«Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre.» Elle me demandait souvent avec des larmes aux yeux si c'était la vie ou la chance qui ne nous a pas souri. Je suis un orphelin de père, même avant ma naissance. Je me rappelle du huit Mars de l'an passé quand je rentrais de l'école aux environs de midi, sans avoir mangé depuis la veille et j'aperçus près du marché, ma pauvre mère qui, malgré son cancer de seins, transportait sur sa tête pour un client, un sac de maïs d'environ cinquante kilogrammes sous cet ardent soleil, juste pour obtenir de quoi me nourrir à mon retour. Sous mes yeux, elle se faisait gronder dessus pour se dépêcher. En courant à son soutien, je me disais que si seulement cette journée était fériée, je n'irais pas à l'école et j'aurais dû faire ce travail à sa place, au moins pour cette journée de la femme. C'était vraiment trop prétendu pour un gamin de onze ans que j'étais. Ce que je regrette, c'est de ne pas l'avoir sauvée des griffes du cancer, qui a fini par l'emporter quelques mois plus tard, comme ce fut le cas de nombreuses autres femmes.
Quelques jours après sa mort, pendant que je pleurais tout seul en pensant à elle, un homme étrange fit son apparition devant moi. Il était élancé, vêtu de peau de bête, et avait une canne à la main.
- Jeune garçon, me dit-il ; ta mère aimerait te parler.
- Mais qui êtes-vous ? Vous vous moquez de moi ? Ma mère est morte.
- Je le sais mon garçon. Je suis le prêtre vaudou.
Disait-il avec un léger sourire. J'ai failli me mettre à hurler de peur, mais une question m'est venue à l'esprit:
- Vous dites que je peux revoir ma mère ?
Il prit alors sa canne et cogna ma tête sans même me répondre. Soudain, tout changea au tour de moi ; je me suis retrouvé entouré de corps qui scintillent, dans un espace noir.
- Où suis-je ? M'écriais-je.
- Je t'attendais mon fils.
- Mère, c'est toi ? Où es-tu ?
- C'est bien moi mon chéri ! Mais tu ne peux que m'entendre.
- C'est vraiment triste que tu me quittes ainsi et si tôt !
- C'est la vie mon chéri.
- Mère je te promets que je deviendrai un grand scientifique et je ferai tout afin que plus aucune femme ne meurt du cancer.
- Tu ne cesses de me surprendre mon chéri ; penses-tu que cela est possible pour toi un enfant qui est né dans un royaume où l'éducation est vétuste et bafouée ? Dans un royaume où les grèves des enseignants durent des mois, mais malgré cela, les examens sont fait en fonction de la partialité des cours ? Dans un royaume où les laboratoires sont aussi rares que des larmes de crocodile ? Dans un royaume où les effectifs par salle sont pléthoriques, à tel point que le peu de cours fait est bâclé ? Dans un royaume où les thèses de doctorat sont politisées ? Dans un royaume où, il vaut mieux apprendre un métier ou vendre au marché, plutôt que de fréquenter afin de ne pas mourir de faim ?
- Mère s'il te plaît calme toi ! Mais qu'appelles-tu royaume ?
- Ah pardon ! Ici dans l'au-delà, c'est de la sorte que tous les anges et les démons traitent notre pays.
- Ah bon ? Ils existent pour de vrai ?
- Oui mon fils.
- J'imagine à quel point tu dois te sentir seule.
- Au contraire mon chéri ; chaque jour des gens arrivent ici ; des personnes qui sont décédées suite au cancer, à une violence, et pleins d'autres. Ceux qui abondent sont ceux qui ont été tués au cours des guerres et attentats ; des Syriens, des Irakiens, des Tchadiens, des Yéménites, des Libanais, des Palestiniens, des Israélites et que sais-je ; des femmes, des enfants, des soldats, des pauvres, des sans défenses, des innocents... Le pire, c'est ceux qui sont morts ces derniers temps à cause de ce maudit virus qui a mis à terre toutes les puissances du monde. Vraiment l'au-delà est surpeuplé.
- Mère, j'aurais aimé qu'on aille à la plage afin que les vagues de la mer emportent tout ce chagrin de ton cœur comme on avait l'habitude de le faire quand tout va mal.
- Ha ha ! Tu me rappelles les belles phrases de ton père. Parlant de cette plage, fait vraiment attention mon chéri ; là où je jouais au bord de la mer quand j'étais petite est maintenant englouti par la mer. Cette avancée rapide de la mer dû au réchauffement climatique est chose remarquable chez nous ; la mer ronge nos côtes, nos lieux de loisir, nos habitats et même nos voies ; ne néglige pas les actions de lutte contre ce réchauffement.
- Mère mais le facteur fondamental ne vient même pas de notre pays.
- Fais ta part mon fils; les grands pollueurs de leur côté aussi doivent vraiment en prendre conscience et comprendre qu'il ne s'agit plus de dépenser énormément pour faire des conférences, mais plutôt agir de façon à atteindre la zéro émission de CO2 par les usines et les engins. Méfie toi aussi de cet endroit où les déchets de phosphate se mélangent à la mer !
- Pourquoi mère ?
- Un ange ici, m'a fait savoir que, non seulement ces déchets polluent l'eau de mer, ils contiennent aussi des métaux lourds qui contaminent l'air, les cultures, les puits ; le pire est qu'ils contiennent aussi des particules radioactives vraiment nuisibles. Ces déchets sont aussi la cause du sourire jaune, au lieu du blanc des populations de cette zone.
- Mère, mais personne n'a jamais su cela ?
- Comment le saurions-nous si notre éducation et notre formation sont comme je te l'avais dit ? Les quelques-uns qui ont voulu en parler ont été muselés ; et les exploitants veulent protéger leur activité économique au péril de la population.
- Mère, c'est vrai qu'avec toutes ces réalités il devient difficile pour un jeune garçon comme moi, de rêver. Mais je ne perds pas courage, je changerai tout, mère !
- Tu es vraiment surprenant mon chéri ; avoir un tel rêve, avec toutes ces conditions, et pire encore dans ce royaume ? Toi un gamin de onze ans, maintenant orphelin de père et de mère? Je me demande si tu n'es pas un petit extra-terrestre.
Les larmes arrivèrent à mes yeux et c'est alors qu'elle me dit :
- J'ai demandé à te voir juste pour te dire que je t'aime énormément, mon fils.
- Moi aussi je t'aime très fort, mère ! Dis-moi, es-tu en enfer où au paradis ?
- Le vrai enfer, c'est le royaume mon fils ; tu es encore petit, et ça me fait de la peine de t'y avoir laissé si tôt. Moi je serai apaisé ici, tant que tu seras heureux! A Dieu mon fils !
En finissant ces phrases je sentis un vent léger souffler sur mon front, on dirait un baisé. J'ai sursauté d'un coup. Je m'étais endormi, et je viens de me réveiller. Le prêtre vaudou était toujours à mes côtés ; c'est alors qu'il dit :
- Elle aurait pu te dire tout ça sans passer par moi, mais vois-tu, mon garçon, tout ce qui vous servait d'intermédiaire entre l'au-delà et ce monde si bas vous a été arraché ; ces choses ont été amenées loin de vous et placées dans des châteaux, qu'ils appellent musée ! Et si je n'étais pas là ?
- Merci à vous prêtre vaudou; elle m'a dit pleine de choses, surtout avec chagrin au cœur ; et j'ai maintenant une mission.
- Même avant ta naissance, les dés étaient jetés mon garçon ; tu es différent et tu l'as toujours été ! C'est ton histoire qui te rend différent ; va et raconte-la au monde entier ! À la prochaine jeune extra-terrestre. Surtout n'oublies pas les mots de ta mère.
Il disparut alors sous mes yeux.
Quelques jours après sa mort, pendant que je pleurais tout seul en pensant à elle, un homme étrange fit son apparition devant moi. Il était élancé, vêtu de peau de bête, et avait une canne à la main.
- Jeune garçon, me dit-il ; ta mère aimerait te parler.
- Mais qui êtes-vous ? Vous vous moquez de moi ? Ma mère est morte.
- Je le sais mon garçon. Je suis le prêtre vaudou.
Disait-il avec un léger sourire. J'ai failli me mettre à hurler de peur, mais une question m'est venue à l'esprit:
- Vous dites que je peux revoir ma mère ?
Il prit alors sa canne et cogna ma tête sans même me répondre. Soudain, tout changea au tour de moi ; je me suis retrouvé entouré de corps qui scintillent, dans un espace noir.
- Où suis-je ? M'écriais-je.
- Je t'attendais mon fils.
- Mère, c'est toi ? Où es-tu ?
- C'est bien moi mon chéri ! Mais tu ne peux que m'entendre.
- C'est vraiment triste que tu me quittes ainsi et si tôt !
- C'est la vie mon chéri.
- Mère je te promets que je deviendrai un grand scientifique et je ferai tout afin que plus aucune femme ne meurt du cancer.
- Tu ne cesses de me surprendre mon chéri ; penses-tu que cela est possible pour toi un enfant qui est né dans un royaume où l'éducation est vétuste et bafouée ? Dans un royaume où les grèves des enseignants durent des mois, mais malgré cela, les examens sont fait en fonction de la partialité des cours ? Dans un royaume où les laboratoires sont aussi rares que des larmes de crocodile ? Dans un royaume où les effectifs par salle sont pléthoriques, à tel point que le peu de cours fait est bâclé ? Dans un royaume où les thèses de doctorat sont politisées ? Dans un royaume où, il vaut mieux apprendre un métier ou vendre au marché, plutôt que de fréquenter afin de ne pas mourir de faim ?
- Mère s'il te plaît calme toi ! Mais qu'appelles-tu royaume ?
- Ah pardon ! Ici dans l'au-delà, c'est de la sorte que tous les anges et les démons traitent notre pays.
- Ah bon ? Ils existent pour de vrai ?
- Oui mon fils.
- J'imagine à quel point tu dois te sentir seule.
- Au contraire mon chéri ; chaque jour des gens arrivent ici ; des personnes qui sont décédées suite au cancer, à une violence, et pleins d'autres. Ceux qui abondent sont ceux qui ont été tués au cours des guerres et attentats ; des Syriens, des Irakiens, des Tchadiens, des Yéménites, des Libanais, des Palestiniens, des Israélites et que sais-je ; des femmes, des enfants, des soldats, des pauvres, des sans défenses, des innocents... Le pire, c'est ceux qui sont morts ces derniers temps à cause de ce maudit virus qui a mis à terre toutes les puissances du monde. Vraiment l'au-delà est surpeuplé.
- Mère, j'aurais aimé qu'on aille à la plage afin que les vagues de la mer emportent tout ce chagrin de ton cœur comme on avait l'habitude de le faire quand tout va mal.
- Ha ha ! Tu me rappelles les belles phrases de ton père. Parlant de cette plage, fait vraiment attention mon chéri ; là où je jouais au bord de la mer quand j'étais petite est maintenant englouti par la mer. Cette avancée rapide de la mer dû au réchauffement climatique est chose remarquable chez nous ; la mer ronge nos côtes, nos lieux de loisir, nos habitats et même nos voies ; ne néglige pas les actions de lutte contre ce réchauffement.
- Mère mais le facteur fondamental ne vient même pas de notre pays.
- Fais ta part mon fils; les grands pollueurs de leur côté aussi doivent vraiment en prendre conscience et comprendre qu'il ne s'agit plus de dépenser énormément pour faire des conférences, mais plutôt agir de façon à atteindre la zéro émission de CO2 par les usines et les engins. Méfie toi aussi de cet endroit où les déchets de phosphate se mélangent à la mer !
- Pourquoi mère ?
- Un ange ici, m'a fait savoir que, non seulement ces déchets polluent l'eau de mer, ils contiennent aussi des métaux lourds qui contaminent l'air, les cultures, les puits ; le pire est qu'ils contiennent aussi des particules radioactives vraiment nuisibles. Ces déchets sont aussi la cause du sourire jaune, au lieu du blanc des populations de cette zone.
- Mère, mais personne n'a jamais su cela ?
- Comment le saurions-nous si notre éducation et notre formation sont comme je te l'avais dit ? Les quelques-uns qui ont voulu en parler ont été muselés ; et les exploitants veulent protéger leur activité économique au péril de la population.
- Mère, c'est vrai qu'avec toutes ces réalités il devient difficile pour un jeune garçon comme moi, de rêver. Mais je ne perds pas courage, je changerai tout, mère !
- Tu es vraiment surprenant mon chéri ; avoir un tel rêve, avec toutes ces conditions, et pire encore dans ce royaume ? Toi un gamin de onze ans, maintenant orphelin de père et de mère? Je me demande si tu n'es pas un petit extra-terrestre.
Les larmes arrivèrent à mes yeux et c'est alors qu'elle me dit :
- J'ai demandé à te voir juste pour te dire que je t'aime énormément, mon fils.
- Moi aussi je t'aime très fort, mère ! Dis-moi, es-tu en enfer où au paradis ?
- Le vrai enfer, c'est le royaume mon fils ; tu es encore petit, et ça me fait de la peine de t'y avoir laissé si tôt. Moi je serai apaisé ici, tant que tu seras heureux! A Dieu mon fils !
En finissant ces phrases je sentis un vent léger souffler sur mon front, on dirait un baisé. J'ai sursauté d'un coup. Je m'étais endormi, et je viens de me réveiller. Le prêtre vaudou était toujours à mes côtés ; c'est alors qu'il dit :
- Elle aurait pu te dire tout ça sans passer par moi, mais vois-tu, mon garçon, tout ce qui vous servait d'intermédiaire entre l'au-delà et ce monde si bas vous a été arraché ; ces choses ont été amenées loin de vous et placées dans des châteaux, qu'ils appellent musée ! Et si je n'étais pas là ?
- Merci à vous prêtre vaudou; elle m'a dit pleine de choses, surtout avec chagrin au cœur ; et j'ai maintenant une mission.
- Même avant ta naissance, les dés étaient jetés mon garçon ; tu es différent et tu l'as toujours été ! C'est ton histoire qui te rend différent ; va et raconte-la au monde entier ! À la prochaine jeune extra-terrestre. Surtout n'oublies pas les mots de ta mère.
Il disparut alors sous mes yeux.