Nouvelles
5 min
Université Alioune Diop de Bambey
De la naissance à la protection
Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. Je me nomme Domaalé. Durant mon enfance, je passais presque toutes mes heures libres dans la forêt. C'est là-bas que j'aimais apprendre mes leçons. J'avais trouvé dans la forêt un Fromager que j'avais nommé « mon temple vital ». C'était là-bas que je me refugiais. Je l'avais nommé ainsi car c'était le seul endroit où je me sentais libre, le seul endroit qui me donnait envie de vivre, qui me faisait croire en moi et qui m'offrait une confiance en soi. Mon attitude était bizarre. Je parlais à peine aux gens. La forêt était tout ce qui m'intéressait. J'ai grandi en ayant l'idée que je suis liée à la forêt ; je ne savais pas pourquoi ni comment, mais je la considérais comme mon foyer. Les végétaux et les animaux, je les considérais comme mes semblables. Je leur parlais et je prenais soin d'eux. Les gens de mon village me voyaient comme une folle. Mais je me passais de leurs jugements car j'étais fière de moi. Contrairement à eux, je pouvais ressentir la tristesse de la forêt et de ses fruits et partager leurs peines. A chaque fois que je voyais un animal blessé, je pleurais et je n'hésitais pas à attaquer quiconque qui abattait un arbre. Je me voyais comme leur protectrice. Etant donné qu'ils ne peuvent pas causer avec les humains, alors je me disais que c'était mon rôle de le faire, d'être en quelque sorte leur voix parce que pour moi, j'étais la seule qui les comprenais.
Un jour, j'avais décidé d'explorer la forêt. J'avais décidé de franchir la barrière que les gens de mon village avaient fixée. En effet, personne ne devrait aller au-delà de cette limite pour la sécurité de tous. Mais moi je voulais voir ce monde qui se cachait derrière cette barrière ; alors je l'avais franchi. Ce que j'avais découvert m'avait éblouie : une forêt dense, des arbres très hauts, un paysage magnifique et différents cris d'animaux me parvenaient à l'oreille. J'étais tellement heureuse que je me sentais déjà au paradis. J'avais de suite envie de rester dans cet endroit paradisiaque. Je marchais tranquillement en souriant et en contemplant les lieux. Je n'avais pas peur même si j'entendais des bruits inconnus. Soudainement, par imprudence j'étais tombée dans un trou. Il faisait noir dedans. Je ne voyais rien hormis la lumière du soleil qui éclairait au-dessus de ma tête. Je cherchais par tous les moyens à sortir mais en vain. Je pleurais et je frissonnais. Je me disais être perdue à jamais dans la nature. La nuit tombait. Les cris des animaux qui me réconfortaient avant, m'effrayaient en ce moment. J'avais très froid. J'étais assise dans un coin du trou en tremblant. Je priais Dieu de me venir en aide. J'étais restée ainsi jusqu'au petit matin. J'avais réussi à dormir jusqu'à ce qu'un hurlement me réveilla. J'avais sursauté en voyant une énorme guenon au-dessus du trou dans lequel je me trouvais. Elle me fixait dans les yeux comme si elle essayait de comprendre quelque chose. Je la suppliais de ne pas me faire du mal et de m'aider plutôt à sortir. Je n'avais pas peur d'elle jusqu'à ce que je la voie prendre un élan pour sauter dans le trou. Je me protégeais par les bras en criant fort, croyant qu'elle allait m'attaqué. Puis elle avait atterrit de justesse à côté de moi. Elle me regardait, m'avait prise, m'avait mise sur son dos et m'avait sorti de ce trou. J'étais si contente qu'elle m'ait comprise que je l'avais câliné longuement. Remarquant ma faim et mon soif, elle m'avait emmené sur les cocotiers. On avait cueilli des noix de coco qu'on dégustait ensemble. Je me voyais aux anges. Ainsi elle m'avait emmené jusqu'à notre village. A peine que les gens nous avaient remarqué, ils criaient tous : « La voilà ! Domaalé est de retour ! Elle est vivante ». Mon amie la guenon m'avait déposé et s'était retournée dans la forêt en courant. Les gens de notre village ne pouvaient pas en croire. D'après eux, personne n'était jamais revenu de cette forêt.
A la maison, ma mère était étonnée lorsque je lui avais raconté ce qui s'était passé et elle me répondait en ces termes : « Domaalé, ceci n'est pas un hasard. Aujourd'hui je vais te raconter l'histoire de ta naissance qui est à l'origine du prénom que tu portes. Tu es venue au monde au moment où je ne t'attendais pas. Il faisait 14h heures, après avoir cultivé avec ardeur le champ familial, les autres femmes et moi étions allé ramasser du bois mort pour la cuisine. Soudain, la cadence de l'enfantement m'avait frappé au cœur de la forêt. Je criais. Je hurlais. Je souffrais. Sous les gouttelettes de sueur qui témoignaient la chaleur du mois d'Août, la noirceur de ma peau scintillait, rappelant l'incarnation de la vraie femme africaine. On m'amena sous l'ombre d'un grand arbre. J'entendais à peine les voix des femmes qui m'assistaient. Par contre, le chant des oiseaux animait ma douleur. Je donnais naissance sans assistance médicale ; mais plutôt avec l'aide de ces braves femmes expérimentées par des années de pratique ; par défaut de manque de sages-femmes dans notre village. Je luttais pour rester en vie. Et de là où j'étais couchée, j'apercevais une guenon qui m'observait. Elle était penchait sur les branches d'arbres. En un moment, j'avais cru que je délirais. Les autres femmes, très occupées à me faire accoucher ne l'avaient pas remarqué. La guenon me regardait dans les yeux. Elle semblait partager ma douleur. Puis les femmes me tendirent un bébé, enveloppé dans une vielle pagne en me disant : c'est une fille. C'est en ce moment que je la voyais disparaitre dans les arbres. Le fait que tu es née dans la forêt justifie ton nom Domaalé qui est venue de Domeu bou alé ».
En effet Domeu bou alé est un terme de notre langue maternelle (wolof) qui signifie en français : un enfant issue de la forêt. A peine que ma mère eut terminé, j'ai eu un petit frisson. Je me disais que ce n'était pas un hasard alors. C'est sûrement la même guenon qui m'avait sauvé. Ce regard qu'elle m'avait lancé était familier. J'étais émue. En effet, je suis née en pleine nature, au milieu de la forêt, sous un balancement de branches d'arbres, sur un lit de feuillage morte et sous la présence d'une guenon qui venait de me reconnaitre quinze années après. Ce qui justifierait cet amour inconditionnel qui me lie à la nature.
Aujourd'hui, après avoir soutenu mon mémoire d'étude pour l'obtention de mon diplôme de maitrise dont le sujet portait sur la Protection des Primates, me voilà accéder au titre d'Environnementaliste. Cette liaison à la nature, a justifié mon choix dans les études. En même temps chroniqueuse et rédactrice d'articles, je joins par ma plume mon amour environnemental et ma passion épistolaire. Ce qui fait de moi aujourd'hui ce que j'ai toujours rêvé d'être : une voix de la nature ; en quelque sorte l'enfant de la forêt devenue protectrice de la nature.
Un jour, j'avais décidé d'explorer la forêt. J'avais décidé de franchir la barrière que les gens de mon village avaient fixée. En effet, personne ne devrait aller au-delà de cette limite pour la sécurité de tous. Mais moi je voulais voir ce monde qui se cachait derrière cette barrière ; alors je l'avais franchi. Ce que j'avais découvert m'avait éblouie : une forêt dense, des arbres très hauts, un paysage magnifique et différents cris d'animaux me parvenaient à l'oreille. J'étais tellement heureuse que je me sentais déjà au paradis. J'avais de suite envie de rester dans cet endroit paradisiaque. Je marchais tranquillement en souriant et en contemplant les lieux. Je n'avais pas peur même si j'entendais des bruits inconnus. Soudainement, par imprudence j'étais tombée dans un trou. Il faisait noir dedans. Je ne voyais rien hormis la lumière du soleil qui éclairait au-dessus de ma tête. Je cherchais par tous les moyens à sortir mais en vain. Je pleurais et je frissonnais. Je me disais être perdue à jamais dans la nature. La nuit tombait. Les cris des animaux qui me réconfortaient avant, m'effrayaient en ce moment. J'avais très froid. J'étais assise dans un coin du trou en tremblant. Je priais Dieu de me venir en aide. J'étais restée ainsi jusqu'au petit matin. J'avais réussi à dormir jusqu'à ce qu'un hurlement me réveilla. J'avais sursauté en voyant une énorme guenon au-dessus du trou dans lequel je me trouvais. Elle me fixait dans les yeux comme si elle essayait de comprendre quelque chose. Je la suppliais de ne pas me faire du mal et de m'aider plutôt à sortir. Je n'avais pas peur d'elle jusqu'à ce que je la voie prendre un élan pour sauter dans le trou. Je me protégeais par les bras en criant fort, croyant qu'elle allait m'attaqué. Puis elle avait atterrit de justesse à côté de moi. Elle me regardait, m'avait prise, m'avait mise sur son dos et m'avait sorti de ce trou. J'étais si contente qu'elle m'ait comprise que je l'avais câliné longuement. Remarquant ma faim et mon soif, elle m'avait emmené sur les cocotiers. On avait cueilli des noix de coco qu'on dégustait ensemble. Je me voyais aux anges. Ainsi elle m'avait emmené jusqu'à notre village. A peine que les gens nous avaient remarqué, ils criaient tous : « La voilà ! Domaalé est de retour ! Elle est vivante ». Mon amie la guenon m'avait déposé et s'était retournée dans la forêt en courant. Les gens de notre village ne pouvaient pas en croire. D'après eux, personne n'était jamais revenu de cette forêt.
A la maison, ma mère était étonnée lorsque je lui avais raconté ce qui s'était passé et elle me répondait en ces termes : « Domaalé, ceci n'est pas un hasard. Aujourd'hui je vais te raconter l'histoire de ta naissance qui est à l'origine du prénom que tu portes. Tu es venue au monde au moment où je ne t'attendais pas. Il faisait 14h heures, après avoir cultivé avec ardeur le champ familial, les autres femmes et moi étions allé ramasser du bois mort pour la cuisine. Soudain, la cadence de l'enfantement m'avait frappé au cœur de la forêt. Je criais. Je hurlais. Je souffrais. Sous les gouttelettes de sueur qui témoignaient la chaleur du mois d'Août, la noirceur de ma peau scintillait, rappelant l'incarnation de la vraie femme africaine. On m'amena sous l'ombre d'un grand arbre. J'entendais à peine les voix des femmes qui m'assistaient. Par contre, le chant des oiseaux animait ma douleur. Je donnais naissance sans assistance médicale ; mais plutôt avec l'aide de ces braves femmes expérimentées par des années de pratique ; par défaut de manque de sages-femmes dans notre village. Je luttais pour rester en vie. Et de là où j'étais couchée, j'apercevais une guenon qui m'observait. Elle était penchait sur les branches d'arbres. En un moment, j'avais cru que je délirais. Les autres femmes, très occupées à me faire accoucher ne l'avaient pas remarqué. La guenon me regardait dans les yeux. Elle semblait partager ma douleur. Puis les femmes me tendirent un bébé, enveloppé dans une vielle pagne en me disant : c'est une fille. C'est en ce moment que je la voyais disparaitre dans les arbres. Le fait que tu es née dans la forêt justifie ton nom Domaalé qui est venue de Domeu bou alé ».
En effet Domeu bou alé est un terme de notre langue maternelle (wolof) qui signifie en français : un enfant issue de la forêt. A peine que ma mère eut terminé, j'ai eu un petit frisson. Je me disais que ce n'était pas un hasard alors. C'est sûrement la même guenon qui m'avait sauvé. Ce regard qu'elle m'avait lancé était familier. J'étais émue. En effet, je suis née en pleine nature, au milieu de la forêt, sous un balancement de branches d'arbres, sur un lit de feuillage morte et sous la présence d'une guenon qui venait de me reconnaitre quinze années après. Ce qui justifierait cet amour inconditionnel qui me lie à la nature.
Aujourd'hui, après avoir soutenu mon mémoire d'étude pour l'obtention de mon diplôme de maitrise dont le sujet portait sur la Protection des Primates, me voilà accéder au titre d'Environnementaliste. Cette liaison à la nature, a justifié mon choix dans les études. En même temps chroniqueuse et rédactrice d'articles, je joins par ma plume mon amour environnemental et ma passion épistolaire. Ce qui fait de moi aujourd'hui ce que j'ai toujours rêvé d'être : une voix de la nature ; en quelque sorte l'enfant de la forêt devenue protectrice de la nature.