La mère morte

Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Á vraie dire, je n'ai jamais été d'accord avec elle. Mais je pense qu'elle avait raison. Pauvre mère ! Aujourd'hui j'ai trente ans et ça va bientôt faire un an que mon père l'a rejoint de l'autre côté du rideau.
Aujourd'hui j'ai une famille, une grande famille. Une femme superbe, avocate, obstinée à défendre ses convictions et ses clients, une femme forte comme le dirait certains. J'ai aussi deux magnifiques enfants. Une fille et un garçon. Nadia et Éric respectivement sept ans et trois ans. Mes raisons de vivre. Bien que tout aille bien dans ma vie actuelle, je continue par ressentir un vide. Si seulement ils étaient toujours là, mes parents !
Pour que vous compreniez, nous allons faire un petit tour en arrière. Un petit saut à quand je n'avais encore que dix ans. Quand j'étais toujours sans défense et que je pouvais défendre, ni moi ni les autres.
Bref j'ai dix ans. J'étais au collège et mes hormones ont commencé par me démanger. Déjà à l'époque, je ne mangeais aucun fruit et ça continue jusqu'aujourd'hui. Mon père était un homme fier. Il n'était ni riche ni pauvre. Il avait le nécessaire dont il avait besoin pour ses besoins, celle de sa famille et de ses projets. Il dirigeait tout seul un service et rendait compte à ses supérieurs. Je pense que ce genre de pouvoir qu'il avait au service avait déteint sur son comportement à la maison. Ma mère, elle, elle était une femme, une vraie. Une qui aime ses enfants, son mari et sa vie. Enfin jusqu'au premier incident. Les choses ne sont plus claires dans ma tête mais je pense que c'est à ce moment que tout a basculé.
La première fois qu'il a levée la main sur elle ! Ceux dont je me rappelle, c'est de lui, mon père, dans un excès de colère en revenant de son service. Je me rappelle des voisins qui sont intervenus pour l'arrêter. J'aimerais tant mettre ça au nom de la bière mais mon père était quelqu'un qui ne buvait point. Donc non ! Non ! Je ne peux en aucun cas mettre ça au nom de la bière. C'est à partir de ce moment que mes sentiments par rapport à lui ont commencé par se dégrader.
Personne ne devrait lever la main sur une femme. Surtout une à qui tu jures amour et fidélité.
Les larmes n'arrêtaient pas de tomber de mes yeux. D'aucun dirait que je pleurais toutes larmes de mon corps. Et il était petit, mon corps. Je ne pus me retenir d'aller dans la chambre de ma mère, là où elle se réfugie après l'incident, pour essayer de la réconforter. Dès que je poussais la porte, je la vis sourire et pourtant juste avant que ma main ne se pose sur la poignée de la porte, je l'entendais gémir d'émotions qu'aucun enfant ne voudrait entendre sa mère émettre. Bref, j'entrais, toujours les larmes aux yeux. Elle me demandait si tout allait bien et pourquoi je pleurais. Je n'arrivais point à répondre. Les émotions d'un enfant surement quand j'y pense aujourd'hui. Elle passa la nuit à me réconforter. Quand je pense que j'y étais pour faire de même!
Quelques semaines après l'incident, après des jours à s'éviter bien que vivant sur un même toit, mes parents se réconciliaient. Tout allait de nouveau mieux. A cette époque, je n'avais rien compris. Comment après ce qui s'est passé, elle peut de nouveau lui sourire. Mais maintenant j'ai compris. Elle était amoureuse. Je ne l'ai compris quand je l'ai été à mon tour.
Tout était redevenu normale jusqu'à un autre jour ou c'est reparti. J'ai vraiment pensé qu'elle aillait le quitter mais non. Ça a été mon tour. Il suffit que j'essaie d'exprimer mon opinion pour qu'il me bastonne pour me faire taire. Le nombre de fois, qu'il s'y est laissé aller sur nous deux, je ne l'ai plus compté jusqu'au jour où je quittais la maison.
Jusqu'aujourd'hui, ça me fait mal que ma mère ne s'est pas délivrée jusqu'à sa mort. C'est peut être ma faute. Et pourtant c'était pour trouver cet argent même que j'ai quitté la maison au début. Trouver de quoi mettre ma mère hors d'atteinte des griffes de mon père. Mon cas ne me tenait pas autant à cœur que celle de ma mère. Je me rappelle de cette nuit, j'avais quinze ans ou seize, où après une autre dispute, elle alla à la cuisine pour nous faire à manger, mon père et moi ! Les larmes lui coulaient sur ses Joux potelés.
En fin de compte, j'ai quitté la maison après cette dispute pour trouver de quoi mettre ma mère à l'aise. Une fuite à l'ancienne. Je n'avais averti personne ni même ma mère. Je me sens tellement mal quand je pense à cette époque où je l'ai laissée seule avec mon père. Le problème, c'est que je n'ai pas trouvé les moyens pour le mettre à l'abri avant que je n'apprenne sa mort un an après ma fugue.
Quelques mois après, mes affaires ont pris. Aujourd'hui j'ai trente ans, j'ai une famille, une grande et ça fait un an que mon père est mort. Je n'avais pas eu le courage d'assister à ses funérailles mais maintenant je suis prêt. J'irai faire un tour sur sa tombe en sortant du boulot.
Je sortis du boulot tôt et j'allai poser un bouquet de fleur sur sa tombe. Je commençais à ruminer l'histoire de ma famille dans la tête quand d'un coup, je l'entendis m'appeler, mon portable. C'est drôle, j'avais mis une sonnerie où l'on entendait ma femme m'appeler par mon nom et me demander de venir. Je sors le portable de ma poche et constata qu'à part la sonnerie, c'était ma femme de l'autre côté du bout du fil. Elle me demanda de rentrer à la maison très vite car il y avait des gens qui m'attendaient. Je pris position dans la nouvelle MAZERATI que je venais d'acheter. Cette odeur de neuf me plaisait tellement que ça fait une semaine que je l'ai mais je n'ai jamais autorisé que l'intérieur sois nettoyé. J'arrive à la maison décontracté. Je remarquais la voiture de l'oncle Ben, le frère éloigné de ma mère, garé devant. Il est surement venu me demander de l'argent criaient mes pensées mais mes sentiments n'en tenaient pas compte. Depuis les funérailles de ma mère, je ne l'ai plus vu. Ce n'est pas comme si je lui avais laissé mon adresse. Vu que je n'avais même pas mon chez moi à l'époque. Je rentrais au salon joyeux et je vis mon oncle posé dans le canapé.
- Oncle Ben, comment vas-tu ? disais-je d'un air joyeux.
- Bien. Dit-il d'un air timide
Pendant qu'il me répondait je remarquais la présence de ma femme à la cuisine. Elle semblait discuter avec quelqu'un. Je me précipitais vers la cuisine pour l'avertir de mon retour. Mon oncle commençait à me rappeler dans mon élan vers la cuisine, prétextant qu'on devrait parler avant que je n'aille voir ma femme. Je poussais la porte entre ouverte de la cuisine avec ma main droite et surprise ! Elle était là. En chair et en os. Nombreux sont ceux qui pouvait rêver de ce jour. Et comment savoir que je n'étais pas en train de rêver ? Je me pinçais pour vérifier et c'était confirmé. Ce n'était pas un rêve. Ma mère était là, dans la cuisine, plus belle que jamais, avec un visage épanoui.
Je courus à ma voiture, démarrai et partis faire un tour en ville. Je l'attendais me dire d'attendre mais c'était trop pour moi. Apres avoir roulé quelques minutes, je suis revenu à la maison.
C'est ainsi qu'elle m'a expliqué comment elle a été aidé par son frère, c'est-à-dire mon oncle, pour simuler sa mort. Comment elle a été accueillie par une association et comment elle s'est remariée et est heureuse au ménage de nouveau. Je ne faisais que faire couler des larmes de nouveau. Et c'est là qu'elle me dit la même chose que je n'avais plus attendu, il y a cella des années.
- Ne pleure pas. Je t'avais dit que tu étais différent. Regarde tout ce que tu as accompli et tous ceux que tu aides à travers ton association. Je suis fière de toi. Tu es mon extra-terrestre à moi, mon bébé à moi.
Alors selon vous, suis-je aussi différent que ça ?