Comme tu dors, comme tu dors,
Le cheval a henni
La plaine l’a entendu,
La plaine s’en est étonnée.
Pourquoi hennis-tu si matin, bon cheval ?
Le maïs s’est penché vers la terre,
La plaine, sa mère, l’a senti,
La plaine s’en est effrayée.
Pourquoi te penches-tu sans que le vent souffle.
Maïs, mon enfant fier ?
Dans le village, en traversant la forêt avec les oiseaux,
Dans la maison, en traversant la cour avec les bœufs,
Dans la chambre, en franchissant le seuil de pierre,
Ce que tu verras, ne le dis pas,
Ce que tu verras, mieux vaudrait ne pas le voir,
Car tu souhaiterais d’être la pierre du seuil
Pour ne point voir cela.
Comme tu dors, comme tu dors.
Le ciel t’enviait à la terre,
La terre n’a pas voulu inspirer de l’envie au ciel,
Et parce que le ciel lui donne les joies du soleil.
Et les douceurs des étoiles,
Et les floraisons des pluies,
Elle t’a donné au ciel pour le remercier de tout cela.
Va-t’en au ciel, de la part de la terre.
Comme ce qu’elle avait de meilleur ;
Va, avec toute la douleur humaine sur toi,
Va, avec toutes ses larmes,
Mais qu’il n’attende plus rien de nous.
Le ciel qui t’a demandé.
Demain la patrie aura ses jours mauvais
Et tu n’y seras point ;
Demain ta fiancée voudra mettre un voile sur sa tête,
Et tu n’y seras pas ;
Demain est pour toi comme un nid renversé.
Comme tu dors, comme tu dors.
Où est ton souffle ?
Et le vent garde son haleine.
Où est ton regard ?
Et nos yeux viennent regarder encore.
Tu as jeté la bêche et tu t’es couché pour mourir.
Comme tu dors, comme tu dors,
Le cheval a henni,
La plaine s’en est étonnée.
Pourquoi hennis-tu si matin, bon cheval ?
Le maïs s’est penché vers la terre,
La plaine, sa mère, l’a senti,
La plaine s’en est effrayée.
Pourquoi te penches-tu sans que le vent souffle,
Maïs, mon enfant fier ?