« Moi je suis différente, je l'ai toujours été. Pour ma mère c'est comme si j'étais une extra-terrestre. » C'est sur la base de ces deux phrases que ma mère aimait sans cesse me dire quand elle parlait de ma grand-mère, que je parvenais à m'accrocher au souffle de vie qui me restait, aussi fin était-il. A l'hôpital, l'on avait très vite la sensation que le temps était suspendu. Ça faisait 5 jours que j'y étais mais j'avais l'impression d'y avoir passé les dernières années de ma vie. Mais malheureusement ou heureusement, le maitre du temps en avait décidé autrement pour moi. Je m'en voulais tout simplement de faire encore partie de ce monde d'épouvante et d'horreurs.
Ma pâleur et ma mine affligée en disaient long sur mon état. Mais en vérité, mon mal n'était point superficiel. Je souffrais de l'intérieur, j'étais consumée par une douleur lancinante, et la peur. Mes bandages en disaient longs sur le mal que je m'étais infligée simplement dans l'espoir d'oublier. Je n'avais adressé la parole à personne depuis que j'étais internée. Mes nuits étaient les unes aussi cauchemardesques que les autres. J'étais hantée par mes souvenirs à tel point que j'avais pendant mes agitations nocturnes retiré mes bandages sans vraiment m'en rendre compte. L'infirmière de garde avait jugé utile de m'en faire de nouveaux. C'était une assez belle une quinquagénaire je dirai, magnifique sourire, elle était assez maternelle contrairement aux autres. Elle me posait sans cesse des questions à chaque fois qu'elle s'occupait de moi mais je demeurai dans un silence de cathédrale. En parlant de foi, il y a longtemps qu'elle m'avait quittée. Ma mère qui, de son vivant avait toujours veillé à m'inculquer des valeurs sur la base de la croyance ne devait pas être fière de moi depuis l'au-delà.
Je n'avais reçu aucune visite depuis que j'étais dans ce lieu où se profile l'ombre de la mort, seule ma cousine Elisa prenait soin de moi. Elle n'est pas très riche, et ne m'a jamais vraiment offert la vie à laquelle j'étais habituée, mais c'est quelqu'un de bien, quelqu'un de bien pour qui je ne le crains, je suis devenue un lourd fardeau. Elle avait été la seule à me croire lorsque les évènements à l'origine de ma morosité étaient survenus.
Il était 17h par là quand Marie, la gentille infirmière se prêtait au même exercice à savoir me poser des questions sur qui j'étais, et surtout POURQUOI ?
C'était étrange, mais je l'ai regardé dans les yeux pour la première fois et j'ai vu dans son regard profond et tendre non pas des jugements, mais de la compassion, ça avait l'air d'être quelqu'un de prévenant, je me suis sentie comme désarmée et j'ai eu envie pour la deuxième fois de ma vie de me confier.
J'ai tout d'abord bredouillé mon prénom « Je m'appelle Rita » elle était surprise et en même temps prise d'enthousiasme car enfin je daignais lui répondre. A peine voulait-elle poursuivre l'échange que je me suis mise à tout lui raconter avec de l'amertume.
« Je m'appelle Rita, j'ai 18 ans et oui j'ai tenté de me suicider. Mais ça, vous le savez déjà. Je vois très bien la façon dont vous me regardez. Vous vous demandez sans doute comment j'ai fait pour en arriver là... » A peine j'eus terminé cette phrase que Elisa entra dans la chambre, me coupant ainsi dans mon élan de confession. J'ai tout de suite vu la déception dans le regard de ma charmante infirmière après tous les efforts consentis afin que je me mette à table. Mais avant qu'elle ne quitte la chambre, d'une voix fébrile je lui dis :
-Pourrai-je avoir du papier et un stylo svp ?
Surprise, elle me dit :
-Bien sûr !
Ce qu'elle se dépêcha de faire. Ma cousine quant à elle n'en revenait pas, elle venait de suivre le son de ma voix depuis mon réveil dans cet hôpital. Elle s'empressa de me demander comment je me sens mais j'ai vite fait de redevenir muette comme une carpe.
Tard dans la nuit, j'ai décidé d'écrire ce que je ne pouvais dire Marie.
«Le rejet des autres est quelque chose qui se vit difficilement Marie, j'en fais les frais aujourd'hui. J'ai perdu mes parents dans un tragique accident de la circulation à l'âge de 12 ans et croyez-le ou non qui allait prendre soin de la seule orpheline des disparus était la dernière chose qui importait ma famille. Ils étaient tous trop préoccupés à s'accaparer des biens de mes parents morts prématurément. Au final, il a été décidé que j'aille vivre chez mon oncle Benjamin. Dès mon arrivée, j'ai su que mon séjour ne serait pas une partie de plaisir, La liste des corvées m'attendait de pied ferme telle la nouvelle femme de ménage. L'épouse de mon oncle n'était pas la femme la plus travailleuse, ni même respectueuse qui soit. Mais je me pliais à ses tous désirs, qui avais-je d'autre dans ce monde désormais ? Personne ! J'avais 13 ans je devais vivre cette vie et en même temps subir les changements de mon corps. Je n'étais visiblement pas la seule à l'avoir remarqué vu que plus d'une fois j'avais surpris mon oncle entrain de m'épier sous la douche. Je ne voyais pas vraiment du mal en cela, jusqu'au jour où, alors que je dormais, j'ai senti quelqu'un se glisser dans mon lit, je me suis retournée, et il était là ! Mon oncle ! Il me demandait de me taire et de me laisser faire. Il disait que c'était normal mais je ne me sentais pas en sécurité quand j'ai essayé de me débattre ses yeux sont devenus noirs de colère et a menacé de me chasser de la maison et de me faire tuer (ses activités n'étaient pas très claires, tout le monde le savait dans la famille mais personne n'osait en parler parce qu'il était riche) j'avais peur et je pleurais, après m'avoir déshabillé j'ai senti sa présence en moi, aussi douloureuse était-elle, je pleurais sans relâche en le suppliant d'arrêter mais mes pleurs avaient visiblement un effet inverse chez lui. Quand il eut finit, il me lança une dernière menace afin de gagner mon silence. Les jours, les semaines et les mois qui ont suivi c'était devenu récurent. Jusqu'au jour où Elisa est venue me rendre visite. Très vite elle avait remarqué qu'il y avait quelque chose de différent chez moi et m'entraina dans la chambre afin que je lui dise ce qui m'arrive et c'est en sanglot que je lui ai tout raconté. Elle était outrée et a fait convoquer un conseil de famille le week-end suivant prétextant vouloir parler de ma garde, mais une fois la famille installée, elle se mit à raconter tout ce que je lui avais dit. Personne ne nous a crus, selon eux et l'accusé, je ne me plaisais simplement pas chez mon oncle et mes parents m'avaient trop gâté. Mon oncle, était influent et avait beaucoup d'argent, ils se sont rangés sans ciller de son côté et nous sommes vite devenus les Persona non grata de la famille jusqu'à nos jours. J'ai été chassée de chez mon oncle et Elisa m'a accueillis. Mais, chaque nuit je revivais le film de ces séances de torture que m'infligeait cet homme, des pratiques les unes aussi abjectes que les autres. Et j'ai un beau matin décidé d'y mettre fin. J'ai pris une lame de rasoir et j'ai pensé à mes parents une dernière fois, puis, je me suis réveillée ici j'ai très vite su que je n'étais pas en enfer malheureusement, Elisa était à mon chevet. Merci d'avoir insisté, Merci pour votre bienveillance, je ne suis pas guérie mais je me sens légère en vous écrivant aujourd'hui
Rita »
Le lendemain matin lors de sa ronde je lui glissai discrètement le bout de papier. 2H après, je fus surprise qu'elle revienne avec un autre bout de papier, me le donna et s'en alla. Je l'ai ouvert et à son apparence on aurait dit un poème. C'en était un. Un poème que j'avais eu à lire une fois au passage sur Internet et dont je n'avais jamais vraiment compris le sens, c'était INVICTUS, de William Ernest Henley. Après l'avoir lu, j'ai tout de suite compris, et j'ai ressenti de la force, la force de me relever mais surtout, la force de me reprendre en main et devenir celle que mes parents auraient voulu que je sois...
Ma pâleur et ma mine affligée en disaient long sur mon état. Mais en vérité, mon mal n'était point superficiel. Je souffrais de l'intérieur, j'étais consumée par une douleur lancinante, et la peur. Mes bandages en disaient longs sur le mal que je m'étais infligée simplement dans l'espoir d'oublier. Je n'avais adressé la parole à personne depuis que j'étais internée. Mes nuits étaient les unes aussi cauchemardesques que les autres. J'étais hantée par mes souvenirs à tel point que j'avais pendant mes agitations nocturnes retiré mes bandages sans vraiment m'en rendre compte. L'infirmière de garde avait jugé utile de m'en faire de nouveaux. C'était une assez belle une quinquagénaire je dirai, magnifique sourire, elle était assez maternelle contrairement aux autres. Elle me posait sans cesse des questions à chaque fois qu'elle s'occupait de moi mais je demeurai dans un silence de cathédrale. En parlant de foi, il y a longtemps qu'elle m'avait quittée. Ma mère qui, de son vivant avait toujours veillé à m'inculquer des valeurs sur la base de la croyance ne devait pas être fière de moi depuis l'au-delà.
Je n'avais reçu aucune visite depuis que j'étais dans ce lieu où se profile l'ombre de la mort, seule ma cousine Elisa prenait soin de moi. Elle n'est pas très riche, et ne m'a jamais vraiment offert la vie à laquelle j'étais habituée, mais c'est quelqu'un de bien, quelqu'un de bien pour qui je ne le crains, je suis devenue un lourd fardeau. Elle avait été la seule à me croire lorsque les évènements à l'origine de ma morosité étaient survenus.
Il était 17h par là quand Marie, la gentille infirmière se prêtait au même exercice à savoir me poser des questions sur qui j'étais, et surtout POURQUOI ?
C'était étrange, mais je l'ai regardé dans les yeux pour la première fois et j'ai vu dans son regard profond et tendre non pas des jugements, mais de la compassion, ça avait l'air d'être quelqu'un de prévenant, je me suis sentie comme désarmée et j'ai eu envie pour la deuxième fois de ma vie de me confier.
J'ai tout d'abord bredouillé mon prénom « Je m'appelle Rita » elle était surprise et en même temps prise d'enthousiasme car enfin je daignais lui répondre. A peine voulait-elle poursuivre l'échange que je me suis mise à tout lui raconter avec de l'amertume.
« Je m'appelle Rita, j'ai 18 ans et oui j'ai tenté de me suicider. Mais ça, vous le savez déjà. Je vois très bien la façon dont vous me regardez. Vous vous demandez sans doute comment j'ai fait pour en arriver là... » A peine j'eus terminé cette phrase que Elisa entra dans la chambre, me coupant ainsi dans mon élan de confession. J'ai tout de suite vu la déception dans le regard de ma charmante infirmière après tous les efforts consentis afin que je me mette à table. Mais avant qu'elle ne quitte la chambre, d'une voix fébrile je lui dis :
-Pourrai-je avoir du papier et un stylo svp ?
Surprise, elle me dit :
-Bien sûr !
Ce qu'elle se dépêcha de faire. Ma cousine quant à elle n'en revenait pas, elle venait de suivre le son de ma voix depuis mon réveil dans cet hôpital. Elle s'empressa de me demander comment je me sens mais j'ai vite fait de redevenir muette comme une carpe.
Tard dans la nuit, j'ai décidé d'écrire ce que je ne pouvais dire Marie.
«Le rejet des autres est quelque chose qui se vit difficilement Marie, j'en fais les frais aujourd'hui. J'ai perdu mes parents dans un tragique accident de la circulation à l'âge de 12 ans et croyez-le ou non qui allait prendre soin de la seule orpheline des disparus était la dernière chose qui importait ma famille. Ils étaient tous trop préoccupés à s'accaparer des biens de mes parents morts prématurément. Au final, il a été décidé que j'aille vivre chez mon oncle Benjamin. Dès mon arrivée, j'ai su que mon séjour ne serait pas une partie de plaisir, La liste des corvées m'attendait de pied ferme telle la nouvelle femme de ménage. L'épouse de mon oncle n'était pas la femme la plus travailleuse, ni même respectueuse qui soit. Mais je me pliais à ses tous désirs, qui avais-je d'autre dans ce monde désormais ? Personne ! J'avais 13 ans je devais vivre cette vie et en même temps subir les changements de mon corps. Je n'étais visiblement pas la seule à l'avoir remarqué vu que plus d'une fois j'avais surpris mon oncle entrain de m'épier sous la douche. Je ne voyais pas vraiment du mal en cela, jusqu'au jour où, alors que je dormais, j'ai senti quelqu'un se glisser dans mon lit, je me suis retournée, et il était là ! Mon oncle ! Il me demandait de me taire et de me laisser faire. Il disait que c'était normal mais je ne me sentais pas en sécurité quand j'ai essayé de me débattre ses yeux sont devenus noirs de colère et a menacé de me chasser de la maison et de me faire tuer (ses activités n'étaient pas très claires, tout le monde le savait dans la famille mais personne n'osait en parler parce qu'il était riche) j'avais peur et je pleurais, après m'avoir déshabillé j'ai senti sa présence en moi, aussi douloureuse était-elle, je pleurais sans relâche en le suppliant d'arrêter mais mes pleurs avaient visiblement un effet inverse chez lui. Quand il eut finit, il me lança une dernière menace afin de gagner mon silence. Les jours, les semaines et les mois qui ont suivi c'était devenu récurent. Jusqu'au jour où Elisa est venue me rendre visite. Très vite elle avait remarqué qu'il y avait quelque chose de différent chez moi et m'entraina dans la chambre afin que je lui dise ce qui m'arrive et c'est en sanglot que je lui ai tout raconté. Elle était outrée et a fait convoquer un conseil de famille le week-end suivant prétextant vouloir parler de ma garde, mais une fois la famille installée, elle se mit à raconter tout ce que je lui avais dit. Personne ne nous a crus, selon eux et l'accusé, je ne me plaisais simplement pas chez mon oncle et mes parents m'avaient trop gâté. Mon oncle, était influent et avait beaucoup d'argent, ils se sont rangés sans ciller de son côté et nous sommes vite devenus les Persona non grata de la famille jusqu'à nos jours. J'ai été chassée de chez mon oncle et Elisa m'a accueillis. Mais, chaque nuit je revivais le film de ces séances de torture que m'infligeait cet homme, des pratiques les unes aussi abjectes que les autres. Et j'ai un beau matin décidé d'y mettre fin. J'ai pris une lame de rasoir et j'ai pensé à mes parents une dernière fois, puis, je me suis réveillée ici j'ai très vite su que je n'étais pas en enfer malheureusement, Elisa était à mon chevet. Merci d'avoir insisté, Merci pour votre bienveillance, je ne suis pas guérie mais je me sens légère en vous écrivant aujourd'hui
Rita »
Le lendemain matin lors de sa ronde je lui glissai discrètement le bout de papier. 2H après, je fus surprise qu'elle revienne avec un autre bout de papier, me le donna et s'en alla. Je l'ai ouvert et à son apparence on aurait dit un poème. C'en était un. Un poème que j'avais eu à lire une fois au passage sur Internet et dont je n'avais jamais vraiment compris le sens, c'était INVICTUS, de William Ernest Henley. Après l'avoir lu, j'ai tout de suite compris, et j'ai ressenti de la force, la force de me relever mais surtout, la force de me reprendre en main et devenir celle que mes parents auraient voulu que je sois...