Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Je pense et je crois que toi aussi, qu'elle a toujours vu en moi une gengraine, une infection que lui a laissé mon salaud de père, pour reprendre ses mots. Un jour et tu étais là toi aussi, n'a-t'elle pas dit à son amie Josiane: " celle-là elle ne servira jamais à rien".
-Tu es folle!!
M'a t-elle dite après que la Sò Eliana lui ait rapporter les raggots qui circulaient sur mon compte dans la cité. Et elle poursuivait:
-Tu n'auras jamais une chance pareille, tu t'imagines...
Peut-être dans un élan illusoire, je croyais qu'elle allait être fière de moi sur ce coup là. Vue ce qui était arrivé à la fille d'Ismé, la marchande de labapen . Tu te souviens non?..Tout le monde s'en souviendra toujours du corps de cette superbe noire, au sein gonflé et au cops bien galbé qui gisait là dans le carrefour sur une pile d'immondices. Mais n'y revenons pas, viens que te raconte plutôt les détails de ce qui a, encore une fois, tellement déçue maman de moi.
J'étais en train d'emprunter la rue des anges, quand Malory, la fille de Grimelle vient m'appeler, pour me dire que mon oncle Lucien demandait expressément après moi. Elle disait qu'il m'attendait derrière la tonelle du vieux Dieufort, là ou il vendait son clairin trempé. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Malory était si extasiée. Elle me trainait par la main dans la rue des anges.
-Où m'emmènes-tu fi, lui dis-je enfin. Tu cours trop!!
Mais elle ne semblait pas m'entendre, trop euphorique pour prêter attention à mes paroles. Elle m'entrainait après elle, quand en un instant je fus derrière la case du vieux Dieufort, dans le long corridor Des Illusions. Et devines qui j'ai vu là. Certainement pas oncle Lucien, tu dois t'en douter, sinon pourquoi celle-ci aurait pris tout ce plaisir à me trainer là. En face de moi figures-toi qu'il y avait Ti Serein, il était assis là sur une pile de roches entouré de ses hommes. Non non, je t'en prie ne tempêtes pas encore, attends la suite.
À peine m'avait-il vu, qu'il s'était mis debout, en me montrant toutes ses grandes dents. Tu dois bien t'imaginer que j'ai eu très peur. Mais prenant sur moi, je criai à celle-ci en lui hôtant mon poignet des mains:
-Je ne comprends pas, qu'est-ce-que je fais ici?
Celà sonnait plus comme une brutale stupeur, plus qu'une interrogation. J'étais effrayée à dire vrai, mais si je le laissais voir celà risquait de m'être fatale.
-Mais calmes-toi, il ne te veut pas de mal.
-Je ne veux rien savoir de tout ton baratin, tu m'as entrainé ici en prétextant que c'était l'oncle Lucien qui me demandait, tu n'es qu'une menteuse et...
Je perdais ma voix à force de crier. Bien sur que j'aurais du courir et si j'eusse eu l'occasion je n'y aurais pas réfléchi à deux fois. Il prononça d'une voix qu'il se voulait tonifiante, mais qui avait plus un aspect criarde;
-Laissez-moi seul avec elle.
Tous s'en allèrent, l'un derrière l'autre. J'étais pétrifiée, il fallait l'avouer, mais cherchais tout de même des yeux une pierre qui me paraîtrait assez ferme pour lui assoner au moins un bon coup. Il oserait peut-être me toucher, mais il ne pourrait assouvir sa faim que sur ma carcasse.
-Ne t'inquiètes pas, je ne te veux pas de mal.
-Mais que me veux tu?; lui lançai-je toujours sur la défensive. Je ne me mêle pas des affaires des gens ici.
-Calmes-toi, je veux juste te dire quelque chose de très important.
-Quoi..?; dis je avec encore plus d'agressivité.
Il ferma les yeux prit une profonde inspiration et lacha, d'une voix sure mais douce, tout en les rouvrant:
-Je t'aime et je voudrais que tu sois à moi.
-Ohoh, mais tu es fou!
À peine lui avais-je dis ces mots que son visage se ferma et des plis se formèrent près de ses yeux, il dit un peu durement:
-Tu sais, je suis une personne comme les autres
-Je ne dis pas le contraire.
-Oui mais tu le penses.
Tu dois bien te douter que je n'ai pas répondu à ça, en effet je le pensais et peut-être je le crois toujours. Et combien d'entre nous en pensons autant?
-Mais je ne t'en veux pas, tu n'es pas la seule.
-Tu n'avais pas besoin de me faire venir jusqu'ici et me causer toute cette frayeur, rien que pour me dire celà.
-Je sais bien que tu n'aurais pas accepter de me parler, je n'aurais pas oser t'adresser dans la rue non plus, tu es toujours si sérieuse et si pressée. Pourtant, j'adore ton empressement et la façom saccadée dont tes hanches se balancent, comme si elles tangaient sur un mayi.4 dont les vibrations sonores du tambour kata.5 ne leurs étaient perceptibles qu'à elles.
-OhOh bon!
-Oui. Et moi, j'essaye de suivre leur rythme effrainé, je m'y perds. Je n'oserai jamsais y mettre fin. Et même lors où tu disparais de ma vue, je l'ai à l'esprit qui m'obsède, me poursuit mêne dans mon sommeil. Je sais que tu es une fille sérieuse, qui aimes les études et le travail.
-Ahh eben c'est bien. Comme ça tu as déjà ta réponse.
-Tu me fais sourire à la façon dont tu retrousses ta petite bouche, qui parait aussi juteuse qu'une belle caïmite violette.
Il s'était approché doucement et disait en respirant de manière brusque, comme s'il manquait d'air, se collant tellement à moi que j'entendais perceptiblement les battements de son coeur, qui se faisaient toujours plus fort, toujours plus rapide:
-Je voudrais tant pouvoir y plonger les miennes et goûter à leur douce saveur. Je pourrais faire de toi une reine, la reine de mon royaume.
Et dans un souffle brusque, il cria presque;
-Tu m'obsèdes Rose, je t'aime Rose, je te veux; tout en cherchant avidement mes lèvres, mais le courage revenu je commençais à me débattre en hurlant:
-Non.
Il me lacha, tout simplement et j'en suis tombée sur le sol.
-Tu penses que tu pourras être avec quelqu'un d'autre ici, jamais?
-Laisses-moi tranquille; fis je dans un sanglot tout en relevant doucement mon corps endolori par la violence de son étreinte.
-C'est donc ton dernier mot?
-Oui..
Il fit un pas en avant, une sueur froide coula le long de mon dos à cet instant. Mais il serra les poings et les dents. Ces yeux devenaient d'une extrême dureté, quelques minutes s'écoulèrent. Soudain l'expression de son visage si ferme et décidée avant devenait lasse. Il dit doucement et tout bas en me montrant son arme:
-Vas t-en!
Déjà je filais à toute vitesse entre Malory et ses sbires, qui s'écartèrent un peu étonnés pour me laisser passer, certains chuchotaient entre eux. Cet ainsi que dans toute la cité Du Chemin Éternel, l'on entendit parler que d'une chose: Rose-Odette, la fille d'Anna qui a repoussé le chef. Maman m'a demander de quitter la maison, elle n'a même pas penser à toi Ma',même pas à toi!
Ma'Odette, grand-ma chérie, leurs balles assassines ne t'ont-elles pas ravi à ma vie. Je voudrais tant retouner à Jacmel, mais pas sans toi. Je sais bien que tu n'avais jamais réellement aimée cette ville, tu disais toujours: " c'est la vie dure qui m'a emmener là, mais ici ce n'est pas mieux que chez moi". Et si maman eut accorder un peu d'importance à son devoir de fille, elle ne t'aurait pas mise à reposer ici, dans l'insalubrité du cimetière de Port-au-prince, sous ce tas de béton froid, toi qui étais toujours si pleine de vie c'est dans les entrailles de la terre elle-même que tu aurais du reposer. Maintenant , je vis chez une grande-dame à Lafleur du Chêne, je lui fais son ménage, son linge et la cuisine, en échange elle me laisse dormir. Ohh bien sur que je continue d'aller à l'école, j'y vais l'après midi. Oui c'est vrai je dors peu et pleurs souvent, mais ne t'inquiètes pas ça ira mieux. Nous sommes femmes des mornes et la misère, tout comme la douleur, nous les cheveauchons depuis bien longtemps déjà. Je dois y aller Ma', j'ai à faire.
Oh non Ma', ce n'est pas un adieu, mais un aurevoir. Demain, je reviendrai et il y aura une autre histoire...
-Tu es folle!!
M'a t-elle dite après que la Sò Eliana lui ait rapporter les raggots qui circulaient sur mon compte dans la cité. Et elle poursuivait:
-Tu n'auras jamais une chance pareille, tu t'imagines...
Peut-être dans un élan illusoire, je croyais qu'elle allait être fière de moi sur ce coup là. Vue ce qui était arrivé à la fille d'Ismé, la marchande de labapen . Tu te souviens non?..Tout le monde s'en souviendra toujours du corps de cette superbe noire, au sein gonflé et au cops bien galbé qui gisait là dans le carrefour sur une pile d'immondices. Mais n'y revenons pas, viens que te raconte plutôt les détails de ce qui a, encore une fois, tellement déçue maman de moi.
J'étais en train d'emprunter la rue des anges, quand Malory, la fille de Grimelle vient m'appeler, pour me dire que mon oncle Lucien demandait expressément après moi. Elle disait qu'il m'attendait derrière la tonelle du vieux Dieufort, là ou il vendait son clairin trempé. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Malory était si extasiée. Elle me trainait par la main dans la rue des anges.
-Où m'emmènes-tu fi, lui dis-je enfin. Tu cours trop!!
Mais elle ne semblait pas m'entendre, trop euphorique pour prêter attention à mes paroles. Elle m'entrainait après elle, quand en un instant je fus derrière la case du vieux Dieufort, dans le long corridor Des Illusions. Et devines qui j'ai vu là. Certainement pas oncle Lucien, tu dois t'en douter, sinon pourquoi celle-ci aurait pris tout ce plaisir à me trainer là. En face de moi figures-toi qu'il y avait Ti Serein, il était assis là sur une pile de roches entouré de ses hommes. Non non, je t'en prie ne tempêtes pas encore, attends la suite.
À peine m'avait-il vu, qu'il s'était mis debout, en me montrant toutes ses grandes dents. Tu dois bien t'imaginer que j'ai eu très peur. Mais prenant sur moi, je criai à celle-ci en lui hôtant mon poignet des mains:
-Je ne comprends pas, qu'est-ce-que je fais ici?
Celà sonnait plus comme une brutale stupeur, plus qu'une interrogation. J'étais effrayée à dire vrai, mais si je le laissais voir celà risquait de m'être fatale.
-Mais calmes-toi, il ne te veut pas de mal.
-Je ne veux rien savoir de tout ton baratin, tu m'as entrainé ici en prétextant que c'était l'oncle Lucien qui me demandait, tu n'es qu'une menteuse et...
Je perdais ma voix à force de crier. Bien sur que j'aurais du courir et si j'eusse eu l'occasion je n'y aurais pas réfléchi à deux fois. Il prononça d'une voix qu'il se voulait tonifiante, mais qui avait plus un aspect criarde;
-Laissez-moi seul avec elle.
Tous s'en allèrent, l'un derrière l'autre. J'étais pétrifiée, il fallait l'avouer, mais cherchais tout de même des yeux une pierre qui me paraîtrait assez ferme pour lui assoner au moins un bon coup. Il oserait peut-être me toucher, mais il ne pourrait assouvir sa faim que sur ma carcasse.
-Ne t'inquiètes pas, je ne te veux pas de mal.
-Mais que me veux tu?; lui lançai-je toujours sur la défensive. Je ne me mêle pas des affaires des gens ici.
-Calmes-toi, je veux juste te dire quelque chose de très important.
-Quoi..?; dis je avec encore plus d'agressivité.
Il ferma les yeux prit une profonde inspiration et lacha, d'une voix sure mais douce, tout en les rouvrant:
-Je t'aime et je voudrais que tu sois à moi.
-Ohoh, mais tu es fou!
À peine lui avais-je dis ces mots que son visage se ferma et des plis se formèrent près de ses yeux, il dit un peu durement:
-Tu sais, je suis une personne comme les autres
-Je ne dis pas le contraire.
-Oui mais tu le penses.
Tu dois bien te douter que je n'ai pas répondu à ça, en effet je le pensais et peut-être je le crois toujours. Et combien d'entre nous en pensons autant?
-Mais je ne t'en veux pas, tu n'es pas la seule.
-Tu n'avais pas besoin de me faire venir jusqu'ici et me causer toute cette frayeur, rien que pour me dire celà.
-Je sais bien que tu n'aurais pas accepter de me parler, je n'aurais pas oser t'adresser dans la rue non plus, tu es toujours si sérieuse et si pressée. Pourtant, j'adore ton empressement et la façom saccadée dont tes hanches se balancent, comme si elles tangaient sur un mayi.4 dont les vibrations sonores du tambour kata.5 ne leurs étaient perceptibles qu'à elles.
-OhOh bon!
-Oui. Et moi, j'essaye de suivre leur rythme effrainé, je m'y perds. Je n'oserai jamsais y mettre fin. Et même lors où tu disparais de ma vue, je l'ai à l'esprit qui m'obsède, me poursuit mêne dans mon sommeil. Je sais que tu es une fille sérieuse, qui aimes les études et le travail.
-Ahh eben c'est bien. Comme ça tu as déjà ta réponse.
-Tu me fais sourire à la façon dont tu retrousses ta petite bouche, qui parait aussi juteuse qu'une belle caïmite violette.
Il s'était approché doucement et disait en respirant de manière brusque, comme s'il manquait d'air, se collant tellement à moi que j'entendais perceptiblement les battements de son coeur, qui se faisaient toujours plus fort, toujours plus rapide:
-Je voudrais tant pouvoir y plonger les miennes et goûter à leur douce saveur. Je pourrais faire de toi une reine, la reine de mon royaume.
Et dans un souffle brusque, il cria presque;
-Tu m'obsèdes Rose, je t'aime Rose, je te veux; tout en cherchant avidement mes lèvres, mais le courage revenu je commençais à me débattre en hurlant:
-Non.
Il me lacha, tout simplement et j'en suis tombée sur le sol.
-Tu penses que tu pourras être avec quelqu'un d'autre ici, jamais?
-Laisses-moi tranquille; fis je dans un sanglot tout en relevant doucement mon corps endolori par la violence de son étreinte.
-C'est donc ton dernier mot?
-Oui..
Il fit un pas en avant, une sueur froide coula le long de mon dos à cet instant. Mais il serra les poings et les dents. Ces yeux devenaient d'une extrême dureté, quelques minutes s'écoulèrent. Soudain l'expression de son visage si ferme et décidée avant devenait lasse. Il dit doucement et tout bas en me montrant son arme:
-Vas t-en!
Déjà je filais à toute vitesse entre Malory et ses sbires, qui s'écartèrent un peu étonnés pour me laisser passer, certains chuchotaient entre eux. Cet ainsi que dans toute la cité Du Chemin Éternel, l'on entendit parler que d'une chose: Rose-Odette, la fille d'Anna qui a repoussé le chef. Maman m'a demander de quitter la maison, elle n'a même pas penser à toi Ma',même pas à toi!
Ma'Odette, grand-ma chérie, leurs balles assassines ne t'ont-elles pas ravi à ma vie. Je voudrais tant retouner à Jacmel, mais pas sans toi. Je sais bien que tu n'avais jamais réellement aimée cette ville, tu disais toujours: " c'est la vie dure qui m'a emmener là, mais ici ce n'est pas mieux que chez moi". Et si maman eut accorder un peu d'importance à son devoir de fille, elle ne t'aurait pas mise à reposer ici, dans l'insalubrité du cimetière de Port-au-prince, sous ce tas de béton froid, toi qui étais toujours si pleine de vie c'est dans les entrailles de la terre elle-même que tu aurais du reposer. Maintenant , je vis chez une grande-dame à Lafleur du Chêne, je lui fais son ménage, son linge et la cuisine, en échange elle me laisse dormir. Ohh bien sur que je continue d'aller à l'école, j'y vais l'après midi. Oui c'est vrai je dors peu et pleurs souvent, mais ne t'inquiètes pas ça ira mieux. Nous sommes femmes des mornes et la misère, tout comme la douleur, nous les cheveauchons depuis bien longtemps déjà. Je dois y aller Ma', j'ai à faire.
Oh non Ma', ce n'est pas un adieu, mais un aurevoir. Demain, je reviendrai et il y aura une autre histoire...