Ce soir, tout est calme et sans bruit. Mes parents sont partis faire quelques courses pour le dîner. Je suis sur le fauteuil dans le salon en train d'observer la neige tomber dehors. Chaque flocon se pose sur le toit avec une délicatesse infinie. Soudain, un bruit m'interpelle et me terrorise. A l'étage, je serai peut-être en plus en sécurité... La lumière des escaliers n'est pas allumée, je ne suis pas rassurée. Je crois voir une espèce de silhouette très grande et très maigre. Elle me fixe avec ses grands yeux blancs. De peur qu'elle ne me saute dessus, j'allume la lumière. La créature disparait instantanément. Mon imagination crée toutes sortes d'ombres quand il fait noir. Tout en continuant mon chemin à travers la maison, Caramel, mon chat, apparait. Est-ce lui ? Tous les chats sont-ils vraiment gris la nuit ? Il faut à tout prix que j'allume cette satanée lumière, mais l'interrupteur ne marche pas. Une coupure de courant sûrement. Avec toute cette neige et ce vent rien d'étonnant. Qu'est-ce que je vais faire sans lumière, toute seule dans cette grande maison ? Je réfléchis une seconde, cela me revient. Dans le tiroir de mon bureau, il y a une lampe torche ! En tâtant les murs pour arriver jusqu'à ma chambre je crois toucher une araignée qui déambule. Elle est gigantesque. Je fais un bond énorme ! Et si elle montait sur moi ? Et si elle se faufilait sous mes vêtements ? Et si elle me piquait ? En me rappelant que je n'ai pas de lumière, je reprends mes esprits : après tout, j'ai peut-être rêvé... Enfin arrivée dans ma chambre, je fais tomber les livres et tout le bazar qu'il y a sur mon bureau. Mais la lampe torche est là, c'est bien le plus important. Maintenant, je crois que je vais aller sur le canapé de l'étage en attendant le retour de mes parents... Il fait très sombre et tout est calme, trop calme à mon goût. Oh, tiens, voilà Caramel ! Il se blottit contre moi et ne tarde pas à s'endormir... Comment fait-il alors qu'on est exposés à plein de dangers possibles ? Ça me rassure qu'il soit à côté de moi. A chaque fois que j'ai peur, mes parents me disent d'imaginer être dans une bulle très belle dans laquelle rien ne peut m'arriver. Aujourd'hui, je n'y arrive pas. Pleins de bruits attirent mon attention et à chaque fois renforcent ma peur, m'empêchant de me concentrer. Subitement, un bruit bien plus fort et plus puissant me fait sursauter. Quelqu'un ou quelque chose semble taper contre la paroi de la maison. Je pense tout de suite à un cambrioleur ou à un assassin venu me tuer. J'examine le bruit tout en étant pétrifiée et très stressée. Il ne semble pas venir d'en bas. Il faut que je cherche son origine mais ma peur m'en empêche. Je pense à mes parents, je sais qu'il ne peut rien m'arriver car la porte d'entrée du bas est verrouillée. Je prends mon courage à deux mains et je décide de partir à l'aventure semi-pétrifiée. La lumière ne s'allume toujours pas, je vais donc devoir descendre dans le noir. J'attrape la lampe torche et j'essaye de l'allumer mais elle ne veut pas fonctionner... Ce n'est pas mon jour de chance, je crois qu'elle n'a plus de piles. Tout doucement, je me lève du canapé et au premier pied posé par terre, je crie. Il n'y a pourtant rien sous mes pieds, mon imagination me joue des tours... Je me retrouve peu de temps après à côté de la porte de ma chambre. J'entends toujours le bruit qui tape. Et ce chat, pourquoi me suit-il ainsi avec sa petite clochette qui renforce mon angoisse ? Pour parfaire cette mélodie digne d'une BO de film d'horreur, un autre bruit moins fort se dégage du dernier étage. Et si un gang entier était venu pour me tuer et me cambrioler tout à la fois ?! Le dernier étage est plus proche de moi, c'est donc avec la boule au ventre que je décide d'aller explorer là-haut. En montant les escaliers, le bruit prend de plus en plus d'ampleur. Le bruit contre la paroi est fort également. Enfin arrivée en haut, il ne me reste que quelques pas et une porte à ouvrir pour découvrir qui fait ce bruit. A pas de loup j'avance sur le plancher pour aller ouvrir la porte de la pièce. Il grince, ce n'est pas discret malgré tout le soin que j'apporte à ne pas dévoiler ma présence. J'ouvre la porte. C'était donc le volet qui était juste mal attaché et à cause du vent, n'arrêtait pas de claquer contre le mur. Cela me rassure. Mais néanmoins il reste ce bruit qui vient d'en bas... Il faut que je descende les deux escaliers sans tomber. Ça, ce sera plus compliqué... J'arrive au premier étage et à chaque pas supplémentaire ma peur décuple. J'avance dans le couloir qui mène au dernier escalier quand soudain j'entends des voix sourdes qui crient. Ce bruit incessant ne s'arrête pas. La neige tombe toujours aussi fort qu'il y a trente minutes et le vent continue de faire frapper le volet d'en haut. J'entame la dernière descente. Avec mes chaussettes, je glisse sur les marches en bois et manque de me casser le coccyx. Je me relève vite et je serre les dents : je suis arrivée plus vite que prévu en bas ! Le bruit est toujours présent, il semble venir de la porte. Je prends sur moi, j'arrive à mettre ma peur de côté et j'avance. Quelle surprise de découvrir qui faisait tout ce bruit ! Mes parents sont derrière la porte verrouillée... et ils sont trempés. C'était donc eux qui frappaient à la porte depuis tout ce temps ! Aussitôt, je leur ouvre et je ne les fait pas plus attendre. Papa me demande pourquoi je ne leur ai pas ouvert plus tôt. Je leur résume mon histoire : la coupure de courant, les ombres, Caramel, le volet, les voleurs et tous ces bruits. Les adultes n'ont peut-être pas peur du noir parce qu'ils payent leurs factures d'électricité ? Tiens, en parlant d'électricité, la lumière est revenue ! Comme quoi, des fois, la peur du noir ne sert vraiment à rien...