Nous sommes dans une berline noire, prêts à faire un braquage. Il fait nuit, mais pas une nuit comme les autres. Il n'y a pas de lune, donc totale obscurité. J'ai dit aux gars de ma bande qu'on ferait le coup quand la lune aurait disparu. Mahé n'est pas chaud. Le bougre a peur du noir et j'ai beau lui répéter qu'il va être au volant de la berline, rien n'y fait. Je lui dis aussi que les gardiens ne verront même pas la voiture, ils seront bien trop occupés à regarder les étoiles tout en discutant de la collègue qu'ils trouvent la plus belle. Au final Mahé accepte, à la condition d'avoir sa loupiote fétiche.
Je m'appelle Mathis, j'ai 23 ans, je suis du genre colérique et pas très patient, mais je sais encourager et c'est grâce à cette qualité que j'ai obtenu le rôle de leader dans ma bande. On est 5 : il y a Mahé qui reste dans la voiture pour qu'on puisse se tailler le plus rapidement possible une fois le braquage fait, Joris pour trafiquer le système d'alarme, Thimoté posté sur l'immeuble d'en face avec un fusil de précision SCAR-H (il nous prévient si les flics rappliquent), Aliocha pour nous ouvrir les coffres (il est spécialisé dans la mécanique d'ouverture). Il est du genre optimiste, toujours cool, il adore faire des blagues à la noix au pire moment. Et moi, je suis là pour les plans, je monte la garde avec un AK-47. Il est 1h du matin. On est en train de revoir notre plan, les gars doivent être vigilants car c'est notre troisième casse et qu'on a les poulets qui ne nous lâchent pas d'une semelle.
- Bon les gars, on fait comme d'habitude. Mahé, tu te mets devant la bijouterie. Tu ne dois pas attirer l'attention et tu évites de t'endormir comme le dernier braquage.
- Ok
- Toi, Thimoté, tu vas te mettre le plus haut possible dans l'immeuble d'en face. Tiens-toi près à devoir foutre le camp. Joris, tu restes dans la voiture et tu trafiques le système d'alarme. Mais dans tous les cas, on aura moins de 6 minutes pour prendre les diamants et se casser.
- Pigé !
- Et toi, Aliocha, tu seras avec moi dans la bijouterie en train d'ouvrir le coffre, je couvrirai tes arrières. Tous en place, que le bal commence !
Je sors de la voiture avec Aliocha qui me suit de près. Après 5 minutes d'attente, la voix de Thimoté grésille dans mon oreille.
- Je suis en position, dit Thimoté. Il a mis ses écouteurs : c'est comme ça qu'il se concentre.
- Nous aussi !
Joris et Mahé sont garés devant la bijouterie.
- Je vous ai ouvert l'accès au coffre-fort et j'ai désactivé les alarmes.
- Nickel ! Merci les gars !
On pénètre tranquillement dans la bijouterie. Aliocha s'occupe du coffre. Soudain je tourne la tête et je vois une lumière éclairer son visage : des diamants, des centaines de diamants !
- On a touché le jackpot !
- Je le vois bien, mais moi ce qui m'intéresse le plus est le diamant noir qui est au fond du coffre. Ce diamant on le prénomme « l'éclat de nuit ». On l'appelle comme ça car sa couleur fait penser à une nuit étoilée mais pour certains diamantaires, ce diamant représente la partie obscure de chaque être humain.
Je regarde le diamant, et me surprends à me perdre dans sa contemplation. Soudain j'entends Thimoté :
- Merde, les poulets ! crie Thimoté.
Je vois par la fenêtre de la bijouterie les lumières des policiers qui se rapprochent de plus en plus.
- Thimoté, tu leurs crèves les pneus et tu descends !
- Mahé, prépare-toi à décamper. Tu te mets devant la ruelle qui mène à la porte arrière de la bijouterie. Aliocha va vous rejoindre. Alio, tu sais où tu dois aller.
- Et toi ? me demande Aliocha.
Inutile de lui répondre. Je remplis déjà les sacs de diamants ainsi que l'éclat de nuit. Quand je me retourne, je vois Aliocha rentrer dans la voiture avec Mahé qui fait chauffer le moteur de la berline noire. Je me dirige vers la porte arrière de la bijouterie. Tout à coup j'entends un policier hurler :
- Les mains en l'air, plus personne ne bouge !
- Il est passé par la porte arrière ! prévient un autre policier.
Je ne pensais pas que les flics rappliqueraient aussi vite. Je les entends arriver grâce au son de leurs pas, mais je suis caché derrière une poubelle. La pénombre de la nuit me protège des regards des policiers. Je tourne la tête vers le bout de la ruelle et je vois des ombres de voitures créées par les lampadaires. Je pense que c'est notre voiture, mais je me suis trompé. Je cours vers la lumière qu'exerçent les lampadaires sur la noirceur de la ruelle. Je cours le plus vite possible, mais un policier me voit et appelle tous ses coéquipiers. J'entends les coups de feu fuser autour de moi. J'ai l'impression que cette ruelle n'en finira jamais, comme si la pénombre de la ruelle était un ami qui me suivrait partout où j'allais. J'ai perdu mes repères comme si la nuit, l'obscurité m'avaient aspiré. Quand j'arrive au bout de la ruelle, je ne vois pas la berline, mais Mahé, Aliocha, Joris, tous les trois menottés. Et là, sans crier gare, un flic me tombe dessus et m'interpelle. On est fait comme des rats. Soudain, une question me vient : Où est Thimoté ?
- Ce salaud nous a trahis, me chuchote Mahé. Il a balancé aux poulets le coup de ce soir.
- J'avais pourtant réussi à bidouiller les lampadaires, râle Joris, pour qu'ils s'éteignent le temps que tu reviennes, mais la nuit n'a pas suffi. On pensait qu'elle nous cacherait des flics mais ils nous ont pris par surprise. Je pense qu'ils ont vu la loupiote de Mahé, ça se reflète tellement sur les murs, par une nuit pareille.
-Il a joué double jeu depuis combien de temps, d'après vous ? demande Aliocha.
- Depuis le début, j'en suis presque certain, bougonne Mahé. J'ai toujours eu des soupçons sur lui.
- En tout cas, ricane Alio, pour un diamant noir, nous voilà tous à l'ombre...
- Et pour un bout de temps, dis-je, alors que la voiture de police nous emmène vers le poste de police, au milieu de la nuit.