Le chat courait après la souris, le hibou hululait, le soleil laissait sa place à la lune : il était vingt heures et Serge commençait à s'impatienter sous la pluie.
Quand soudain, il entendit du bruit derrière lui et se retourna. Il aperçut un homme et le reconnut quand il passa sous un lampadaire :
« Ah, c'est toi, Bruno ! Bon, on va la cambrioler cette banque ?
-Oui, j'arrive... »
L'homme qui venait d'arriver n'était ni beau ni moche, ni propre ni sale, contrairement à Serge qui, lui n'était pas très beau et très sale, avec sa barbe de trois jours.
Ces deux lascars s'étaient rencontrés en prison, ils étaient dans la même cellule. Serge s'était fait arrêter pour vol à main armée ; Bruno, quant à lui, s'était fait arrêter pour vente de drogue. Ils s'étaient jurés, qu'une fois sortis de prison, ils vivraient une vie juste. Malheureusement, une fois libérés, personne ne voulut d'eux, à cause de leur casier judiciaire, à part pour des petits boulots (caissier, livreur, agent d'entretien...), pas assez payés pour qu'ils se payent leur nouvelle vie. Ils avaient donc organisé un dernier braquage : le « dernier casse ». Leur plan était simple : Bruno avait réussi à se faire engager dans une banque en tant qu'agent d'entretien; une fois par semaine, il allait nettoyer le coffre sous la surveillance d'un garde. Il devrait le distraire, une fois qu'il lui aurait ouvert le coffre pendant que Serge s'infiltrerait par le toit du bâtiment et prendrait le plus d'argent possible du coffre, ils s'enfuiraient après en avion pour se rendre sur une île paradisiaque, loin de la police, à l'abri de tous les dangers.
Bruno rentra dans la banque et salua le garde :
« Salut, mon vieux, alors, comment vas-tu depuis la semaine dernière ?
-Tais-toi, si cela ne tenait qu'à moi, on ne se verrait pas du tout. »
Le garde s'appelait Philippe, il était grand, beau et fort. Il accompagna Bruno jusqu'au coffre, lui ouvrit et se posta à l'entrée.
Après quelques minutes, Bruno dit à son garde qu'il avait besoin d'aller aux toilettes, cela faisait parti de son plan. Philippe, qui ne se doutait de rien l'emmena aux toilettes et se posta à l'entrée. Une fois aux toilettes, Bruno s'enferma et envoya le signal à Serge.
Serge était en train de compter les étoiles du ciel, il en était à mille-deux-cent-vingt, quand il reçut « le colis est en route » de la part de son compère sur son téléphone, c'était le signal !
Ni une ni deux, il se leva, prit son sac et sa corde, fit un trou dans la paroi de verre de la banque, accrocha sa corde et se mit à descendre. Dès qu'il eut touché le sol, il se dirigea vers le coffre, il connaissait son emplacement grâce à un plan que lui avait donné Bruno. En le voyant, il fut époustouflé par la beauté de ce lieu, avec ces riches ornements. Il ne put malheureusement pas y admirer bien longtemps, car il était pressé ! Il enleva son sac de son dos et le remplit avec autant d'argent que possible, une fois cela fait, il remonta sur le toit, rangea la corde et envoya le second signal à Bruno.
« Bon tu as bientôt fini ? Philippe commençait sérieusement à s'ennuyer devant la porte des toilettes.
-Oui, mais tu sais, j'ai des problèmes de ventre, c'est héréditaire... Enfin bon, je ne vais pas te faire un dessin ?
-Non merci, mais tu as bientôt fini ?
-Oui, j'arrive... »
Soudain, le téléphone de Bruno vibra dans sa poche, il le sortit et vit le message de Serge : « le colis est parti » , c'était le dernier signal ! Ni une ni deux, il ouvrit la fenêtre des toilettes, s'y faufila et se retrouva dehors. Face à lui se tenait Serge avec une voiture :
« C'est parti ! » Cria-t-il en montant dans la voiture.
Malheureusement pour lui, il était tard et les gens dormaient. Enfin plus maintenant, après qu'il ait crié.
« Non mais tu te crois où, toi ? Tu as vu l'heure qu'il est ? Il y en a qui dorment ici ! Lui cria un habitant depuis sa fenêtre.
-Oui, oui, de toute façon nous partons » s'excusa Serge à la place de Bruno tout en démarrant la voiture.
Philippe, qui n'avait pas bougé de son poste, reconnut la voix de Bruno dehors. Alerté par le bruit, il toqua à la porte des toilettes, mais personne ne lui répondit, alors il rentra à l'intérieur. Mais quelle fut sa surprise lorsqu'à la place de Bruno, il y avait une fenêtre ouverte. Il comprit immédiatement. Il sortit de la banque, récupéra sa moto et se dirigea vers le seul endroit d'où lui parvenait un bruit de voiture. Il ne tarda pas à arriver à l'origine du bruit. Malheureusement, ce n'était pas eux mais une simple personne innocente. En le voyant, Philippe lui demanda s'il avait vu deux personnes en voiture avant qu'il arrive :
« Oui monsieur, ils m'ont doublé sur cette rue, il y a quelques instants, ils avaient l'air pressé, ce sont des amis à vous ?
-On peut dire ça, en tout cas, merci et pardon de vous avoir dérangé, bonne nuit ! » Lui dit-il tout en remontant sur sa moto.
Philippe suivit la direction indiquée par le brave homme et cette fois, il les rattrapa, de là commença une terrible poursuite dans les ruelles de Paris sous la pluie.
Dès l'instant où Bruno aperçut Philippe, il demanda à Serge d'accélérer, ce qu'il fit sans hésiter.
Ils furent rapidement hors de porté de Philippe :
« Tiens c'est bizarre, tu ne trouves pas ? J'ai l'impression que le vigile ralentit, demanda Serge à Bruno.
-Mais non, et puis de toute façon, on s'en fout, allez, accélère ! » Lui ordonna Bruno.
Philippe avait effectivement ralenti, étant parisien, il connaissait bien la ville et Serge et Bruno se dirigeaient droit vers la Seine. Et il s'était dit que grâce ou à cause de la pluie, ils glisseraient et finiraient dans l'eau, et il n'aurait plus qu'à les repêcher.
Peu de temps après, la prédiction du vigile s'avéra exacte : les deux malfaiteurs finirent dans l'eau et Philippe les repêcha avant qu'ils se noient.
Serge et Bruno furent arrêtés pour vol et écopèrent de cinq ans de prison. Philippe quant à lui, eut la légion d'honneur et fut sacré employé du mois jusqu'à sa retraite.