Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Le silence n'est pas toujours synonyme de mutisme. Et émettre son opinion n'a toujours pas été évident. Je m'appelle Prexede. Je fais, des va-et-vient, à la ligne de démarcation qui sépare la paix de l'atrocité. Ma présence ici à tout son sens, sans quoi j'aurais depuis longtemps quitté cette ville. Ma mère est un beau brin de femme. Elle travaille pour un site d'information en ligne. À chaque fois que je rentre son chez elle. Elle me fixe par indolence. « Il s'y dégage un éclat dans mon regard vers le tien.», me dira-t-elle. Mais elle n'aura que ma salutation après quoi je vaguerai à mes préoccupations. Elle se retournera sur son canapé. Elle rivera, pour des minutes interminables, ses yeux sur l'écran d'un ordinateur, juste devant sur une table de bois, où elle sera, à tout prix, en quête d'un scoop sur la situation sécuritaire dans la région.
Je quitterai Goma, tantôt, pour ses environs où règne le barbarisme. Il est encore de rares endroits au monde où continuent à se répandre la ruine. L'on y plaît d'égorger. Tout aspire à la géhenne. Sans adversaire désigné. Du petit au grand, du coltan à l'ivoire. Rien n'est épargné. Par ici, les organismes internationaux affluent de tous côtés, forment un immense bouclier de paix comme ceux qui siègent aux nations unies. C'est une infime de choses pour jouer une simple influence, sans plus. Du moins, cela met de l'ordre dans le chaos. Pour l'instant, ma part d'ombre est ici. Je ne ressens que de l'absence. Je ne ressens que de l'effacement comme du désert. Il en va autrement de là à la frontière du salut et de la perdition. J'y trouve plutôt ma part de lumière. C'est mon chez moi. Je m'y suis familiarisé avec les vivants et les morts. Plus j'y vais, plus j'y tombe des nues. C'est étonnant pour ma mère. Elle ne semble pas le gober. Elle et moi sommes deux esprits diamétralement opposés.
J'œuvre en tant qu'assistante gynécologue dans l'un des hôpitaux où chapeautent l'homme qui répare les femmes. Esteban m'y attend. Il est l'une de rares personnes à comprendre réellement ce qui se passe. Celui l'intendant de l'hôpital. Il y travaille depuis deux décennies. Il dit avec facétie que cet endroit est un étrange écueil de la vie. Ce n'est pas sympa du tout mais tellement humain; tout ceci est difficile. Cela me contraint à me taire sur tout ce qui est de l'extérieur. Tout est monotone dans cette contrée. Tout devient à la fin ennuyeux. Mais, au moins, ici j'ai quelque chose à apporter. C'est une phrase insignifiante. Ce que je souhaite exprimer est au-dessus de ceci. C'est toujours un tumultueux et horrible parcours mais la vie me servira plus à rien si j'arrête d'y aller. Tout le monde ressent le besoin que l'on croie en lui quand il n'y arrive plus. La victoire sera pour celui qui détiendra le sésame.
Mes patientes m'y attendent aussi. C'est un gigantesque fardeau. Mais c'est sur leur rétablissement que maintenant toute mon existence se fonde pourtant, avant, j'existais pour moi-même jusqu'au jour où ma mère m'a collé ce pseudonyme «Extra-terrestre». Et de le savoir, c'était salutaire. Et de le savoir, c'était rassurant. Et de le savoir, c'était apaisant. J'avais décidé de vivre pour les autres. Il me fallait choisir. C'était l'un ou l'autre. Sinon, j'allais me perdre et ne pas trouver la sortie du labyrinthe, où jonchent les panonceaux de l'égoïsme, et il ne serait pas là avec son fil d'Ariane. Depuis lors, toute ma vie a pris une autre tournure. Tout se tient dans ma vie comme une bannière élevée dans le firmament. Je vois ma vie comme une piste pour évoluer et apporter ma part de lumière à ceux qui en ont le plus besoin, en jouant ma juste partition dans la symphonie du monde.
Depuis que j'ai rencontré Esteban. L'être humain est devenu pour moi la plus grande rencontre. Cette fascination envers lui m'a permis de rencontrer d'autres humains dans ce qu'ils ont le plus fragile. L'espèce humaine existe. Ce n'est pas un genre qu'il se donne. Mais nous avons tous nos âges, nos problèmes, nos limites. À chaque fois que je traverse la ville. Je sens qu'il a besoin d'un secours. Cette contrée devient de plus en plus insécure pour lui. C'est ce qui arrive lorsque l'on donne du pouvoir aux opinions et aux théories. Or, si l'on s'en tient aux pensées de tout venant comme quoi elles établiront la paix, qu' adviendra-t-il aux contrées lointaines de la terre ? Le chaos.
Esteban, aime répéter au personnel soignant que chaque survivant, mort, mutilé raconte une journée, une défaite ou une victoire. Dans une période critique chaque chose belle a une ampleur extraordinaire, et cela m'apprend à apprécier les choses simples.
C'est en renonçant à ce qui m'était familier que le changement a pris une place dans ma vie. Peut-être que ce sera aussi le cas dans ses zones des conflits. L'année passée. J'ai fait un don de mon sang. Du bénévolat dont ma mère me considère désormais comme une extraterrestre venue d'une autre planète, à la rigueur. Ma mère est une partisane d'une secte où les totems et les emblèmes ancestraux ont encore un sens, jusqu'à priver notre part de lumière. Elle met l'étiquette complotiste sur tous ceux qui sont contres ces pratiques. C'est par avoir ce qu'on aime qu'on est heureux, et non par avoir ce que les autres trouvent aimables. Je rêve d'un monde qui ressemblerait à un orchestre philharmonique où chacun joue son rôle et où la moindre fausse note est aussitôt perçue et son auteur identifié. C'est moi l'auteur de la fausse note selon elle. Et tout celui qui se sacrifierait pour le bien être universel. Depuis lors, elle n'a pour mon discours que mes flatulences. Il suffit d'aller sur les sites dédiés aux informations pour voir de ce qu'ils font de leur parole. Quand sa dérange ou que cela choque leur bienséance ou leur bien-pensance, ils se précipitent à mettre de la pression sur les coupables. Il n'y a qu'en se mettant dans le manteau de l'autre, qu'on peut apprendre comment il fait pour marcher. Ce n'est pas parce qu'on est pas d'accord avec certaines théories qu'on ne réfléchit pas.
J'ai appris que hier le volcan a dévoilé les larves sur la ville. Et depuis ce matin, les chaines du monde en parle. Je peux le voir loin à l'horizon. Le bout du tison fumant. Un peu comme moi dans la vie de tous les jours.
Je quitterai Goma, tantôt, pour ses environs où règne le barbarisme. Il est encore de rares endroits au monde où continuent à se répandre la ruine. L'on y plaît d'égorger. Tout aspire à la géhenne. Sans adversaire désigné. Du petit au grand, du coltan à l'ivoire. Rien n'est épargné. Par ici, les organismes internationaux affluent de tous côtés, forment un immense bouclier de paix comme ceux qui siègent aux nations unies. C'est une infime de choses pour jouer une simple influence, sans plus. Du moins, cela met de l'ordre dans le chaos. Pour l'instant, ma part d'ombre est ici. Je ne ressens que de l'absence. Je ne ressens que de l'effacement comme du désert. Il en va autrement de là à la frontière du salut et de la perdition. J'y trouve plutôt ma part de lumière. C'est mon chez moi. Je m'y suis familiarisé avec les vivants et les morts. Plus j'y vais, plus j'y tombe des nues. C'est étonnant pour ma mère. Elle ne semble pas le gober. Elle et moi sommes deux esprits diamétralement opposés.
J'œuvre en tant qu'assistante gynécologue dans l'un des hôpitaux où chapeautent l'homme qui répare les femmes. Esteban m'y attend. Il est l'une de rares personnes à comprendre réellement ce qui se passe. Celui l'intendant de l'hôpital. Il y travaille depuis deux décennies. Il dit avec facétie que cet endroit est un étrange écueil de la vie. Ce n'est pas sympa du tout mais tellement humain; tout ceci est difficile. Cela me contraint à me taire sur tout ce qui est de l'extérieur. Tout est monotone dans cette contrée. Tout devient à la fin ennuyeux. Mais, au moins, ici j'ai quelque chose à apporter. C'est une phrase insignifiante. Ce que je souhaite exprimer est au-dessus de ceci. C'est toujours un tumultueux et horrible parcours mais la vie me servira plus à rien si j'arrête d'y aller. Tout le monde ressent le besoin que l'on croie en lui quand il n'y arrive plus. La victoire sera pour celui qui détiendra le sésame.
Mes patientes m'y attendent aussi. C'est un gigantesque fardeau. Mais c'est sur leur rétablissement que maintenant toute mon existence se fonde pourtant, avant, j'existais pour moi-même jusqu'au jour où ma mère m'a collé ce pseudonyme «Extra-terrestre». Et de le savoir, c'était salutaire. Et de le savoir, c'était rassurant. Et de le savoir, c'était apaisant. J'avais décidé de vivre pour les autres. Il me fallait choisir. C'était l'un ou l'autre. Sinon, j'allais me perdre et ne pas trouver la sortie du labyrinthe, où jonchent les panonceaux de l'égoïsme, et il ne serait pas là avec son fil d'Ariane. Depuis lors, toute ma vie a pris une autre tournure. Tout se tient dans ma vie comme une bannière élevée dans le firmament. Je vois ma vie comme une piste pour évoluer et apporter ma part de lumière à ceux qui en ont le plus besoin, en jouant ma juste partition dans la symphonie du monde.
Depuis que j'ai rencontré Esteban. L'être humain est devenu pour moi la plus grande rencontre. Cette fascination envers lui m'a permis de rencontrer d'autres humains dans ce qu'ils ont le plus fragile. L'espèce humaine existe. Ce n'est pas un genre qu'il se donne. Mais nous avons tous nos âges, nos problèmes, nos limites. À chaque fois que je traverse la ville. Je sens qu'il a besoin d'un secours. Cette contrée devient de plus en plus insécure pour lui. C'est ce qui arrive lorsque l'on donne du pouvoir aux opinions et aux théories. Or, si l'on s'en tient aux pensées de tout venant comme quoi elles établiront la paix, qu' adviendra-t-il aux contrées lointaines de la terre ? Le chaos.
Esteban, aime répéter au personnel soignant que chaque survivant, mort, mutilé raconte une journée, une défaite ou une victoire. Dans une période critique chaque chose belle a une ampleur extraordinaire, et cela m'apprend à apprécier les choses simples.
C'est en renonçant à ce qui m'était familier que le changement a pris une place dans ma vie. Peut-être que ce sera aussi le cas dans ses zones des conflits. L'année passée. J'ai fait un don de mon sang. Du bénévolat dont ma mère me considère désormais comme une extraterrestre venue d'une autre planète, à la rigueur. Ma mère est une partisane d'une secte où les totems et les emblèmes ancestraux ont encore un sens, jusqu'à priver notre part de lumière. Elle met l'étiquette complotiste sur tous ceux qui sont contres ces pratiques. C'est par avoir ce qu'on aime qu'on est heureux, et non par avoir ce que les autres trouvent aimables. Je rêve d'un monde qui ressemblerait à un orchestre philharmonique où chacun joue son rôle et où la moindre fausse note est aussitôt perçue et son auteur identifié. C'est moi l'auteur de la fausse note selon elle. Et tout celui qui se sacrifierait pour le bien être universel. Depuis lors, elle n'a pour mon discours que mes flatulences. Il suffit d'aller sur les sites dédiés aux informations pour voir de ce qu'ils font de leur parole. Quand sa dérange ou que cela choque leur bienséance ou leur bien-pensance, ils se précipitent à mettre de la pression sur les coupables. Il n'y a qu'en se mettant dans le manteau de l'autre, qu'on peut apprendre comment il fait pour marcher. Ce n'est pas parce qu'on est pas d'accord avec certaines théories qu'on ne réfléchit pas.
J'ai appris que hier le volcan a dévoilé les larves sur la ville. Et depuis ce matin, les chaines du monde en parle. Je peux le voir loin à l'horizon. Le bout du tison fumant. Un peu comme moi dans la vie de tous les jours.