieurs millénaires si je te le dis, tu dois à jamais te taire. Si par moment tu aurais l'intention de dire notre secret tu serais immédiatement transporté sur une autre planète. Compris ?
Oui je saisis, je ne dirais rien (au-dedans de moi mon cœur battait à tout rompre).
Je suis Oran, le souverain de cet endroit. Le lac que tu as vu de loin s'appelle Nila ce qui signifie dans notre langue : super pouvoir. Son existence remonte à plus d'un million d'années. Il a servi de refuge pour moi et mes semblables quand les saisons de sécheresses frappaient la planète mars. Il nous rend immortel et permet de rentrer dans l'esprit des humains quand nous voulions nous sentir comme eux.
Attends Sire, tu as dit que ce lac te donne le pouvoir de rentrer dans l'esprit des humains ?
Oui, c'est exactement ça. C'est l'un de ses plus beaux pouvoirs.
Je désirais avoir ce pouvoir Sire.
Finalement toi, tu décides de déroger à tous nos règles. Ces pouvoirs se réservent strictement aux extraterrestres. Les humains ont tendance à utiliser abusivement les pouvoirs surnaturels. Si le lac te donne ce pouvoir, tu ne le verrais plus.
Ce compromis est difficile Sire, mais j'accepte. J'en ai grandement besoin pour le bien de mon village. Cela aidera à changer son visage à la face du monde.
Ok petit ce sera fait, j'apprécie cet instinct de progressiste. Voici un colifichet, là-dedans il y a une prière tu le réciterais le matin avant l'aurore et au milieu de la nuit. Aller, viens au-devant du lac, mes sujets doivent voir cette transmission.
J'avançai moi, et Oran auprès du lac, à la vue de notre approche, les autres extraterrestres se rassemblaient et formaient un cercle autour de nous, le lac se tournoyait violemment. Le souverain me donna l'ordre de m'agenouiller, ce que je fis. Tout à coup un tourbillon de poussière transporta tout autour de moi. Je tombai et perdis connaissance pendant environ une heure. A mon réveil tout a disparu, je me relevai et ramassai le colifichet qui gisait par terre. L'endroit était vide, je refis mon chemin seul et triste mais, je me sentis soulagé à l'idée que je possédai le pouvoir de rentrer dans l'esprit du Président, du premier ministre et les secrétaires d'État de mon village pour leur insuffler la volonté du changement.