Complainte en rondeau de Denis, roi de la fève, sur les embarras de la royauté
Quand on est roi, l’on a plus d’une affaire,
Voisins jaloux, arsenaux à munir,
Peuple hargneux, complots à prévenir,
Travaux en paix, dangers en guerre,
Ma foi, je crois qu’on ne s’amuse guère
Quand on est roi.
Roi tout de bon ; car, d’un roi, pauvre hère
Comme il en est, j’aime assez le métier ;
J’en ai tâté pendant un jour entier.
Ce jour-là je fis grande chère ;
Je ris, je bus, tout alla bien ;
Car il est un Dieu tutélaire
Par lequel on fait tout sans se douter de rien,
Quand on est roi.
J’eus des courtisans véridiques ;
En dormant j’achevai des exploits héroïques;
Fameux à mon réveil, j’occupai l’univers ;
Vraiment, je fis des lois, je les fis même en vers.
En vers mauvais ; qui vous dit le contraire ?
Certain marquis
D’un goût exquis
Les trouva tels, sans me déplaire.
Il eût, pour prix de sa sincérité,
Sous un autre Denis perdu la liberté ;
On peut aux gens de bien accorder ce salaire,
Quand on est roi.
Pour moi, je n’en fis rien ; car je suis débonnaire,
À votre avis, pourquoi me serais-je fâché ?
Vers et prose de roi sont mauvais d’ordinaire,
Et ce n’est pas un grand péché ;
C’est le moindre qu’on puisse faire,
Quand on est roi.
AUX DAMES
Vos yeux, depuis longtemps, m’ont appris à connaître
Que le destin nous a fait naître
Moi, pour servir, vous, pour donner la loi.
Qui veut d’un roi qui cherche maître ?
Personne ici ne dira-t-il : C’est moi ?
Voisins jaloux, arsenaux à munir,
Peuple hargneux, complots à prévenir,
Travaux en paix, dangers en guerre,
Ma foi, je crois qu’on ne s’amuse guère
Quand on est roi.
Roi tout de bon ; car, d’un roi, pauvre hère
Comme il en est, j’aime assez le métier ;
J’en ai tâté pendant un jour entier.
Ce jour-là je fis grande chère ;
Je ris, je bus, tout alla bien ;
Car il est un Dieu tutélaire
Par lequel on fait tout sans se douter de rien,
Quand on est roi.
J’eus des courtisans véridiques ;
En dormant j’achevai des exploits héroïques;
Fameux à mon réveil, j’occupai l’univers ;
Vraiment, je fis des lois, je les fis même en vers.
En vers mauvais ; qui vous dit le contraire ?
Certain marquis
D’un goût exquis
Les trouva tels, sans me déplaire.
Il eût, pour prix de sa sincérité,
Sous un autre Denis perdu la liberté ;
On peut aux gens de bien accorder ce salaire,
Quand on est roi.
Pour moi, je n’en fis rien ; car je suis débonnaire,
À votre avis, pourquoi me serais-je fâché ?
Vers et prose de roi sont mauvais d’ordinaire,
Et ce n’est pas un grand péché ;
C’est le moindre qu’on puisse faire,
Quand on est roi.
AUX DAMES
Vos yeux, depuis longtemps, m’ont appris à connaître
Que le destin nous a fait naître
Moi, pour servir, vous, pour donner la loi.
Qui veut d’un roi qui cherche maître ?
Personne ici ne dira-t-il : C’est moi ?