Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Même mon putain de père avait toujours dit que, de tous ses enfants, j'étais différente. Il récitait à qui voulait l'entendre que j'étais à jeter : j'étais une fille. Il avait raison, mon père. Enfant adultérine, née d'une grossesse extra-utérine, je ne méritais que ça. Par deux fois, je l'avais surpris, génuflexion, en train d'implorer contre moi, la fureur des dieux : « Que cette enfant incestueuse tombe sous la colère de votre fureur comme sa mère ! » Pauvre père, s'il savait que ça retournerait contre lui, cette mort qu'il me souhaitait tant !
Comme le disait maman, je suis une extraterrestre. Heureusement. Par mon physique surtout. Ma beauté avait toujours une longueur d'avance sur tout. Deux montagnes de fesses bien charnues, je trainais fièrement mon « avenir » derrière moi. Il y avait aussi ça : mon interstice dental que tous désiraient voir chez leurs filles ou épouses. Quand je l'exhibais à travers un sourire, je désarmais même le narcissique le plus endurci. C'était ce qui s'était passé ce fameux jour de septembre.
Après sa longue et lente marche, la lune vint se placer sur Guila. Elle l'éclaira de son lumineux visage. Le tam-tam retentit une fois, encore une fois et une fois encore. Et les enfants, puis les jeunes et les adultes, tout le village arriva sous le grand baobab. Il venait célébrer la veille de la fête des récoltes. Chaque maisonnée arrivait avec le repas de circonstance. Tout était fait à base des produits de la nouvelle récolte : couscous, sauce et alcool. Les seules absences de ce grand moment étaient les mêmes : le prêtre, le pasteur et l'imam. Ils avaient beau par leur prêche chercher à nous amener à nous défaire de ce culte satanique, ils n'y étaient pas parvenus.
Dans un accoutrement traditionnel spécial, nous, filles danseuses, entrâmes sur la scène. Au rythme du balafon, de la flute et des tamtams. Maniés par des mains habiles. À tour de rôle, mes équipiers se levaient, une après une, pour exécuter magnifiquement la danse circonstancielle sous une pluie d'applaudissements. Tout le monde attendait impatiemment de me voir sur scène, moi l'étoile brillante, la souriante. Il fallait leur servir rapidement. Je suis une danseuse hors pair. Comme toujours, j'y mettais plus d'élégance que les autres, les disqualifiant. Ainsi, dans un mouvement de rein de gauche à droite, semblable à la queue d'un cheval trottinant, j'avançai au milieu du cercle qui se resserrait... Des youyous et applaudissement retentirent !
Soudainement, l'ambiance s'estompa. Tous, les oreilles tendues, les regards inquiets, tentaient de comprendre ce qui se passait : des vrombissements des motos et hennissement des chevaux s'approchant de plus en plus du village, puis de la place de la fête. Dans les minutes qui suivirent, une horde d'hommes nous encercla. C'étaient essentiellement des jeunes, enturbannés, armés de sagaies et de fusils. Au tour de leurs reins et cous, des chapelets de gris-gris. Pris au dépourvus, nous nous retrouvâmes sans moyens de défenses, tremblant devant nos visiteurs, prononçant prières et incantations au nom de notre totem Yo. Vainement. Peut-être qu'il était pris de peur, lui aussi !
Aussitôt ces intrus se mirent à décapiter tous nos mâles, du premier au dernier-né. Comme pour satisfaire leur libido, ils violèrent allègrement les femelles avant de passer au pire. À l'aide de leurs sabres, ils leur arrachaient le mamelon gauche et l'oreille droite. À certaines, il leur logeait dans le sexe des bois pointus. Leur crevaient les yeux. Les femmes enceintes furent atrocement éventrées. Les fœtus qu'ils prenaient étaient soit hachés, soit pilés. Du sang, comme du champagne, coulait à flot. Des cadavres, de la chair, jonchaient le sol. Au-dessus du village, le visage de la lune, éclatant quelques instants plus tôt, devenait de plus en plus rouge. Dans les airs, des colonies de charognards en allégresse survolaient...
Comme l'avais dit toujours maman, j'étais une extra-terrestre. Et rien ne pouvait résister à mon charme. C'est peut-être pour ça que de tout toute la violence qui se donnait, j'étais jusqu'à là épargnée. Pourtant, j'étais là. Je ne comprenais rien. Une idée me vint : faire valoir mes moyens de défenses avant que ça ne soit tard. Alors, je fixais l'homme fort de la horde. Son visage faisait horriblement peur ! C'était un monstre humain ! Je gardais mon sang-froid ! Je lui exhibais mon interstice dental à travers un sourire malicieux. Waouh ! Il me le rendit. Faisant semblant de me retourner, je lui exhibai « mon avenir ». Je le vis tressaillir, alors que sa verge se dressa dans son pantalon. Son regard semblait dire quelque chose de ce genre à ses équipiers : « C'est mon butin, cette chair fraiche. »
C'était gagné. Je trouvai grâce à ces yeux. On me conduisit sous un autre arbre, à 5 min du lieu de la fête. Il m'attendait déjà là, lui. Je commençais à gémir, quand, sous ses ordres, ses hommes me déshabillèrent entièrement. Couteau en main, il s'avança sur moi, exhibant sa verge. Je me couvris le visage des deux mains. Me débattais de la main de ses hommes qui s'efforçaient de m'immobiliser. Il me fit des attouchements par-ci par-là... longtemps, surtout sur les parties érogènes ! Le comble, je ne vous le dirais pas ! Il me sodomisa violemment environ un quart d'heure. Ce n'était pas fini ! Ses hommes réclamèrent le mégot. Il le leur permis. Avec la même férocité, ils se relayèrent sur moi. Se permettant toute bestialité ! J'hurlais désespérément. Puis je ne pus plus.
Ils m'abandonnèrent raide-mort. Comme pour se féliciter de leurs exploits, ils scandèrent des slogans, poussèrent des cris stridents avant de s'évaporer dans la nature. Al-Akbar ! Al-Akbar ! Ils semblaient dire quelque chose comme ça...
Mon souffle s'amenuisait. Je me mourais. Je comptais déjà les secondes qui me restaient. Puis j'entendis des bruits. Ils revenaient encore. Pour en finir avec moi. Je m'efforçais de me relever pour me cacher... Même si la mort était préférable par rapport à l'état dans lequel je me trouvais ! Je ne voulais pas ! Mais heureuse surprise ! C'étaient les éléments de la garde nomade venus en intervention. Comme chaque fois qu'il s'agissait d'intervenir chez nous, ils venaient en touristes : contempler la beauté des dégâts. Pour eux, nous méritions ce qui nous arrivait ! Parce quelqu'un des nôtres faisait de l'opposition...
On me ramena sous le grand baobab. Au milieu de l'hécatombe. Je ne reçus aucun soin. Le chef de la troupe s'employait plutôt à effleurer mes cheveux et mes seins ! Ensuite c'étaient mes fesses ! Pendant qu'il la descendait vers mon sexe, quelque chose se produisit : son turban tomba. Il s'empressait de le prendre. C'était tard. Je le reconnus, l'homme à la barbe en broussaille. Celui qui m'avais sodomisée. Je frissonnai. Il tressaillit. Il me reconnut. Il ne savait où se donner la tête. Puis il semblait trouver une option. Il s'en va dans la voiture. Il s'en revient avec une mallette. Me la jette à la figure : « Grouille-toi avec. Et tu la boucles ». Le journaliste qui couvrait cette intervention lorgna cela d'un regard interrogateur. L'homme ordonna de déguerpir. Ils s'apprêtaient à quitter ! Je sus que je mourrai. Ils me laisseraient crever. Je ramassais la mallette et la jetait au milieu d'eux. Et puis, diable ! Une détonation ! Une explosion ! Des boules de flamme en l'air... J'observais. Silencieux. Maman avait raison : je suis une extra-terrestre.
La mallette, c'était ma morte qu'elle contenait. Je ne comprenais rien de tout. L'homme à la barbe en broussaille en tête de la horde, c'était lui à la commande de l'équipe d'intervention ! Que je survive ! Je m'en irai. De ce pays de merde ! Je me jetterai sur la route ensanglantée de l'exil comme les autres jeunes ! Je partirai ! Je partirai seulement ! J'irai me prostituer. Le pire ! J'en ai vécu...
Comme le disait maman, je suis une extraterrestre. Heureusement. Par mon physique surtout. Ma beauté avait toujours une longueur d'avance sur tout. Deux montagnes de fesses bien charnues, je trainais fièrement mon « avenir » derrière moi. Il y avait aussi ça : mon interstice dental que tous désiraient voir chez leurs filles ou épouses. Quand je l'exhibais à travers un sourire, je désarmais même le narcissique le plus endurci. C'était ce qui s'était passé ce fameux jour de septembre.
Après sa longue et lente marche, la lune vint se placer sur Guila. Elle l'éclaira de son lumineux visage. Le tam-tam retentit une fois, encore une fois et une fois encore. Et les enfants, puis les jeunes et les adultes, tout le village arriva sous le grand baobab. Il venait célébrer la veille de la fête des récoltes. Chaque maisonnée arrivait avec le repas de circonstance. Tout était fait à base des produits de la nouvelle récolte : couscous, sauce et alcool. Les seules absences de ce grand moment étaient les mêmes : le prêtre, le pasteur et l'imam. Ils avaient beau par leur prêche chercher à nous amener à nous défaire de ce culte satanique, ils n'y étaient pas parvenus.
Dans un accoutrement traditionnel spécial, nous, filles danseuses, entrâmes sur la scène. Au rythme du balafon, de la flute et des tamtams. Maniés par des mains habiles. À tour de rôle, mes équipiers se levaient, une après une, pour exécuter magnifiquement la danse circonstancielle sous une pluie d'applaudissements. Tout le monde attendait impatiemment de me voir sur scène, moi l'étoile brillante, la souriante. Il fallait leur servir rapidement. Je suis une danseuse hors pair. Comme toujours, j'y mettais plus d'élégance que les autres, les disqualifiant. Ainsi, dans un mouvement de rein de gauche à droite, semblable à la queue d'un cheval trottinant, j'avançai au milieu du cercle qui se resserrait... Des youyous et applaudissement retentirent !
Soudainement, l'ambiance s'estompa. Tous, les oreilles tendues, les regards inquiets, tentaient de comprendre ce qui se passait : des vrombissements des motos et hennissement des chevaux s'approchant de plus en plus du village, puis de la place de la fête. Dans les minutes qui suivirent, une horde d'hommes nous encercla. C'étaient essentiellement des jeunes, enturbannés, armés de sagaies et de fusils. Au tour de leurs reins et cous, des chapelets de gris-gris. Pris au dépourvus, nous nous retrouvâmes sans moyens de défenses, tremblant devant nos visiteurs, prononçant prières et incantations au nom de notre totem Yo. Vainement. Peut-être qu'il était pris de peur, lui aussi !
Aussitôt ces intrus se mirent à décapiter tous nos mâles, du premier au dernier-né. Comme pour satisfaire leur libido, ils violèrent allègrement les femelles avant de passer au pire. À l'aide de leurs sabres, ils leur arrachaient le mamelon gauche et l'oreille droite. À certaines, il leur logeait dans le sexe des bois pointus. Leur crevaient les yeux. Les femmes enceintes furent atrocement éventrées. Les fœtus qu'ils prenaient étaient soit hachés, soit pilés. Du sang, comme du champagne, coulait à flot. Des cadavres, de la chair, jonchaient le sol. Au-dessus du village, le visage de la lune, éclatant quelques instants plus tôt, devenait de plus en plus rouge. Dans les airs, des colonies de charognards en allégresse survolaient...
Comme l'avais dit toujours maman, j'étais une extra-terrestre. Et rien ne pouvait résister à mon charme. C'est peut-être pour ça que de tout toute la violence qui se donnait, j'étais jusqu'à là épargnée. Pourtant, j'étais là. Je ne comprenais rien. Une idée me vint : faire valoir mes moyens de défenses avant que ça ne soit tard. Alors, je fixais l'homme fort de la horde. Son visage faisait horriblement peur ! C'était un monstre humain ! Je gardais mon sang-froid ! Je lui exhibais mon interstice dental à travers un sourire malicieux. Waouh ! Il me le rendit. Faisant semblant de me retourner, je lui exhibai « mon avenir ». Je le vis tressaillir, alors que sa verge se dressa dans son pantalon. Son regard semblait dire quelque chose de ce genre à ses équipiers : « C'est mon butin, cette chair fraiche. »
C'était gagné. Je trouvai grâce à ces yeux. On me conduisit sous un autre arbre, à 5 min du lieu de la fête. Il m'attendait déjà là, lui. Je commençais à gémir, quand, sous ses ordres, ses hommes me déshabillèrent entièrement. Couteau en main, il s'avança sur moi, exhibant sa verge. Je me couvris le visage des deux mains. Me débattais de la main de ses hommes qui s'efforçaient de m'immobiliser. Il me fit des attouchements par-ci par-là... longtemps, surtout sur les parties érogènes ! Le comble, je ne vous le dirais pas ! Il me sodomisa violemment environ un quart d'heure. Ce n'était pas fini ! Ses hommes réclamèrent le mégot. Il le leur permis. Avec la même férocité, ils se relayèrent sur moi. Se permettant toute bestialité ! J'hurlais désespérément. Puis je ne pus plus.
Ils m'abandonnèrent raide-mort. Comme pour se féliciter de leurs exploits, ils scandèrent des slogans, poussèrent des cris stridents avant de s'évaporer dans la nature. Al-Akbar ! Al-Akbar ! Ils semblaient dire quelque chose comme ça...
Mon souffle s'amenuisait. Je me mourais. Je comptais déjà les secondes qui me restaient. Puis j'entendis des bruits. Ils revenaient encore. Pour en finir avec moi. Je m'efforçais de me relever pour me cacher... Même si la mort était préférable par rapport à l'état dans lequel je me trouvais ! Je ne voulais pas ! Mais heureuse surprise ! C'étaient les éléments de la garde nomade venus en intervention. Comme chaque fois qu'il s'agissait d'intervenir chez nous, ils venaient en touristes : contempler la beauté des dégâts. Pour eux, nous méritions ce qui nous arrivait ! Parce quelqu'un des nôtres faisait de l'opposition...
On me ramena sous le grand baobab. Au milieu de l'hécatombe. Je ne reçus aucun soin. Le chef de la troupe s'employait plutôt à effleurer mes cheveux et mes seins ! Ensuite c'étaient mes fesses ! Pendant qu'il la descendait vers mon sexe, quelque chose se produisit : son turban tomba. Il s'empressait de le prendre. C'était tard. Je le reconnus, l'homme à la barbe en broussaille. Celui qui m'avais sodomisée. Je frissonnai. Il tressaillit. Il me reconnut. Il ne savait où se donner la tête. Puis il semblait trouver une option. Il s'en va dans la voiture. Il s'en revient avec une mallette. Me la jette à la figure : « Grouille-toi avec. Et tu la boucles ». Le journaliste qui couvrait cette intervention lorgna cela d'un regard interrogateur. L'homme ordonna de déguerpir. Ils s'apprêtaient à quitter ! Je sus que je mourrai. Ils me laisseraient crever. Je ramassais la mallette et la jetait au milieu d'eux. Et puis, diable ! Une détonation ! Une explosion ! Des boules de flamme en l'air... J'observais. Silencieux. Maman avait raison : je suis une extra-terrestre.
La mallette, c'était ma morte qu'elle contenait. Je ne comprenais rien de tout. L'homme à la barbe en broussaille en tête de la horde, c'était lui à la commande de l'équipe d'intervention ! Que je survive ! Je m'en irai. De ce pays de merde ! Je me jetterai sur la route ensanglantée de l'exil comme les autres jeunes ! Je partirai ! Je partirai seulement ! J'irai me prostituer. Le pire ! J'en ai vécu...