Petite puce frétillarde,
Qui d'une bouchette mignarde
Suçottes le sang incarnat,
Qui colore un sein délicat,
Vous pourrait-on dire friande,
Pour désirer telle viande?
Vraiment nenni, car ce n'est point
La friandise qui vous point:
Et si (pourtant) n'allez à l'aventure
Pour chercher votre nourriture,
Mais pleine de discrétion,
D'une plus sage affection,
Vous choisissez place honorable
Pour prendre un repas agréable:
Ce repas seulement est pris
Du sang le siège des esprits.
Car désirant être subtile
Vive, gaie, prompte et agile,
Vous prenez d'un seul aliment
Nourriture et enseignement.
On le voit par votre allégresse
Et vos petits tours de finesse,
Quand vous sautelez en un sein
Fuyant la rigueur d'une main.
Quelquefois vous faites la morte
Puis d'une ruse plus accorte,
Vous fraudez le bras poursuivant,
Qui pour vous ne prend que du vent.
O mon Dieu de quelle manière
Vous fuyez cette main meurtrière,
Et vous cachez aux cheveux longs
Comme syringue entre les joncs.
Ah que je crains pour vous mignonne
Cette main superbe et félonne,
Hé pourquoi ne veut-elle pas
Que vous preniez votre repas?
Votre blessure est cruelle,
Votre pointure n'est mortelle,
Car en blessant pour vous guérir,
Vous ne tuez que pour nourrir.
Vous êtes de petite vie:
Mais aimant la Géométrie
En ceux que vous avez point
Vous tracez seulement un point,
Où les lignes se viennent rendre.
Encor avez-vous su apprendre
Comment en Sparte les plus fins,
Ne se laissent prendre aux larcins,
Vous ne voulez être surprise:
Quand vous avez fait quelque prise,
Vous vous cachez subtilement
Aux repris de l'accoutrement.
Puce, si ma plume était digne,
Je décrirais votre origine:
Et comment le plus grand des Dieux,
Pour la terre quittant les Cieux,
Vous fit naître, comme il me semble,
Orion et vous tout ensemble.
Mais il faudra que tel écrit
Vienne d'un plus gentil esprit,
De moi je veux seulement dire
Vos beautés, et le grand martyre
Que Pan souffrit en vous aimant,
Avant qu'on vît ce changement
Et que votre face divine
Prît cette couleur ébénine,
Et que vos blancs pieds de Thétis
Fussent si grêles et petits
Puce quand vous étiez pucelle,
Gentille, sage, douce et belle,
Vous mouvant d'un pied si léger,
A sauter et à voltiger,
Que vous eussiez peu d'Atalante
Devancer la course trop lente,
Pan voyant vos perfections,
Sentit un feu d'affections,
Désirant votre mariage:
Mais quoi? votre vierge courage
Aima mieux vous faire changer
En Puce, afin de l'étranger,
Et que perdant toute espérance
Il rompit sa persévérance.
Diane sut votre souhait,
Vous le voulûtes, il fut fait:
Elle voilà votre figure
Sous une noire couverture.
Depuis fuyant toujours ce Dieu,
Petite vous cherchez un lieu,
Qui vous serve de sauvegarde,
Et craignez que Pan vous regarde.
Bien souvent la timidité
Fait voir votre dextérité,
Vous sautelez à l'impourvue,
Quand vous soupçonnez d'être vue,
Et de vous ne reste, sinon
La crainte, l'adresse, et le nom.
Qui d'une bouchette mignarde
Suçottes le sang incarnat,
Qui colore un sein délicat,
Vous pourrait-on dire friande,
Pour désirer telle viande?
Vraiment nenni, car ce n'est point
La friandise qui vous point:
Et si (pourtant) n'allez à l'aventure
Pour chercher votre nourriture,
Mais pleine de discrétion,
D'une plus sage affection,
Vous choisissez place honorable
Pour prendre un repas agréable:
Ce repas seulement est pris
Du sang le siège des esprits.
Car désirant être subtile
Vive, gaie, prompte et agile,
Vous prenez d'un seul aliment
Nourriture et enseignement.
On le voit par votre allégresse
Et vos petits tours de finesse,
Quand vous sautelez en un sein
Fuyant la rigueur d'une main.
Quelquefois vous faites la morte
Puis d'une ruse plus accorte,
Vous fraudez le bras poursuivant,
Qui pour vous ne prend que du vent.
O mon Dieu de quelle manière
Vous fuyez cette main meurtrière,
Et vous cachez aux cheveux longs
Comme syringue entre les joncs.
Ah que je crains pour vous mignonne
Cette main superbe et félonne,
Hé pourquoi ne veut-elle pas
Que vous preniez votre repas?
Votre blessure est cruelle,
Votre pointure n'est mortelle,
Car en blessant pour vous guérir,
Vous ne tuez que pour nourrir.
Vous êtes de petite vie:
Mais aimant la Géométrie
En ceux que vous avez point
Vous tracez seulement un point,
Où les lignes se viennent rendre.
Encor avez-vous su apprendre
Comment en Sparte les plus fins,
Ne se laissent prendre aux larcins,
Vous ne voulez être surprise:
Quand vous avez fait quelque prise,
Vous vous cachez subtilement
Aux repris de l'accoutrement.
Puce, si ma plume était digne,
Je décrirais votre origine:
Et comment le plus grand des Dieux,
Pour la terre quittant les Cieux,
Vous fit naître, comme il me semble,
Orion et vous tout ensemble.
Mais il faudra que tel écrit
Vienne d'un plus gentil esprit,
De moi je veux seulement dire
Vos beautés, et le grand martyre
Que Pan souffrit en vous aimant,
Avant qu'on vît ce changement
Et que votre face divine
Prît cette couleur ébénine,
Et que vos blancs pieds de Thétis
Fussent si grêles et petits
Puce quand vous étiez pucelle,
Gentille, sage, douce et belle,
Vous mouvant d'un pied si léger,
A sauter et à voltiger,
Que vous eussiez peu d'Atalante
Devancer la course trop lente,
Pan voyant vos perfections,
Sentit un feu d'affections,
Désirant votre mariage:
Mais quoi? votre vierge courage
Aima mieux vous faire changer
En Puce, afin de l'étranger,
Et que perdant toute espérance
Il rompit sa persévérance.
Diane sut votre souhait,
Vous le voulûtes, il fut fait:
Elle voilà votre figure
Sous une noire couverture.
Depuis fuyant toujours ce Dieu,
Petite vous cherchez un lieu,
Qui vous serve de sauvegarde,
Et craignez que Pan vous regarde.
Bien souvent la timidité
Fait voir votre dextérité,
Vous sautelez à l'impourvue,
Quand vous soupçonnez d'être vue,
Et de vous ne reste, sinon
La crainte, l'adresse, et le nom.