La nuit voit tout, la nuit sait tout.
Journal de bord de : LA NUIT
Samedi 25 novembre, 20h17 :
« Allez, dépêche-toi, je n'ai pas envie d'arriver en retard » le pressa sa mère. « J'arrive, j'arrive ! » répondit Ugo depuis la maison, il courut jusqu'à la voiture et s'installa à l'arrière. Sa mère démarra. Elle conduisait vite, très vite, trop vite ; la voiture dérapa, sortit de la chaussée et traversa la barrière de sécurité.
La mère et le fils hurlèrent en cœur quand les morceaux de verre venant du pare-brise pulvérisé s'enfoncèrent dans leur peau. La voiture dévala la pente et ils perdirent connaissance.
Quand elle se réveilla, le bruit de la sirène des pompiers lui transperça les oreilles. Abasourdie, elle chercha des yeux son fils et le trouva allongé dans la carcasse de la voiture. Il ne bougeait plus. Elle vit les secours approcher pour les évacuer. Ils transportèrent le jeune garçon dans l'ambulance quand une infirmière arriva avec un air désolé sur le visage. La jeune femme demanda avec crainte comment allait son fils et la seule chose que dit l'infirmière fut : « Je suis désolée ».
La mère sentit les larmes lui monter aux yeux quand on l'installa dans l'ambulance.
Journal de bord de : LA NUIT
Jeudi 11 janvier, 18h43 :
La clé tourna dans la serrure et la première pensée qui vint à l'esprit de la jeune femme fut qu'il n'aurait pas dû rentrer aussitôt. Elle courait vers la cuisine quand, la porte s'ouvrit devant un homme.
Il entra et quand il vit que la table n'était pas mise et le repas pas prêt, son regard se teinta de colère. Sa femme eu un mouvement de recul, alors, l'homme esquissa un sourire cruel et dit :
« On a pas préparé à manger à ce que je vois ! Il s'avança et la plaqua contre le mur. Elle hurla de peur quand il la frappa encore et encore. Il finit par la relâcher et elle s'écroula au sol. Elle ne respirait plus. Son cœur ne battait plus.
Journal de bord de : LA NUIT
Samedi 17 février, 21h38 :
Clac ! La porte se referma avec fracas derrière lui. Le musée d'histoire naturelle de la ville était un vrai labyrinthe. A la base, il était venu prendre des notes pour son diplôme de paléontologie mais à cette heure, l'ambiance était plutôt sinistre. Le seul éclairage était la lumière tamisée des sorties de secours et le silence pesant interrompu par le crissement du plancher sous ses pas. Soudain, il s'arrêta net. Il perçut un bruit, un chuchotement infime et inquiétant venant du couloir sur sa droite. Pensant avoir rêvé, il continua à marcher sous le regard fixe et peu rassurant des squelettes de dinosaures qui peuplaient la vaste salle. Brusquement, il s'arrêta de nouveau. Cette fois, il en était sûr, il n'était pas seul. La peur au ventre, il commença à courir pour retrouver la sortie. L'écho de ses pas se répercutait contre les murs quand tout à coup, il crut entrevoir deux ombres au contour vaguement humain qui se mouvaient dans les ténèbres. Son corps fut parcouru de frissons glacés et de la sueur lui coulait dans le dos, il accéléra encore. Une détonation retentit. Quelqu'un avait tiré une balle et s'en suivit un bruit sourd, le bruit d'un corps tombé au sol.
Subitement, une alarme se déclencha et on entendit les pas pressés de deux personnes se ruant vers la sortie. Le jeune homme se dirigea vers l'endroit où il avait entendu le corps tomber et trouva le cadavre du gardien de nuit, une balle fichée dans le torse.
Journal de bord de : LA NUIT
Moi, La Nuit j'attire les émotions négatives. Je suis source de tristesse, de colère, de peur... Mais pourquoi moi ? A-t-on besoin d'émotions négatives ? Pourquoi ma sœur, le jour, attire-t-elle plus les émotions positives ? Le monde irait-il mieux si je n'existais pas ? Suis-je mauvaise ? A-t-on besoin de moi ? Suis-je essentielle ? Si je n'existais pas, le jour n'existerait pas non plus. Si les émotions négatives n'existaient pas, les émotions positives n'existeraient pas non plus. Nous nous équilibrons.
En ayant le mauvais rôle n'ai-je pas le plus beau rôle ?
Depuis la nuit des temps je vois tout, je sais tout et je veille sur l'équilibre des choses.