Nouvelles
3 min
Université des sciences juridiques et politiques de Bamako
Étais-je vraiment malade?
Moi je suis différent, je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extraterrestre.
J'ai perdu mon père étant très jeune, j'ai à peine eu le temps de m'imprégner de lui que le ciel en a décidé autrement.
Je viens d'un pays de l'Afrique de l'ouest, un pays à plus de 90% musulmans.
Un pays très conservateur, bien que le châtiment infligé aux personnes comme moi ne soit pas aussi alarmant et cruel comparé à celui infligé à mes semblables dans certains pays d'Afrique, il n'en est pas moins présent.
Je suis le cadet de ma famille, j'ai un grand frère, qui ne vit plus avec nous en famille depuis la mort de mon père, ainsi que trois grandes sœurs.
Elles sont tout pour moi, elles sont mes mères, mes sœurs, mes amies. Nous avons tout partagé ensemble, jusqu'à ce qu'elles se marient.
Quant à ma mère, je n'étais pas autant proche d'elle, pas autant que je l'étais avec mes sœurs, et pourquoi ? me demanderez-vous. Eh bien je pense qu'elle a commencé à me détester le jour du début de mes quatorze ans, où elle m'a surpris en train de me maquiller dans ma chambre.
Vous l'aurez sûrement compris...je suis gay. Oui je suis gay, j'aime les hommes au lieu des femmes.
Pourquoi ce choix, dont je suis sûr certains de mes confrères trouveront sûrement contre nature, certains parleront de blasphème, d'autres d'abomination, Eh bien je l'ignore moi même, est-ce à cause du fait que j'ai grandi entouré de femmes, est-ce parce que je regardais trop de séries américaines, est-ce à cause d'un sort jeté par la coépouse de ma mère (en tout cas c'est ce que m'a mère croyait dur comme fer).
Au début j'étais comme elle, je pensais être malade, je pensais être possédé, possédé par un '' Djinn'' comme je le vois souvent les vendredis après-midi à l'école, parmi certains de mes camarades. Je m'en étais convaincu, dans ma tête j'étais bien possédé. Mais si c'était bien le cas, pourquoi mon ''Djinn'' ne s'était-il alors jamais manifesté? Pourtant j'ai bravé les interdits qui devaient lui permettre de se manifester, j'étais présent aux '' danses des possédés'', j'étais présent aux délivrances qu'effectuaient certains pasteurs de passage dans mon quartier, je me douchait le soir, je parlais dans les toilettes, l'eau touchait mes cheveux, rien n'y faisait, alors j'ai fini par accepter mon sort, j'étais ''maudit''.
j'ai déjà perdu mon père, je ne voulais pas perdre ma mère. Alors lorsqu'elle l'amenait chez les marabouts pour me libérer du mauvais sort je ne me plaignais pas, lorsqu'elle appelait un pasteur pour venir me délivrer j'obéissais, lorsqu'elle m'amenait au village pour aller consulter un sorcier je la suivait.
Pourtant ces ''consultations'' ne m'aidaient pas à guérir de mon mal, bien au contraire je me sentais sale, dégoûtant, anormal, je ne pouvais plus me regarder en face, ni regarder les autres.
Lorsque mon grand frère me battait à mort à chaque fois qu'il considérait que j'étais trop efféminé à son goût, que ma mère le laissait faire, j'ai su qu'il n'y avait plus d'espoir, que j'avais définitivement perdu son affection.
Elle me répétait souvent que j'étais une honte, que j'allais lui apporter le déshonneur, que je ne méritait pas de vivre, elle demandait souvent à Dieu pourquoi il l'avait maudit en lui donnant une '' chose'' comme moi.
J'avais peur de m'approcher de mes camarades, je ne voulais pas leur transmettre ma maladie.
Pourtant j'ai tout fait pour le cacher, pour que personne ne le découvre, mais ils l'ont tous su, par qui? je l'ignore.
Quand je sortais on m'affublait de toute sorte de nom, entre autres '' (cè tè muso tè) ni homme ni femme'', '' za'', ''gorjigèni'', et plus connu de tous ''pédé''.
Sur les réseaux sociaux ce n'était pas mieux, je recevais des menaces de viols, de mort, de tortures...
J'ai pensé aller voir la police, mais je me suis ravisé, ils auraient sûrement été les premiers à m'afficher en public.
Le temps passant, je n'y faisais plus attention, les insultes, les menaces, les huées, les crachats. C'était devenu mon quotidien.
J'ai préféré ignorer ces harcèlements, peut-être était-ce la plus grosse erreur que j'ai pu faire.
On dit souvent chez moi '' la première fois c'est la faute de Dieu, la deuxième fois c'est ta propre faute''
Peut-être que si j'avais pris au sérieux ces menaces je n'aurai pas fini battu et assassiné dans une ruelle à quelques maisons de chez moi.
Peut-être que si j'avais pris au sérieux ces menaces je n'aurais pas fini sur un site web quelconque avec comme légende '' Drame!! Un jeune homme lynché et assassiné par des habitants dans une ruelle du quartier S****** ''
La raison pour laquelle j'aime les hommes, je l'ai cherché, je l'ai cherché longtemps, jusqu'à mon dernier souffle.
J'ai alors fini par me poser certaines questions :
Pourquoi est-ce eux qui me jugent?
Dieu ne m'a t'il pas créé ?
Ne m'a t'il pas aimé comme ses autres enfants ?
Comment savent-ils qu'il ne m'aime pas ?
Ont-ils discuté avec lui?
La question que je regrette de ne pas m'être posée plutôt c'est ''Pourquoi est-ce eux que j'ai écouté ?''.
J'ai perdu mon père étant très jeune, j'ai à peine eu le temps de m'imprégner de lui que le ciel en a décidé autrement.
Je viens d'un pays de l'Afrique de l'ouest, un pays à plus de 90% musulmans.
Un pays très conservateur, bien que le châtiment infligé aux personnes comme moi ne soit pas aussi alarmant et cruel comparé à celui infligé à mes semblables dans certains pays d'Afrique, il n'en est pas moins présent.
Je suis le cadet de ma famille, j'ai un grand frère, qui ne vit plus avec nous en famille depuis la mort de mon père, ainsi que trois grandes sœurs.
Elles sont tout pour moi, elles sont mes mères, mes sœurs, mes amies. Nous avons tout partagé ensemble, jusqu'à ce qu'elles se marient.
Quant à ma mère, je n'étais pas autant proche d'elle, pas autant que je l'étais avec mes sœurs, et pourquoi ? me demanderez-vous. Eh bien je pense qu'elle a commencé à me détester le jour du début de mes quatorze ans, où elle m'a surpris en train de me maquiller dans ma chambre.
Vous l'aurez sûrement compris...je suis gay. Oui je suis gay, j'aime les hommes au lieu des femmes.
Pourquoi ce choix, dont je suis sûr certains de mes confrères trouveront sûrement contre nature, certains parleront de blasphème, d'autres d'abomination, Eh bien je l'ignore moi même, est-ce à cause du fait que j'ai grandi entouré de femmes, est-ce parce que je regardais trop de séries américaines, est-ce à cause d'un sort jeté par la coépouse de ma mère (en tout cas c'est ce que m'a mère croyait dur comme fer).
Au début j'étais comme elle, je pensais être malade, je pensais être possédé, possédé par un '' Djinn'' comme je le vois souvent les vendredis après-midi à l'école, parmi certains de mes camarades. Je m'en étais convaincu, dans ma tête j'étais bien possédé. Mais si c'était bien le cas, pourquoi mon ''Djinn'' ne s'était-il alors jamais manifesté? Pourtant j'ai bravé les interdits qui devaient lui permettre de se manifester, j'étais présent aux '' danses des possédés'', j'étais présent aux délivrances qu'effectuaient certains pasteurs de passage dans mon quartier, je me douchait le soir, je parlais dans les toilettes, l'eau touchait mes cheveux, rien n'y faisait, alors j'ai fini par accepter mon sort, j'étais ''maudit''.
j'ai déjà perdu mon père, je ne voulais pas perdre ma mère. Alors lorsqu'elle l'amenait chez les marabouts pour me libérer du mauvais sort je ne me plaignais pas, lorsqu'elle appelait un pasteur pour venir me délivrer j'obéissais, lorsqu'elle m'amenait au village pour aller consulter un sorcier je la suivait.
Pourtant ces ''consultations'' ne m'aidaient pas à guérir de mon mal, bien au contraire je me sentais sale, dégoûtant, anormal, je ne pouvais plus me regarder en face, ni regarder les autres.
Lorsque mon grand frère me battait à mort à chaque fois qu'il considérait que j'étais trop efféminé à son goût, que ma mère le laissait faire, j'ai su qu'il n'y avait plus d'espoir, que j'avais définitivement perdu son affection.
Elle me répétait souvent que j'étais une honte, que j'allais lui apporter le déshonneur, que je ne méritait pas de vivre, elle demandait souvent à Dieu pourquoi il l'avait maudit en lui donnant une '' chose'' comme moi.
J'avais peur de m'approcher de mes camarades, je ne voulais pas leur transmettre ma maladie.
Pourtant j'ai tout fait pour le cacher, pour que personne ne le découvre, mais ils l'ont tous su, par qui? je l'ignore.
Quand je sortais on m'affublait de toute sorte de nom, entre autres '' (cè tè muso tè) ni homme ni femme'', '' za'', ''gorjigèni'', et plus connu de tous ''pédé''.
Sur les réseaux sociaux ce n'était pas mieux, je recevais des menaces de viols, de mort, de tortures...
J'ai pensé aller voir la police, mais je me suis ravisé, ils auraient sûrement été les premiers à m'afficher en public.
Le temps passant, je n'y faisais plus attention, les insultes, les menaces, les huées, les crachats. C'était devenu mon quotidien.
J'ai préféré ignorer ces harcèlements, peut-être était-ce la plus grosse erreur que j'ai pu faire.
On dit souvent chez moi '' la première fois c'est la faute de Dieu, la deuxième fois c'est ta propre faute''
Peut-être que si j'avais pris au sérieux ces menaces je n'aurai pas fini battu et assassiné dans une ruelle à quelques maisons de chez moi.
Peut-être que si j'avais pris au sérieux ces menaces je n'aurais pas fini sur un site web quelconque avec comme légende '' Drame!! Un jeune homme lynché et assassiné par des habitants dans une ruelle du quartier S****** ''
La raison pour laquelle j'aime les hommes, je l'ai cherché, je l'ai cherché longtemps, jusqu'à mon dernier souffle.
J'ai alors fini par me poser certaines questions :
Pourquoi est-ce eux qui me jugent?
Dieu ne m'a t'il pas créé ?
Ne m'a t'il pas aimé comme ses autres enfants ?
Comment savent-ils qu'il ne m'aime pas ?
Ont-ils discuté avec lui?
La question que je regrette de ne pas m'être posée plutôt c'est ''Pourquoi est-ce eux que j'ai écouté ?''.