Inspiration nocturne

À 22 heures, Léa se munit de son journal et de son stylo, s'habilla chaudement avant de se diriger vers son lieu favori : "Le grand arbre enchanté", tel qu'elle l'avait baptisé. Sa grandeur lui valait ce nom, et le terme enchanté lui convenait parfaitement car il était une source inépuisable d'inspiration et d'imagination pour elle. Léa, âgée de 22 ans, avait un amour indéfectible pour l'écriture. Cependant, son imagination ne se révélait qu'à un moment précis ; la nuit, perchée sur cette majestueuse arborescence. Elle s'allongea sur l'une de ses branches, contemplant la splendeur des étoiles. Se laissant bercer par le murmure du vent, elle ferma les yeux. Les histoires prenaient forme dans son esprit, qu'elle s'empressait ensuite de consigner dans son journal. Pendant la nuit, le temps semblait suspendu, seul le vent demeurait en mouvement. Lorsqu'elle traçait ses mots, ils évoquaient toujours la beauté nocturne et la magie des étoiles. 
 Alors que Léa était absorbée par ses pensées, une douce brise nocturne s'éleva, portant avec elle un murmure. Intriguée, elle leva les yeux de son journal et scruta l'obscurité autour d'elle. C'est alors qu'elle perçut une présence à quelques mètres de l'arbre. Une silhouette se dessinait faiblement sous la lueur de la lune. Le cœur battant, Léa s'approcha lentement, guidée par la curiosité. Plus elle avançait, plus la silhouette prenait forme, révélant une personne vêtue de manière singulière, comme venue d'un autre temps. 
« Qui est-tu ? » demanda Léa d'une voix hésitante.
La figure mystérieuse leva la tête, dévoilant un visage éclairé par un sourire bienveillant.
« Je suis un conteur errant. », répondit-il d'une voix profonde, empreinte de mystère, « Je vagabonde, cherchant des âmes en quête d'histoires à raconter. »
Intriguée par ses paroles, Léa sentit son cœur s'emballer d'excitation. Elle avait toujours été fascinée par les récits, et la perspective de rencontrer un véritable conteur semblait presque irréelle.
« Je suis Léa. », se présenta-t-elle, le sourire aux lèvres, « Je suis une écrivaine en herbe, et cet arbre est mon refuge, ma source d'inspiration. » 
Le conteur inclina légèrement la tête, comme pour témoigner de son respect.
« L'arbre enchanté est un lieu où les mots et les histoires prennent vie. Je peux sentir la magie qui émane de son tronc. » lui expliqua-t-il.
 Les heures passèrent tandis que Léa et le conteur partagèrent leurs récits et leurs expériences. Elle découvrit que le conteur avait voyagé à travers le monde et avait fait d'incroyables rencontres. En retour, elle lui dévoila les histoires qu'elle avait couchées sur le papier, alimentées par ses rêves et son imagination. Le conteur écouta attentivement l'histoire de la jeune fille. Il lui était reconnaissant d'avoir partagé ce moment avec elle. 
« Pourrais-je lire l'un de tes récits, Léa ? » lui demanda-t-il poliment.
 Elle lui tendit son journal, il le prit puis se plongea dans sa lecture...
« Dans les profondeurs d'une vaste forêt, où les arbres se dressaient comme des sentinelles dans l'obscurité, vivait un jeune garçon nommé Félix. Félix était un garçon intrépide, attiré par les mystères de la nuit. Une nuit, alors que la lune brillait d'un éclat argenté et que les étoiles scintillaient comme des joyaux dans le ciel, Félix décida de s'aventurer au-delà des limites de son village endormi. Guidé par la lueur de la lune, il s'enfonça dans la forêt sombre. Il senti son cœur battre d'excitation face à la scène qui se déroulait devant lui. Des ruines anciennes trônaient au milieu d'une grande clairière, des créatures nocturnes jouaient entres-elles et des lucioles éclairaient la scène avec l'aide du clair de lune. Félix continua son chemin. A ses pieds coulait un ruisseau étincelant et au loin, une fontaine magique servait d'abreuvoir. A mesure que Félix s'approchait, les créatures s'arrêtaient de jouer pour l'observer mais ne furent pas hostiles envers lui. Intrigué par la réaction curieuse des créatures de la forêt, Félix avança prudemment vers la fontaine magique. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il ressentait une étrange sensation de paix et de tranquillité. Les étoiles semblaient briller plus intensément au-dessus de lui, et le murmure apaisant du ruisseau le berçait doucement. Lorsqu'il atteignit enfin la fontaine, Félix fut captivé par sa beauté. Des reflets argentés dansaient à la surface de l'eau, et une lueur mystérieuse émanait de son centre. Il se pencha pour se désaltérer, mais avant qu'il ne puisse toucher l'eau, une voix douce et mélodieuse retentit dans son esprit. « Je suis la Gardienne de la Fontaine, la protectrice de ces lieux enchantés », chanta la voix, « Bienvenue, Félix, voyageur de la nuit. Tu es venu chercher des réponses, et ici, tu les trouveras. ».
Félix fut émerveillé par les paroles de la Gardienne. Il lui posa mille questions sur la forêt, les créatures qui l'habitaient, et les mystères qui l'entouraient. Et à chaque question, la Gardienne répondit avec sagesse et bienveillance, révélant des vérités anciennes et des secrets oubliés. Après un temps qui sembla à la fois court et infini, Félix se releva, le cœur empli de gratitude envers la Gardienne. Il savait qu'il devait maintenant retourner auprès des siens, mais il emportait avec lui le savoir et la magie de la forêt. Alors qu'il s'éloignait de la fontaine, les créatures nocturnes reprirent leurs jeux, et les lucioles dansèrent autour de lui, illuminant son chemin de leur éclat chaleureux. Et tandis qu'il se fondait à nouveau dans l'obscurité de la forêt, Félix sut qu'il reviendrait un jour, guidé par la lumière de la lune et le souvenir de cette nuit enchantée .» 
 Lorsque le conteur eut finit de lire le récit de Léa, elle eut presque l'impression de voir dans ses yeux qu'il était déçu que l'histoire se finissent.
« Continue comme ça Léa. La persévérance n'est pas seulement la clef pour atteindre nos objectifs, c'est aussi la force qui nous permet de les dépasser. ».
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