La mal-aimée

Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Très éloigné de la réalité, papa me disait tout le temps que j'étais la plus belle petite fille du monde, sa "petite princesse". Pour lui j'étais spécial, unique, il n'avait peut-être pas tort. Ce fût mon seul rempart quand maman et tous mes camarades de classe se moquaient de moi. Je n'avais qu'un ami; mon papa et il me faisait me sentir la plus aimée tous les jours. C'était son superpouvoir .

Papa restait la plus grande partie de son temps couché sur son lit d'hôpital. Malade, impuissant dû à son travail dans les mines durant la deuxième guerre mondiale. Il avait développé à la longue un cancer du poumon. Maman, femme forte que j'admirais malgré moi, s'occupait de nous sans se plaindre. Elle avait gagné la place de chef de famille. Cela lui revenait très cher de couvrir les frais médicaux de mon père si bien quelle a dû demander de l'aide à un de ses amis; il s'appelait Jules.

Tonton Jules était le directeur de l'hôpital dans lequel se trouvait papa. Il était devenu mon héros, il s'occupait de papa, maman et moi, mais je n'imaginais pas encore que le prix à payer serait si lourd... Maman et lui c'étaient connu à l'époque où elle étudiait en Amérique quelque temps avant que grand-mère et grand-père ne décèdent dans un terrible accident de la circulation. Maman obtint tant bien que mal son diplôme en droit des affaires. Depuis, elle travaille dans différents cabinets en tant que consultante. Elle prit même l'initiative d'ouvrir son propre cabinet, mais, malheureusement elle n'eut jamais assez d'argent pour le faire ceci à cause de la situation de papa...Cela l'affectait tellement mais elle ne laissait rien transparaître, je comprends maintenant avec le recul que sa manière de me traiter était le produit de tout ce qu'elle endurait en silence. Cela arrivait souvent qu'elle gagne de gros contrats à l'étranger, mais la majorité de ses avoirs allait dans les soins médicaux de papa et nos besoins quotidiens.

Mon père mourut quelque temps après thanksgiving l'année de mes huit ans. J'eus le coeur en lambeau. J'avais perdu la seule personne qui ne m'ait jamais aimé et plus personne après ne m'aimera sans doute jamais comme lui il ne m'a aimé. L'amour sincère d'un père à sa fille. Ça a brisé tout mon univers. J'étais meurtri. Ce jour-là, une partie de moi est morte avec lui. Je devenais alors seule, toute seule face à tous ceux qui m'embêtaient : mes camarades, mes voisins, ma propre mère...

Tonton Jules maria maman l'année suivante. Nous commencions alors notre nouvelle vie. Elle s'annonçait si heureuse. À vrai dire je n'avais à me plaindre de rien. Mon beau-père était très riche et aimant. On vivait dans un luxueux manoir avec plein de domestiques. J'avais même une dame de compagnie. Tout se passait très bien dans le meilleur des mondes jusqu'à cette fâcheuse nuit...J'entendis des pas singuliers dans le couloir qui se rapprochaient de plus en plus de moi. La porte entrouverte, une silhouette et une ombre se dessinaient grâce à la lampe qui me servait de veilleuse. La porte s'ouvrit d'un coup sec ce qui me fit sursauter j'eus très peur et je commençais à me demander ce qui était entrain d'arriver le premier jour des vacances d'été. La silhouette s'approcha de moi d'un pas certain faisant grandir son ombre sur le mur ce qui me faisait davantage peur. C'est quand elle se mit à mon chevet que je pus distinguer les traits du visage de la personne qui se trouvait devant moi : c'était mon nouveau papa... et il était somnambule. En fait, c'est ce que je croyais mais je me trompais.
Il me murmura à l'oreille "ne t'inquiète pas tout ira bien" puis il déboutonna sa chemise et enleva son pantalon. Je le regardais abasourdie ne comprenant rien. J'ai essayé de lui demander ce qui se passait mais il ne me répondit pas. Il monta sur le lit et me demanda d'écarter les jambes quand il fut tout nu. J'obtemperais inquiète de ce qui allait se passer car il m'avait dit que "tout ira bien". Il ajouta "ça te fera un peu mal au début mais après ça ira". Je ne comprenais pas ce qui était entrain de se passer trop jeune et innocente. L'inévitable arriva... il me viola... Et ça a duré toutes les vacances. Il m'a sévèrement commandé de ne jamais en parler à ma mère. Il me disait que c'était de ma faute, que j'étais responsable de tout et je le croyais... Le conte de fées a très vite viré au cauchemar.

Les années se succédèrent mais elles se ressemblaient toutes. J'étais toujours contrainte de faire "plaisir" au mari de maman quand il le voulait. Ça se passait souvent sous le nez de ma mère, mais elle ne voyait rien. Je criais à l'aide mais elle n'entendait pas. Mais un jour le jeu s'arrêta le mois où je ne vis pas mes règles à l'âge de 15 ans. Maman ne voulant pas prendre de risque m'emmena souciante à l'hôpital pour me faire des examens médicaux croyant que c'était un cancer comme papa avait déjà été touché. J'ai passé plusieurs examens et on eut la réponse à ses préoccupations. Je n'étais pas malade, mais enceinte. Maman surprise me demanda qui était le père du bébé que j'attendais. J'avais si peur de lui dire la vérité. Les mots ne sortaient pas de ma bouche. Seules les larmes ruisselèrent sur mon visage et entre deux sanglots je lui avoua que c'etait son mari mon beau papa l'auteur de ma grosseuse. Elle me regarda effarée détruite. Maman porta plainte à son mari pour detournement et abus sur mineur et nous avons gagné le procès. Beau-papa a perdu de sa réputation et une bonne partie de sa fortune et maman et moi nous l'avons quitté. J'ai fait une fausse couche due au stress du procès mais maman m'a consolé et je vais mieux maintenant. Elle m'a dit "j'ai toujours su que tu étais différente, tu es une battante une survivante surtout ne changes pas".