Colère d'une femme

Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une exta-terrestre. Elle vivait dans un monde révolu. Elle n'a jamais soutenue qu'une fille pourrait être autre chose qu'une épouse et une mère, mon désir d'indépendance lui faisait disjoncter. Je restais ferme sur mes objectifs mais j'avais l'impression de lui appartenir, moi et mes 3 sœurs mais il n'y avait que moi qu'elle n'avait pas réussi à envoyer en mariage à 13 ans d'où ses préjugés à mon égard depuis mon enfance.
En seulement 4 ans elle a réussi à me marier deux fois, la première fois en Juillet 2015 et je suis rentré à la maison avant l'année suivante. J'étais marié à Raouf un homme qui n'a pas plus d'affection que de respect pour les femmes, il ne jurait que par son orgueil, il était âgé de plus de 10 ans que moi , un vrai vestige ! Il n'approuvait guère le fait que je fasse des études. Je pensais qu'avec le temps il se lasserait de s'imposer mais je me suis tromper, après quelques mois, il n'y avait qu'une seule solution : m'en aller. Mais cela signifiait aussi affronter la déception de ma mère.
En me voyant traverser la porte d'entrée avec mes bagages, maman me lançait des regards assassins, elle était éberluée...le silence parlait de lui-même, elle ne comprenait pas que je puisse préférer mes études au mariage.

*** Novembre 2015 ***
Assise sur un fauteuil, son regard pesait sur moi, je pouvais humer sa colère de loin.
Ton époux m'a tout raconté. Annoura tu as déshonoré la famille, tu m'as fait honte et piétiner le nom de ton père. Comment as-tu osé quitter ton foyer ? Comment ? Aucune de tes sœurs n'a jamais fait ça. Hurla ma mère hors d'elle et va dans sa chambre.
*** présent ***
Ce fût ses derniers mots...il y'a 2 ans et demi, maman ne m'adresse pas la parole depuis tout ce temps, j'étais invisible pour elle, elle n'est même pas venu à ma remise de diplôme. Après le lycée, elle convoqua une assise où il a été décidé que je devais me remarier. J'approuvais immédiatement parce que c'était une chance pour moi de me réconcilier avec ma mère.
Au début de l'année 2018, je me remariais et me réconciliais avec ma mère par la même occasion. Alim approuvait que je continue mes études et était doux et tolérant envers moi, je me concentrais sur mes objectifs, il m'était d'un grand soutient moral. C'était le mari parfait, il me rendait heureuse. Après 1 an de mariage il changea brusquement, Alim se faisait rare à la maison. Il sortait tôt et rentrait de plus en plus tard, cela me déconcentrais dans mes études à un point où j'avais raté l'examen de fin de semestre et je n'en pouvais plus, il fallait qu'on parle.
Un soir, je l'ai attendu mais il n'est pas rentrer. Le matin, je faisais ma vaisselle et j'entendis la porte claquer violemment, je me précipitais dans le salon et vois Alim assis, en rogne.

*** Mars 2019 ***
Mais Alim qu'est-ce que tu as ? ça ne va pas ? me précipitais-je vers lui inquiète mais il ne disait rien. Depuis un certains temps je ne te reconnais plus ! ajoutais-je

Est-ce si difficile à comprendre ? Annoura est-ce si compliqué ? hurla-t-il plein de colère

Mais je ne vois pas d...

JE VEUX UN ENFANT..., je ne demande que ça. Oui un enfant, je veux savoir ce que ça fait d'être père !!! m'interrompt-il brusquement...tu prends des pilules contraceptive ? questionne-t-il

Mais non comment peux-tu penser une telle chose ? bien-sûr que NON !!! Répondis-je complètement dévaster.

Et comment pourrais-je te croire ? après tout tu as déjà été marié et tu n'as pas eu d'enfant non plus, avec ton obsession pour être une femme indépendant, tu en oublie ta nature ! conclu-t-il et s'en va...

*** présent ***
Ses offenses avaient heurtés mon cœur, c'est donc ça ? Quoi que je fasse, je suis avant tout une femme, je me résume à donner des enfants à un homme au détriment de mon avis. Il n'avait aucune idée de si j'étais prête ou pas, il l'exigeait juste. Je décidais donc de me rendre à l'hôpital pour savoir quand est-ce qu'il serait propice pour moi d'avoir un enfant, je ne pouvais pas décider selon moi mais selon lui sinon ma mère m'aurait rappeler mon éternel monstruosité. Moi je n'étais pas prête à avoir un bébé, je passais la moitié de la journée à faire diverses analyses puis rentrais. Je retrouvais Alim avachi sur un canapé et son repas n'avait pas bougé, je m'abstenais de l'irriter.
Le lendemain, je retournais récupérer mes résultats de bonheur et passais faire des achats pour concocter un bon repas pour célébrer le résultat, j'imagine que dans 2 ou 3 mois je porterais la raison pour laquelle il me sourira à nouveau. Mon enthousiasme ne se voilait pas, je faisais mon repas avec amour et joie puis me rendis belle pour attendre mon mari. Il traversa la porte d'entrée tout rabat-joie comme aux dernières nouvelles, j'ignorais cela et l'accueillait chaleureusement mais ça ne changeait rien pas pour autant, je décidais donc de lui remonter le moral avec le résultat. Je voulais qu'il soit le premier à le voir, il s'installe sur le canapé et ouvre l'enveloppe...je m'impatiente vraiment, cela fait 5 minutes qu'il observe le résultat mais ne dit rien puis se lève et s'en va. Je prends le résultat, le lis et le relis puis les larmes perlèrent mes yeux. Ce qui se présente devant moi me paralysait l'esprit, je n'arrivais plus à réfléchir. Alim Moussa me répudia cette même nuit et le matin je suis rentré chez mes parents, encore...mais c'était différent, je n'étais pas fautive cette fois maman.

Actuellement, je poursuis mes études de droits et vis chez mes parents, ma mère reste toujours aussi indifférente à mon égard, il n'y a que ses filles mariés qui ont de la valeur mais je suis la prunelle de mon père comme je l'ai toujours été. J'assume mon état, après avoir découvert que j'étais stérile, que je ne saurais jamais ce que c'est d'avoir des nausées à longueur de journée, de sentir qu'un être grandi en moi ou encore de voir un petit miracle dans mon ventre sur un écran grâce à une échographie, j'ai compris que l'image de la femme indépendante est une horreur jusqu'à nos jours, que la femme infertile aura toujours droit à un autre regard pour certains malgré l'évolution des pensées dans le monde et en Afrique en particulier.
Oui, moi Annoura Nouhou je suis une femme, les flammes, les blâmes, les lames, les larmes...À seulement 20 ans j'ai connu 2 mariages et chacun sous différentes facettes mais je ne suis pas abattu car je sais que j'ai le droit de rêver haut, de m'identifier par moi-même, je n'ai pas demandé à être stérile et je pourrai être mère un jour car on est pas juste mère d'un enfant à qui on a donné naissance mais on est mère d'un enfant qu'on a forgé, qu'on a vu grandir, qu'on a éduqué et aimé inconditionnellement que ce soit par adoption, insémination artificielle etc...
L'image de la femme a été, est et sera toujours marginalisée tant qu'elle ne s'identifiera pas d'abord par elle-même.