Corrompre la tendance !

Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. Issue de la postérité africaine, et enfant du multiculturalisme propre à l'ile Maurice, mon destin fut de plus en plus scellé. Avant même ma naissance, mon environnement choisit le chemin ; m'égarer de la prédestination fut presqu'impossible pour le petit créole que je suis. Ayant distinguée cette horreur à l'âge de huit ans lorsque mon camarade de classe fit l'éloge de son nouveau téléphone portable, quelque chose changea en moi. Pourquoi eux et pas moi ? Cette phrase me hanta pendant tout mon parcours scolaire, et les effets de cette assujettissement précoce à cause de mon statut sociale et économique me rendirent pusillanime et envieux des jouissances passagères des autres.
Mes parents trouvèrent du réconfort dans les promesses faites par la gauche pervertie, qui prit les rennes après le départ des colons. La logique étant qu'ils ne purent bénéficier d'une bonne éducation car l'obscurantisme intensifiée par le pillage massif de ces mêmes colons, laissant derrière eux des terres arides et une population incertaine, agit comme un inhibiteur, et de ce fait, leurs forcèrent à entreprendre un trajet peu lucratif afin de se nourrir. Telle est la réalité, « il n'y a point d'effet sans cause » ; je suis dès lors une conséquence de cette histoire puisqu'ils se contentèrent de suivre la logique des choses, sans jamais ouvertement rechigner. Malgré l'incapacité dans le statut, de tout mon cœur, je leur en ai voulu. Pourquoi me mettre au monde pour qu'ensuite me faire subir toutes les déceptions à la vue de l'incroyable richesse des plus aisés ? Combien de temps encore j'aurai à contempler l'infiniment grand intarissablement surreprésenté à travers le monde médiatique ? « Un homme fut possiblement éventré de mes propres mains, dans une vie antérieur, et cette situation actuelle est sans doute ma pénitence ».
Dès lors, le génie émergeant de la folie dont parle Aristote ne put exister car mon père voulut mon avenir dans la fabrique de bar de fer. Dans le village, ce fut l'accoutumé. Mes amis y ont aussi été obligés de s'y soumettre. Les plus grands, inspirés par le traditionalisme accru de ce pays, parlèrent de devoir et de soumission volontaire aux demandes des parents. En d'autres mots, subir les hypocrisies fait partie du devoir de l'enfant quitte à se duper, à éliminer toutes les convoitises et les tentatives d'éloignement de ce monde prescrit. Adonc, voici comment l'homme qui est supposé extirper ses propres enfants de l'esclavage le poussa encore plus à s'assujettir dans la bassesse de son rang. L'histoire se répéta sans cesse.
Pour être honnête, mon existence n'eut pas vraiment d'importance ; ils feignent me protéger mais en vérité, ils appréhendèrent l'intervention des forces de l'ordre en cas de négligence parentale ou de l'opprobre engendrée par des mauvaises fréquentations. Je fus aussi envoyé à l'école car les lois nouvellement érigées m'y obligea. Ils se soucièrent uniquement des mœurs, des conversations aux alentours ; ils sont de la vieille école, la petitesse de l'homme cause des malheurs. Ils s'empressèrent donc à rendre timoré tout ce qui fut préjudiciable à leurs « rangs », y compris leurs propres enfants. Ma petite sœur, Alyssa étant une fille ne subit point ce genre de simagrée ; son sexe et ses origines condamnèrent les tempéraments, laissant place à la candeur et la pusillanimité. En revanche, pour eux, l'homme non dressé est synonyme de désappointement. Il y a intérêt pour cette société de décontenancer l'imaginaire ; suivre les directives des plus grands, en restant le plus simple possible et en se soumettant davantage à leurs demandes, proliférèrent leurs richesses. Sans le savoir, mes parents contribuèrent à cette nature, ainsi que la continuité de notre paupérisation. Ils espérèrent pleinement me voir un jour suivre leurs pas.
- Où trouvez plus de patriotisme que dans la fabrication de bar de fer, me dit mon père.
Le bourgeois est grand, sage, gentil puisqu'il contribue à notre alimentation et aux commodités selon le statut. Aller à l'encontre de ses principes, se laisser submerger par l'impertinence et la créativité d'une vie humaine, sont des dangers à éviter. Adonc, la médiocrité fut synonyme de potentialité ; être un salarié faisait honneur à toute une famille affectée par l'obscurantisme des époques derniers, fut le but ultime.
Je n'en voulus pas d'être un pion pour ces entreprises de confiseries, ces usines de textiles, et de ces champs de cannes. Ma mère me fit la misère pour avoir osé renier la prédestination ;
- Tu ne seras jamais comme ton père, dit-elle.
Je remerciai le ciel pour sa perspicacité, car pour moi, vendre mon corps au profit des plus aisés ne me correspondit point.
Vers la fin de mon parcours scolaire au collège de la confiance, mon père mourut d'un effroyable cancer du poumon. Finalement, son optimisme aveuglant eut raison de lui. Les hautes murs de la fabrique, peu aéré, facilitèrent l'inhalation des petites particules de métal, ce qui rendit le coffre des fabricants peu convenable à sa besogne. Alyssa, aujourd'hui tout aussi pusillanime que je le fusse jadis, et ma mère, complètement broyée par les circonstances, qu'elle atteint presque sa sénilité, allèrent vivre chez ma tendre grand-mère Marlène, à Cassis, sur les côtes de l'Ouest. C'est Monsieur Albert qui me prit sous son aile ; un fort homme, très éloquent ; un homme naquit de la gauche mais qui voulut être de droite. Pourquoi donc être philanthrope en m'extirpant d'une probable banalité singulière alors que cela fut contraire à ses convictions ?
- Ce n'est pas parce que je suis contre le gaspillage d'argent publique au profit des éléments cancérogènes, que représente les petits filous du système qu'on est forcément obligé de fermer les yeux lorsque le potentiel est en difficulté.
Un prof de langue qui fut vraisemblablement à l'opposé de la norme ; il aimait la patrie, mais à l'inverse de mon paternelle, il rêvait d'une société mauricienne faite, non pas sous l'égérie des puissants de l'Ouest, mais par les mauriciens eux-mêmes. Petit à petit, j'aperçus qu'il eut point d'attention pour l'homme qui me mit au monde. Effectivement, mon père travaillait pour une firme américaine, dont les poids des comptes en banques firent languir ces soi-disant partis socialistes de l'ile. Il haïssait ces politiciens.
- Ils ruinèrent l'histoire la libération de la postérité africaine et indienne des mains des Britanniques il y a de cela 53 ans, faite par leurs prédécesseurs. Ils usèrent de l'hétérogénéité du peuple pour gagner les élections et gâchèrent le travail de la vraie gauche philanthrope, leurs ancêtres, les fondateurs de cette nation, dit-il.
Ces hommes osèrent s'appeler grand défenseur de l'égalité, ils s'approprièrent cette invention noble et juste dont représentait cette échiquier politique alors que concomitamment, ils volèrent dans la caisse publique, tuent impunément l'individualité grâce à l'hégémonie omniprésente dans les divers institutions et nous vendent à l'ennemi d'autrefois... L'état socialiste, cette phase transitoire aussi aperçue dans les anciennes colonies outre que Maurice, est ici transmis de père en fils, comme dans une monarchie. Ils enterrèrent le travail de nos fondateurs avec leurs dépouilles, couvrirent d'opprobre des décennies de combats contre l'injustice et profitèrent de l'obscurantisme pour faire grandir leurs dynasties, ainsi que leurs capitales.
Monsieur Albert m'inscrit alors à l'université. Cette homme était un visionnaire ; quoi de mieux qu'un enfant ayant contre lui l'extrémité de la pauvreté ; la race ; des parents réactionnaires et qui ne crurent jamais en une alternative à cette gauche pervertie par le capitale des riches ; qui est le résultat des perfides actions de la gauche pourrie jusqu'à la moelle ; pour corrompre la tendance. J'échappai de justesse à l'obscurantisme, l'outil des plus aisés, adoré par la masse.