Moi, je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre.
Je naquis dans une ville côtière au nord du Vietnam, Ha Long. Animée et moderne, son ambiance s'opposait absolument à mon dortoir vétuste. J'avais une enfance difficile. Mon père décéda quand j'étais petit, ma mère travaillait à la boulangerie. Aîné de la famille, j'aurais dû servir d'appui à maman et prendre soin de mon frère. Cependant, il semble que Dieu ait commis une erreur en me créant. Maigre et turbulent, je n'apportais rien d'autre que des perturbations et de mauvaises notes. Face au visage rouge de honte de maman chaque fois que le professeur lui téléphonait, je me rappelais de me changer. Mais honnêtement, des connaissances en classe ressemblaient à quelques trucs issus de Mars. Ou est-ce moi, le Martien ? Il me paraît que ma présence ne double que la douleur et le fardeau de la veuve, ma mère.
Cette année-là, j'étais en 3è. Comme d'habitude, maman m'emmenait à l'école, puis allait à la boulangerie. À midi, son vieux téléphone sonna. Apparut sur l'écran le nom familier "Mme Quyen-professeur". Sans hésitation, elle remit le téléphone en poche car elle en avait marre. Mais "ring ring...", il sonna constamment comme un signe du mal.
_ Bonjour, c'est moi, Thinh.
_ Allo, Mme Thinh. Je vous demande d'aller immédiatement à l'hôpital. Votre fils a frappé son ami et lui a cassé le nez.
Complètement choquée, elle se hâta de s'y rendre. Dix minutes plus tard, maman arriva à la porte de la salle. Mais elle s'arrêta brusquement. La sueur parsemée, les yeux écarquillés, elle se mit à trembler de manière incontrôlable. Devant ses yeux se trouvait son fils dont les vêtements étaient déchirés, les cheveux en désordre et les joues gonflées par des coups de poing. Mais ce n'était pas la raison qui expliqua sa réaction. Elle s'étonna en raison du visage sanglant de mon ami. Au moment où je vis ma mère, mes yeux étaient brillants. Je croyais que je trouvai une bouée de sauvetage, mon avocat au tribunal. Mais sans dire un mot, ma mère alla droit vers moi en me giflant : "Oh mon dieu, qu'est-ce que t'as fait ? Je ne peux pas t'instruire, n'est-ce pas ?" La gifle était légère mais si douloureuse que tant de coups lui étaient incomparables. Mon cœur se brisa. Ma mère aurait dû me demander si j'allais bien et pourquoi j'avais frappé mon ami. À ce moment-là elle aurait dû me défendre, n'est-ce pas ? Je me demandai si j'étais vraiment son fils. L'indignation et l'apitoiement sur moi-même qui se précipita en moi firent couler des larmes. En conséquence, ma mère dut dépenser une grosse somme pour les frais d'hospitalisation et l'indemnité.
Peu importe ce qui arriva, je me fâchai contre ma mère. Elle m'aimait avec maladresse et me montrait toujours la sévérité. Mais j'étais simplement un enfant imparfait et aspirant à la consolation. Après cet incident, maman et moi, nous ne parlâmes pas pendant toute une semaine.
À partir de ce jour-là, je devins silencieux. Je cherchai à cacher l'énergie gênante et toutes mes pensées car personne ne m'entendait. Au fil du temps, plus les appels téléphoniques de l'enseignant devinrent moins fréquents, plus la distance familiale se prolonga. Comme un cheval domestiqué, j'échangeai mon ego contre la tranquillité de ma mère.
Cependant, la vie ne pourra pas être à l'aise si vous vous perdez vous-même. Derrière le calme se cachait mon instinct qui murmurait sans cesse. Quand vous êtes seul, vous avez tellement de choses à dire mais personne ne vous écoute. À long terme, j'exploserais bientôt en une centaine de morceaux.
Heureusement, pendant cette période-là, je trouvai mon âme-sœur, le rap. Je me souviens comme c'était hier du jour où je le connus. C'était la première fois que mon ami m'accompagna au studio près de chez lui. Il n'y avait que des personnes plus âgées qui enregistraient le rap. Immédiatement, je tombai amoureux de ce genre musical. De là, je commençai à faire du rap. Durant l'adolescence, il représentait, pour moi, un refuge qui me protégea des préjugés sociaux. C'était aussi ma seule échappatoire. Énergique et vivant, le Rap me permit de libérer toute la rage que j'avais en moi. Il, par ricochet la musique, me donna l'opportunité de dire ce que j'avais sur le cœur. C'est pourquoi, je passai beaucoup de temps à faire du rap.
En Terminale, je réfléchis bien à ce que je ferais plus tard devant l'orientation professionnelle. Continuer les études supérieures ou poursuivre la passion pour la musique ? J'étais réticent et finalement, j'écoutai l'appel du cœur : le Rap. Alors, je travaillais le jour en consacrant la nuit à produire de la musique. Concierge, facteur ou nettoyeur à ordure, j'exerçais n'importe quel métier pour gagner ma vie et nourrir ma passion. Tous les quelques mois, je voyageais pour chercher de l'inspiration. À ces occasions, je participais aux batailles de rap dans les provinces par où je traversais. Une vie pleine d'expériences m'apprit bien de leçons introuvables à l'école. Je compris à fond combien ça coûte, de l'argent gagné par ma mère et pourquoi elle me gifla auparavant. En tant que mère et père, elle se sentit peut-être trop déçue et incapable de cultiver son fils indiscipliné. Donc, je relâchai peu à peu les idées intolérantes et conciliai avec ma mère. Grâce à cela, elle m'accepta à l'insu de ce que je poursuivais.
Il exista des moments difficiles où le Rap fut dénoncé à cause de paroles grossières, les rappeurs furent considérés comme "des vagabonds". Mes voisins qui étaient habitués aux chansons mélodiques se plaignaient toujours : "Tu lis au lieu de chanter, n'est-ce pas ? Est-ce que ça s'appelle la musique ?". Certains d'entre eux pensaient même que j'étais opiomane en raison de mon apparence pâle et squelettique. Tout cela m'intrigua parfois si ce que je faisais créait de la valeur pour la société. Je doutai de l'avenir de ce genre musical dans un pays traditionnel et riche en culture asiatique comme le Vietnam. Cependant, je trouvai mon identité dans le Rap : différent, violent et déprécié. Abandonner le Rap, c'est synonyme de me perdre moi-même à jamais. Au lieu de trop réfléchir, je me consacrai donc pleinement à l'entraînement et à la production des chansons avec fermeté et passion. Enfin, tous mes efforts portèrent leurs fruits. La première œuvre que j'avais publié sur YouTube obtint une large audience. Inimaginable qu'elle grimpa rapidement à la tête du classement tendance juste après quelques jours de son lancement. Quel plaisir d'écouter ma propre chanson diffusée dans les lieux publics!
Jusqu'à ce moment-là, je démontrai que j'étais en bon voie. Oui, je suis différent, je l'ai été et je le serai toujours, car être différent n'est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même.
La pleine lune brille sur le ciel nuageux la nuit d'été et moi, je continue mon travail - un chemin tout à fait distingué.
Je naquis dans une ville côtière au nord du Vietnam, Ha Long. Animée et moderne, son ambiance s'opposait absolument à mon dortoir vétuste. J'avais une enfance difficile. Mon père décéda quand j'étais petit, ma mère travaillait à la boulangerie. Aîné de la famille, j'aurais dû servir d'appui à maman et prendre soin de mon frère. Cependant, il semble que Dieu ait commis une erreur en me créant. Maigre et turbulent, je n'apportais rien d'autre que des perturbations et de mauvaises notes. Face au visage rouge de honte de maman chaque fois que le professeur lui téléphonait, je me rappelais de me changer. Mais honnêtement, des connaissances en classe ressemblaient à quelques trucs issus de Mars. Ou est-ce moi, le Martien ? Il me paraît que ma présence ne double que la douleur et le fardeau de la veuve, ma mère.
Cette année-là, j'étais en 3è. Comme d'habitude, maman m'emmenait à l'école, puis allait à la boulangerie. À midi, son vieux téléphone sonna. Apparut sur l'écran le nom familier "Mme Quyen-professeur". Sans hésitation, elle remit le téléphone en poche car elle en avait marre. Mais "ring ring...", il sonna constamment comme un signe du mal.
_ Bonjour, c'est moi, Thinh.
_ Allo, Mme Thinh. Je vous demande d'aller immédiatement à l'hôpital. Votre fils a frappé son ami et lui a cassé le nez.
Complètement choquée, elle se hâta de s'y rendre. Dix minutes plus tard, maman arriva à la porte de la salle. Mais elle s'arrêta brusquement. La sueur parsemée, les yeux écarquillés, elle se mit à trembler de manière incontrôlable. Devant ses yeux se trouvait son fils dont les vêtements étaient déchirés, les cheveux en désordre et les joues gonflées par des coups de poing. Mais ce n'était pas la raison qui expliqua sa réaction. Elle s'étonna en raison du visage sanglant de mon ami. Au moment où je vis ma mère, mes yeux étaient brillants. Je croyais que je trouvai une bouée de sauvetage, mon avocat au tribunal. Mais sans dire un mot, ma mère alla droit vers moi en me giflant : "Oh mon dieu, qu'est-ce que t'as fait ? Je ne peux pas t'instruire, n'est-ce pas ?" La gifle était légère mais si douloureuse que tant de coups lui étaient incomparables. Mon cœur se brisa. Ma mère aurait dû me demander si j'allais bien et pourquoi j'avais frappé mon ami. À ce moment-là elle aurait dû me défendre, n'est-ce pas ? Je me demandai si j'étais vraiment son fils. L'indignation et l'apitoiement sur moi-même qui se précipita en moi firent couler des larmes. En conséquence, ma mère dut dépenser une grosse somme pour les frais d'hospitalisation et l'indemnité.
Peu importe ce qui arriva, je me fâchai contre ma mère. Elle m'aimait avec maladresse et me montrait toujours la sévérité. Mais j'étais simplement un enfant imparfait et aspirant à la consolation. Après cet incident, maman et moi, nous ne parlâmes pas pendant toute une semaine.
À partir de ce jour-là, je devins silencieux. Je cherchai à cacher l'énergie gênante et toutes mes pensées car personne ne m'entendait. Au fil du temps, plus les appels téléphoniques de l'enseignant devinrent moins fréquents, plus la distance familiale se prolonga. Comme un cheval domestiqué, j'échangeai mon ego contre la tranquillité de ma mère.
Cependant, la vie ne pourra pas être à l'aise si vous vous perdez vous-même. Derrière le calme se cachait mon instinct qui murmurait sans cesse. Quand vous êtes seul, vous avez tellement de choses à dire mais personne ne vous écoute. À long terme, j'exploserais bientôt en une centaine de morceaux.
Heureusement, pendant cette période-là, je trouvai mon âme-sœur, le rap. Je me souviens comme c'était hier du jour où je le connus. C'était la première fois que mon ami m'accompagna au studio près de chez lui. Il n'y avait que des personnes plus âgées qui enregistraient le rap. Immédiatement, je tombai amoureux de ce genre musical. De là, je commençai à faire du rap. Durant l'adolescence, il représentait, pour moi, un refuge qui me protégea des préjugés sociaux. C'était aussi ma seule échappatoire. Énergique et vivant, le Rap me permit de libérer toute la rage que j'avais en moi. Il, par ricochet la musique, me donna l'opportunité de dire ce que j'avais sur le cœur. C'est pourquoi, je passai beaucoup de temps à faire du rap.
En Terminale, je réfléchis bien à ce que je ferais plus tard devant l'orientation professionnelle. Continuer les études supérieures ou poursuivre la passion pour la musique ? J'étais réticent et finalement, j'écoutai l'appel du cœur : le Rap. Alors, je travaillais le jour en consacrant la nuit à produire de la musique. Concierge, facteur ou nettoyeur à ordure, j'exerçais n'importe quel métier pour gagner ma vie et nourrir ma passion. Tous les quelques mois, je voyageais pour chercher de l'inspiration. À ces occasions, je participais aux batailles de rap dans les provinces par où je traversais. Une vie pleine d'expériences m'apprit bien de leçons introuvables à l'école. Je compris à fond combien ça coûte, de l'argent gagné par ma mère et pourquoi elle me gifla auparavant. En tant que mère et père, elle se sentit peut-être trop déçue et incapable de cultiver son fils indiscipliné. Donc, je relâchai peu à peu les idées intolérantes et conciliai avec ma mère. Grâce à cela, elle m'accepta à l'insu de ce que je poursuivais.
Il exista des moments difficiles où le Rap fut dénoncé à cause de paroles grossières, les rappeurs furent considérés comme "des vagabonds". Mes voisins qui étaient habitués aux chansons mélodiques se plaignaient toujours : "Tu lis au lieu de chanter, n'est-ce pas ? Est-ce que ça s'appelle la musique ?". Certains d'entre eux pensaient même que j'étais opiomane en raison de mon apparence pâle et squelettique. Tout cela m'intrigua parfois si ce que je faisais créait de la valeur pour la société. Je doutai de l'avenir de ce genre musical dans un pays traditionnel et riche en culture asiatique comme le Vietnam. Cependant, je trouvai mon identité dans le Rap : différent, violent et déprécié. Abandonner le Rap, c'est synonyme de me perdre moi-même à jamais. Au lieu de trop réfléchir, je me consacrai donc pleinement à l'entraînement et à la production des chansons avec fermeté et passion. Enfin, tous mes efforts portèrent leurs fruits. La première œuvre que j'avais publié sur YouTube obtint une large audience. Inimaginable qu'elle grimpa rapidement à la tête du classement tendance juste après quelques jours de son lancement. Quel plaisir d'écouter ma propre chanson diffusée dans les lieux publics!
Jusqu'à ce moment-là, je démontrai que j'étais en bon voie. Oui, je suis différent, je l'ai été et je le serai toujours, car être différent n'est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même.
La pleine lune brille sur le ciel nuageux la nuit d'été et moi, je continue mon travail - un chemin tout à fait distingué.