Elle est morte, elle est morte,
La gloire des jours s’en est allée,
Qui maintenant ira le matin réveiller le vieux puits sonore ?
Oui répondra le soir en chantant à la voix dolente des
brebis ?
Qui fera résonner son rire clair par les sentiers ?
Et rebondir le fuseau, et ressaisir le fuseau lorsqu’il
s’échappe ?
C’est pour elle que brillait le soleil ;
Tu aurais mieux fait d’éteindre le soleil, mon Dieu,
C’est pour elle que le maïs avait des cheveux d’or ;
Tu aurais mieux fait de prendre les cheveux d’or du
maïs, ô mon Dieu.
C’est pour arriver à elle que le soir tombaient les étoiles,
Et la terre nous la prendra.
Chaque fois qu’elle passait dans les sillons fraîchement
réunis
La terre lui disait : Belle fille.
Comme je voudrais t’avoir,
Te coucher dans mon sein
Où germent les racines.
Je fais tant de fleurs pour les plaines,
Des fleurs qui brillent au grand jour,
Que je veux une fleur pour moi seule,
Une fleur que je couvrirai.
Une fleur dont je me nourrirai.
Et la terre l’a prise,
Et la terre la tient entre ses bras.
Et la jeune fille répondait à la terre :
Bonne terre fraîche, ne me prends pas,
Ne me tiens pas dans tes bras.
N’as-tu pas assez des semailles qui frissonnent.-’
Et du pas léger des amants ?
Bonne terre fraîche, je ne veux pas dormir sous toi,
Mais je veux me couvrir la tête
Et devenir une épouse robuste aux travaux,
Et te donner la sueur de ma jeunesse,
Et faire de beaux enfants qui te cultiveront.
Bonne terre fraîche, ne me prends pas.
Mais la terre l’a prise,
La terre la tient entre ses bras.
La terre ne la rendra pas.
Elle est morte, elle est morte.
Oui maintenant ira le matin réveiller le vieux puits sonore ?
Qui répondra le soir à la voix dolente des brebis ?
Oui fera par les sentiers sonner son rire clair ?
Elle est morte, elle est morte.