« Moi je suis différente, je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extraterrestre ». En entendant ces mots, Callie fût submergée par une émotion si grande qu'elle dû se retenir de pleurer. Elle était en train de savourer un film diffusé sur sa chaîne de télévision préférée, lorsque l'héroïne prononça ces paroles si évocatrices pour elle. Le film diffusé n'avait désormais plus d'intérêt à ses yeux, aussi préférait-elle se plonger dans ses pensées car ces quelques mots avaient suffi à faire émerger au plus profond d'elle un nœud de sentiments nostalgiques.
Depuis sa plus tendre enfance, Callie n'a eu qu'un seul modèle, qu'une seule lumière pour éclairer son chemin et son existence toute entière : il s'agissait de son père. Seulement, il y a quelques années, et pour son plus grand malheur, son père si cher à son cœur s'est éteint, la laissant aux prises avec un monde hostile et plein défis à relever. Néanmoins, Callie se dit qu'elle aurait certainement eu moins de mal à remonter la pente si ses difficultés découlaient toutes de facteurs exogènes. Hélas, la providence a voulu que sa principale source d'épreuves et de souffrances soit sa propre mère. Si on l'entendait penser cela, bon nombre de gens diraient : « Encore une enfant mal élevée qui essaie de dicter sa loi à sa mère. Qu'elle en assume les conséquences !!! ». Dans tous les cas, c'est à ce genre de remarques que la pauvre Callie avait droit chaque fois qu'elle prenait le courage d'alerter son entourage concernant les sévices physiques et psychologiques qu'elle ne cessait de subir de la part de sa génitrice. Aucun de ses proches ne semblait vouloir ne serait-ce que concevoir qu'il existe des mères complètement dénuées de l'instinct maternel, cet instinct qui incite normalement toute femme ayant donné la vie, à protéger son enfant et non à le persécuter. D'ailleurs, Callie n'oubliera jamais cet adage fétiche que les aînés pleins de sagesse vers lesquels elle se tournait pour obtenir de l'aide, ne manquaient pas de lui rappeler, à savoir : « L'enfant n'entre pas en procès avec ses parents ».
« Un procès », était-ce ce que Callie demandait, sûrement pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver une vie paisible, loin de la misère, de l'humiliation et du sentiment d'échec qui grandissait inexorablement en elle. Ayant pris conscience de ce qu'elle ne pouvait pas compter sur ses proches pour affronter vaillamment l'amertume de son quotidien, Callie s'était repliée sur elle-même et avait fatalement plongé dans un cycle de colère destructrice. Une rage sourde montait graduellement en elle sans qu'elle puisse la comprimer de quelque manière que ce soit. Incapable de maîtriser une telle émotion, Callie finit par perdre toute retenue.
Sa mère était devenue un tel sujet d'aversion pour elle, que le simple fait de la voir ou de l'entendre la mettait dans une colère noire qui finit par susciter de nombreuses altercations aussi bien verbales que physiques. Grâce au Ciel et malgré tous ces débordements, Callie n'avait jamais pu se résoudre à riposter aux attaques physiques menées contre elle par sa mère, consciente qu'elle était de la malédiction éternelle qui s'abattrait sur elle comme une épée de Damoclès si elle en venait à poser un tel acte. Ainsi donc, en cas d'atteinte à son intégrité physique faisant suite à une violente altercation verbale survenue entre sa mère et elle, Callie essayait tant bien que mal de se protéger en parant les coups qu'elle recevait, en esquivant de justesse les projectiles savamment lancés par sa mère, et en courant se réfugier dans sa chambre où elle s'enfermait autant que faire se peut dans une pièce dont la porte n'a pas de serrure. Toutefois, cette méthode n'a pas toujours été efficace, son adversaire étant bien plus forte et disposée au combat qu'elle ne le serait jamais.
Après cette période d'extrême violence, est venue la phase de la dépression. Fort heureusement, Callie était parvenue à surmonter ce traumatisme, ceci grâce au soutien constant que lui procuraient des êtres chers qui partageaient sa vie. Callie ne pouvait imaginer qu'avec frisson et épouvante ce que serait sa vie aujourd'hui si des mains providentielles ne s'étaient pas tendues vers elle pour la sortir de l'obscurité où elle était plongée. A cette époque-là, elle n'avait pas pensé à faire une introspection de son passé pour parvenir à comprendre les raisons véritables de l'hostilité viscérale que lui vouait sa propre mère. Mais aujourd'hui, assise dans son fauteuil confortable et tourmentée, Callie se dit qu'il était temps pour elle de trouver les causes du conflit malsain qui l'opposait à sa mère depuis si longtemps. En passant en revue dans sa tête les différents sujets de discussion qui conduisaient fatalement à créer un climat de tension entre sa mère et elle, Callie se rendit compte qu'un seul élément était commun à toutes ces disputes, à savoir l'évocation de son père. Elle se souvint d'ailleurs que lors d'une énième altercation entre sa mère et elle, le point central était « son père » :
- Callie : « Pourquoi interdis-tu l'accès à cette maison à mes frère aînés ? » ; -Sa mère : « Ils n'ont aucun droit d'entrer ici. Laissez-moi jouir de mes biens car ils sont à moi, vu toute la souffrance que j'ai endurée de la part de votre père pour en bénéficier aujourd'hui » ; - Callie : « De quelle souffrance parles-tu ? Il t'a donné tout le confort et le bien-être dont une femme peut rêver quand il en avait les moyens.» ; - Sa mère : « De quelle droit tu viens me dire ça. Si mes propos t'énervent tellement va réveiller ton père, de cette manière, il viendra me chasser d'ici lui-même » ; - Callie : « Je n'ai jamais dit que tu devrais partir d'ici. Je veux juste que tu apprennes à respecter la mémoire de mon père ainsi que sa famille, voilà tout » ; -Sa mère : « J'ai l'impression que ton père t'a laissée ici pour diriger ma vie comme il le faisait de son vivant. Je vais vous écraser. Tu es possédée par l'esprit de ton père et c'est pour cela que ta vie est une suite d'échecs et de malédictions. D'ailleurs, tu attends quoi pour aller en mariage, à ton âge j'étais déjà dans mon propre foyer. Trouves-toi un homme capable de t'entretenir comme moi je l'ai fait».
Tout était enfin clair pour Callie, son amour pour son père était la principale cause de ses ennuis avec sa mère. N'étant pas en mesure de déterminer les raisons véritables de la rancune tenace que vouait sa mère à son père, Callie se sentait mal placée pour la juger de ce point de vue-là. Néanmoins, au regard de tout l'amour qu'elle portait, qu'elle porte encore et qu'elle portera toujours à l'endroit de son père, Callie compris que le conflit permanent qui l'oppose à sa mère ne pourrait jamais prendre fin, du moins tant que chacune d'entre elles resterait fermement attachée au souvenir qu'elle garde de cet être remarquable.
Parvenue à cette conclusion évidente quoique très peu réconfortante, Callie se dit à elle-même qu'elle avait fait le bon choix. En effet, au lieu de haïr et de maudire, elle avait choisi d'aimer et de chérir, au lieu de diviser et de détruire, elle avait choisi d'unir et de bâtir. Voilà ce en quoi elle croyait, voilà ce que lui avait appris son père. Désormais, tout ce qui comptait pour elle c'était de vivre en paix aux côtés des êtres qui lui étaient chers, et de ne garder en mémoire que le souvenir immuable de son adorable père. Face à cette réalité implacable, Il fallait bien qu'elle s'adapte et comprenne enfin que pour sa mère, c'est comme si elle était une extraterrestre, parce qu'elle était et sera d'ailleurs toujours la fille de son père. En se levant de son fauteuil ce jour-là, Callie eût le sentiment qu'un poids énorme lui avait été ôté du cœur, et cette sensation lui procura un grand bonheur.
Depuis sa plus tendre enfance, Callie n'a eu qu'un seul modèle, qu'une seule lumière pour éclairer son chemin et son existence toute entière : il s'agissait de son père. Seulement, il y a quelques années, et pour son plus grand malheur, son père si cher à son cœur s'est éteint, la laissant aux prises avec un monde hostile et plein défis à relever. Néanmoins, Callie se dit qu'elle aurait certainement eu moins de mal à remonter la pente si ses difficultés découlaient toutes de facteurs exogènes. Hélas, la providence a voulu que sa principale source d'épreuves et de souffrances soit sa propre mère. Si on l'entendait penser cela, bon nombre de gens diraient : « Encore une enfant mal élevée qui essaie de dicter sa loi à sa mère. Qu'elle en assume les conséquences !!! ». Dans tous les cas, c'est à ce genre de remarques que la pauvre Callie avait droit chaque fois qu'elle prenait le courage d'alerter son entourage concernant les sévices physiques et psychologiques qu'elle ne cessait de subir de la part de sa génitrice. Aucun de ses proches ne semblait vouloir ne serait-ce que concevoir qu'il existe des mères complètement dénuées de l'instinct maternel, cet instinct qui incite normalement toute femme ayant donné la vie, à protéger son enfant et non à le persécuter. D'ailleurs, Callie n'oubliera jamais cet adage fétiche que les aînés pleins de sagesse vers lesquels elle se tournait pour obtenir de l'aide, ne manquaient pas de lui rappeler, à savoir : « L'enfant n'entre pas en procès avec ses parents ».
« Un procès », était-ce ce que Callie demandait, sûrement pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver une vie paisible, loin de la misère, de l'humiliation et du sentiment d'échec qui grandissait inexorablement en elle. Ayant pris conscience de ce qu'elle ne pouvait pas compter sur ses proches pour affronter vaillamment l'amertume de son quotidien, Callie s'était repliée sur elle-même et avait fatalement plongé dans un cycle de colère destructrice. Une rage sourde montait graduellement en elle sans qu'elle puisse la comprimer de quelque manière que ce soit. Incapable de maîtriser une telle émotion, Callie finit par perdre toute retenue.
Sa mère était devenue un tel sujet d'aversion pour elle, que le simple fait de la voir ou de l'entendre la mettait dans une colère noire qui finit par susciter de nombreuses altercations aussi bien verbales que physiques. Grâce au Ciel et malgré tous ces débordements, Callie n'avait jamais pu se résoudre à riposter aux attaques physiques menées contre elle par sa mère, consciente qu'elle était de la malédiction éternelle qui s'abattrait sur elle comme une épée de Damoclès si elle en venait à poser un tel acte. Ainsi donc, en cas d'atteinte à son intégrité physique faisant suite à une violente altercation verbale survenue entre sa mère et elle, Callie essayait tant bien que mal de se protéger en parant les coups qu'elle recevait, en esquivant de justesse les projectiles savamment lancés par sa mère, et en courant se réfugier dans sa chambre où elle s'enfermait autant que faire se peut dans une pièce dont la porte n'a pas de serrure. Toutefois, cette méthode n'a pas toujours été efficace, son adversaire étant bien plus forte et disposée au combat qu'elle ne le serait jamais.
Après cette période d'extrême violence, est venue la phase de la dépression. Fort heureusement, Callie était parvenue à surmonter ce traumatisme, ceci grâce au soutien constant que lui procuraient des êtres chers qui partageaient sa vie. Callie ne pouvait imaginer qu'avec frisson et épouvante ce que serait sa vie aujourd'hui si des mains providentielles ne s'étaient pas tendues vers elle pour la sortir de l'obscurité où elle était plongée. A cette époque-là, elle n'avait pas pensé à faire une introspection de son passé pour parvenir à comprendre les raisons véritables de l'hostilité viscérale que lui vouait sa propre mère. Mais aujourd'hui, assise dans son fauteuil confortable et tourmentée, Callie se dit qu'il était temps pour elle de trouver les causes du conflit malsain qui l'opposait à sa mère depuis si longtemps. En passant en revue dans sa tête les différents sujets de discussion qui conduisaient fatalement à créer un climat de tension entre sa mère et elle, Callie se rendit compte qu'un seul élément était commun à toutes ces disputes, à savoir l'évocation de son père. Elle se souvint d'ailleurs que lors d'une énième altercation entre sa mère et elle, le point central était « son père » :
- Callie : « Pourquoi interdis-tu l'accès à cette maison à mes frère aînés ? » ; -Sa mère : « Ils n'ont aucun droit d'entrer ici. Laissez-moi jouir de mes biens car ils sont à moi, vu toute la souffrance que j'ai endurée de la part de votre père pour en bénéficier aujourd'hui » ; - Callie : « De quelle souffrance parles-tu ? Il t'a donné tout le confort et le bien-être dont une femme peut rêver quand il en avait les moyens.» ; - Sa mère : « De quelle droit tu viens me dire ça. Si mes propos t'énervent tellement va réveiller ton père, de cette manière, il viendra me chasser d'ici lui-même » ; - Callie : « Je n'ai jamais dit que tu devrais partir d'ici. Je veux juste que tu apprennes à respecter la mémoire de mon père ainsi que sa famille, voilà tout » ; -Sa mère : « J'ai l'impression que ton père t'a laissée ici pour diriger ma vie comme il le faisait de son vivant. Je vais vous écraser. Tu es possédée par l'esprit de ton père et c'est pour cela que ta vie est une suite d'échecs et de malédictions. D'ailleurs, tu attends quoi pour aller en mariage, à ton âge j'étais déjà dans mon propre foyer. Trouves-toi un homme capable de t'entretenir comme moi je l'ai fait».
Tout était enfin clair pour Callie, son amour pour son père était la principale cause de ses ennuis avec sa mère. N'étant pas en mesure de déterminer les raisons véritables de la rancune tenace que vouait sa mère à son père, Callie se sentait mal placée pour la juger de ce point de vue-là. Néanmoins, au regard de tout l'amour qu'elle portait, qu'elle porte encore et qu'elle portera toujours à l'endroit de son père, Callie compris que le conflit permanent qui l'oppose à sa mère ne pourrait jamais prendre fin, du moins tant que chacune d'entre elles resterait fermement attachée au souvenir qu'elle garde de cet être remarquable.
Parvenue à cette conclusion évidente quoique très peu réconfortante, Callie se dit à elle-même qu'elle avait fait le bon choix. En effet, au lieu de haïr et de maudire, elle avait choisi d'aimer et de chérir, au lieu de diviser et de détruire, elle avait choisi d'unir et de bâtir. Voilà ce en quoi elle croyait, voilà ce que lui avait appris son père. Désormais, tout ce qui comptait pour elle c'était de vivre en paix aux côtés des êtres qui lui étaient chers, et de ne garder en mémoire que le souvenir immuable de son adorable père. Face à cette réalité implacable, Il fallait bien qu'elle s'adapte et comprenne enfin que pour sa mère, c'est comme si elle était une extraterrestre, parce qu'elle était et sera d'ailleurs toujours la fille de son père. En se levant de son fauteuil ce jour-là, Callie eût le sentiment qu'un poids énorme lui avait été ôté du cœur, et cette sensation lui procura un grand bonheur.