Moi je suis différente, je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais une extraterrestre.
Je ne parle pas beaucoup, je suis toujours isolé et bien évidemment j'ai pas d'amis. D'après elle tout ceci était dû au décès de mon père, c'est la raison pour laquelle dès que les nouveaux voisins ont aménagé elle a tout fait pour que je devienne ami avec Paul.
Paul.. c'était un jeune garçon de 17 ans, moi j'en avais 16 ; j'étais orpheline de père et lui de mère ; j'étais stoïque et lui jovial. Son père et lui habitaient en face de chez nous alors oui, on était opposés bien que d'aucun aurait penser qu'on se complétait. D'après ma mère : « il supporte plus bien le décès de sa mère. Vous pouvez peut-être vous complétez. Tu n'as pas d'amis ma chérie, même à moi tu ne dis jamais ce que tu penses donc ça serait bien que tu partages tes problèmes avec quelqu'un ».
Elle insistait tellement si bien que j'ai commencé à trainer avec Paul. Je ne parlais jamais quand on était ensemble, mais lui, avait toujours une histoire marrante à raconter : il m'agaçait du coup je ne riais nullement à ses plaisanteries absurdes. Voilà pourquoi un jour on a eu cette conversation:
-je sais, tu te demandes certainement comment plaisanter quand on vient juste de perdre un être cher. Sache que je suis tout aussi triste que toi, de fait, j'aimais énormément ma mère. Mais voilà, elle n'est plus là... Mon entourage par contre est bien présent. Alors je me concentre sur ce que je peux faire pour ceux qui sont vivants et je laisse les morts à leur place.
-C'est ma mère qui t'a demandé de me sortir ce discours ?
-Quoi? mais comment ?
-Je sais très bien que tu as sympathisé avec elle et avec tout le monde d'ailleurs ; laisse-moi te dire que si je suis aussi froide ça n'a rien à voir avec la mort de mon père, c'est mon caractère c'est tout. Alors arrête ce complot avec ma mère on n'est pas obligé de trainer ensemble parce qu'on a perdu nos parents.
Ayant dit cela je suis rentrée chez moi furieuse. Ma mère m'attendait assise sur le canapé et aussitôt que je mis un pas dans la maison elle s'inquiéta :
-Tu rentres à pareille heure ? je pensais que Paul et toi devriez aller au ciné et d'ailleurs où est-il ?
-Maman le fait que Paul et moi soyons des orphelins ne fait pas de nous des jumeaux ; il a sa maison et ici c'est la mienne alors bonne nuit.
En me dirigeant vers ma chambre j'avais bien constaté que ma mère avait un air triste. A voir son visage, elle se demandait certainement ce qu'elle avait fait au bon Dieu pour mériter une fille aussi étrange. En fait c'était devenu un passe-temps chez moi, étant donné que je ne lui parlais pas très souvent je m'amusais à drécrypter les traits de son visage afin d'imaginer ce qu'elle pensait. Dans la plupart des cas je voyais toujours juste mais hélas, ça n'avais aucun intérêt pour moi. Ma chambre était ma pièce favorite de la maison, c'est pourquoi ma mère souhaitait que je sorte plus souvent.
Le lendemain matin, j'ai été très surprise de voir Paul m'attendre sur le pas de ma porte comme il avait l'habitude de faire chaque matin, pour qu'on aille à l'école ensemble. « Salut bien dormi ? », me demanda-t-il, je ne répondis rien comme à mon habitude. Il ajouta « regarde, notre bus est là, allons-y»
Tout au long de la journée je ne lui ai absolument pas parlé, alors le soir quand on rentrait j'ai pas pu m'empêcher de lui dire :
-Pourquoi tu es comme ça ?
-Comment ?
-Notre conversation d'hier n'a donc eu aucun effet sur toi ?
-Depuis qu'on traine ensemble j'étais toujours le seul à parler, hier c'était différent tu m'as enfin dit le fond de ta pensée alors oui, ça a eu un effet sur moi. J'ai ressenti du soulagement, au moins t'étais pas muette.
Je n'ai malheureusement pas pu me retenir de sourire et je rétorquai : « tu sais que tu es un grand malade ? ». A partir de ce jour je peux dire que lui et moi sommes devenus « amis ». Ma mère était aux anges, j'avais enfin un ami, je souriais enfin, je parlais enfin.En gros j'étais devenu à ses yeux une jeune fille normale, un enfant comme les autres...
Trois années sont passées et Paul et moi devions nous inscrire à l'université. Nous nous sommes fixé rendez-vous devant le bureau d'inscription mais il n'est pas venu. Il ne m'a pas appelé pour s'excuser du lapin qu'il m'avait posé et il n'est pas non plus passé chez moi. Depuis la fenêtre de ma chambre j'observais sa maison, j'ai constaté qu'elle était sombre et donc qu'il n'y avait personne. J'ai envoyé des messages mais il n'a pas répondu...
Le lendemain matin, ma mère vint me trouver dans ma chambre, elle s'assis sur mon lit près de moi et dit : « écoute chérie j'ai une nouvelle difficile à t'annoncer... c'est Paul... il est décédé hier soir ». Aussitôt que j'entendis ces mots, ma vie c'était comme qui dirait « suspendue ». Ma mère se démenait pour m'expliquer qu'elle avait parlé au père de Paul et ce dernier lui a confié que son fils se battait contre un cancer depuis cinq ans maintenant – je n'étais pas au courant – qu'il prenait des médicaments constamment pour calmer la douleur – je n'avais jamais remarqué – et qu'il était souvent hospitalisé – je n'en savais rien...
Après que ma mère eut achevé son brillant discours, je me levai du lit et répliquai avec un calme déconcertant :
« En fait maman, c'est pour ça que je n'ai jamais eu d'amis. Tu me voyais comme une fille maussade, taciturne, morose... Mais la vérité est celle-ci: l'être humain est un traitre, il peut nous cacher des choses qu'on n'imagine même pas... et la pire trahison qu'il puisse nous faire, c'est la MORT. Je vais me préparer pour l'école »
Je ne parle pas beaucoup, je suis toujours isolé et bien évidemment j'ai pas d'amis. D'après elle tout ceci était dû au décès de mon père, c'est la raison pour laquelle dès que les nouveaux voisins ont aménagé elle a tout fait pour que je devienne ami avec Paul.
Paul.. c'était un jeune garçon de 17 ans, moi j'en avais 16 ; j'étais orpheline de père et lui de mère ; j'étais stoïque et lui jovial. Son père et lui habitaient en face de chez nous alors oui, on était opposés bien que d'aucun aurait penser qu'on se complétait. D'après ma mère : « il supporte plus bien le décès de sa mère. Vous pouvez peut-être vous complétez. Tu n'as pas d'amis ma chérie, même à moi tu ne dis jamais ce que tu penses donc ça serait bien que tu partages tes problèmes avec quelqu'un ».
Elle insistait tellement si bien que j'ai commencé à trainer avec Paul. Je ne parlais jamais quand on était ensemble, mais lui, avait toujours une histoire marrante à raconter : il m'agaçait du coup je ne riais nullement à ses plaisanteries absurdes. Voilà pourquoi un jour on a eu cette conversation:
-je sais, tu te demandes certainement comment plaisanter quand on vient juste de perdre un être cher. Sache que je suis tout aussi triste que toi, de fait, j'aimais énormément ma mère. Mais voilà, elle n'est plus là... Mon entourage par contre est bien présent. Alors je me concentre sur ce que je peux faire pour ceux qui sont vivants et je laisse les morts à leur place.
-C'est ma mère qui t'a demandé de me sortir ce discours ?
-Quoi? mais comment ?
-Je sais très bien que tu as sympathisé avec elle et avec tout le monde d'ailleurs ; laisse-moi te dire que si je suis aussi froide ça n'a rien à voir avec la mort de mon père, c'est mon caractère c'est tout. Alors arrête ce complot avec ma mère on n'est pas obligé de trainer ensemble parce qu'on a perdu nos parents.
Ayant dit cela je suis rentrée chez moi furieuse. Ma mère m'attendait assise sur le canapé et aussitôt que je mis un pas dans la maison elle s'inquiéta :
-Tu rentres à pareille heure ? je pensais que Paul et toi devriez aller au ciné et d'ailleurs où est-il ?
-Maman le fait que Paul et moi soyons des orphelins ne fait pas de nous des jumeaux ; il a sa maison et ici c'est la mienne alors bonne nuit.
En me dirigeant vers ma chambre j'avais bien constaté que ma mère avait un air triste. A voir son visage, elle se demandait certainement ce qu'elle avait fait au bon Dieu pour mériter une fille aussi étrange. En fait c'était devenu un passe-temps chez moi, étant donné que je ne lui parlais pas très souvent je m'amusais à drécrypter les traits de son visage afin d'imaginer ce qu'elle pensait. Dans la plupart des cas je voyais toujours juste mais hélas, ça n'avais aucun intérêt pour moi. Ma chambre était ma pièce favorite de la maison, c'est pourquoi ma mère souhaitait que je sorte plus souvent.
Le lendemain matin, j'ai été très surprise de voir Paul m'attendre sur le pas de ma porte comme il avait l'habitude de faire chaque matin, pour qu'on aille à l'école ensemble. « Salut bien dormi ? », me demanda-t-il, je ne répondis rien comme à mon habitude. Il ajouta « regarde, notre bus est là, allons-y»
Tout au long de la journée je ne lui ai absolument pas parlé, alors le soir quand on rentrait j'ai pas pu m'empêcher de lui dire :
-Pourquoi tu es comme ça ?
-Comment ?
-Notre conversation d'hier n'a donc eu aucun effet sur toi ?
-Depuis qu'on traine ensemble j'étais toujours le seul à parler, hier c'était différent tu m'as enfin dit le fond de ta pensée alors oui, ça a eu un effet sur moi. J'ai ressenti du soulagement, au moins t'étais pas muette.
Je n'ai malheureusement pas pu me retenir de sourire et je rétorquai : « tu sais que tu es un grand malade ? ». A partir de ce jour je peux dire que lui et moi sommes devenus « amis ». Ma mère était aux anges, j'avais enfin un ami, je souriais enfin, je parlais enfin.En gros j'étais devenu à ses yeux une jeune fille normale, un enfant comme les autres...
Trois années sont passées et Paul et moi devions nous inscrire à l'université. Nous nous sommes fixé rendez-vous devant le bureau d'inscription mais il n'est pas venu. Il ne m'a pas appelé pour s'excuser du lapin qu'il m'avait posé et il n'est pas non plus passé chez moi. Depuis la fenêtre de ma chambre j'observais sa maison, j'ai constaté qu'elle était sombre et donc qu'il n'y avait personne. J'ai envoyé des messages mais il n'a pas répondu...
Le lendemain matin, ma mère vint me trouver dans ma chambre, elle s'assis sur mon lit près de moi et dit : « écoute chérie j'ai une nouvelle difficile à t'annoncer... c'est Paul... il est décédé hier soir ». Aussitôt que j'entendis ces mots, ma vie c'était comme qui dirait « suspendue ». Ma mère se démenait pour m'expliquer qu'elle avait parlé au père de Paul et ce dernier lui a confié que son fils se battait contre un cancer depuis cinq ans maintenant – je n'étais pas au courant – qu'il prenait des médicaments constamment pour calmer la douleur – je n'avais jamais remarqué – et qu'il était souvent hospitalisé – je n'en savais rien...
Après que ma mère eut achevé son brillant discours, je me levai du lit et répliquai avec un calme déconcertant :
« En fait maman, c'est pour ça que je n'ai jamais eu d'amis. Tu me voyais comme une fille maussade, taciturne, morose... Mais la vérité est celle-ci: l'être humain est un traitre, il peut nous cacher des choses qu'on n'imagine même pas... et la pire trahison qu'il puisse nous faire, c'est la MORT. Je vais me préparer pour l'école »