Carnet de voyage d'une Martienne

Moi je suis différente. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais une extra-terrestre. En réalité extra-terrestre est une notion assez vague mais c'est typique des Terriens, est-ce qu'un Indien aimerait être appelé Terrien tout simplement ? Non. Fier de ses racines il se revendiquerait Indien et se mettrait sans doute en colère qu'on fasse fît de ses particularités, alors je dois vous préciser que je suis une Martienne non pas simplement une extraterrestre.
- Alors tu es Martienne ? me demanda le Terrien que j'appelle mon frère .
- Pour te dire vrai, chez nous sur Mars, peu importe que tu m'appelles martienne, plutonienne ou extra-terrestre, nous nous moquons de ces distinctions, seul compte ce que tu fais, le reste n'a aucune importance, lui répondis-je.
- Pour moi, tu ressembles plus à une Terrienne qu'a une Martienne, me dit-il en m'examinant avec ses yeux presque aveugles, incapables de distinguer une bactérie devant lui sans un instrument.
- C'est ainsi que vous jugez les autres ? il est vrai que vous tentez de tous classifier, de tout diviser, dis-je.
- Je ne comprends pas ! m'interrogèrent ses yeux ignorants.
- C'est pourtant simple stupide Terrien, il n'y a que vous pour parler de race, de souches et de je ne sais quoi d'autre, lui expliquais-je, Je vais te dire une chose qui peut-être vous fera un peu avancer : il n'y a pas de race ou autres, tous les êtres sont égaux et semblables.
- Tu insinues que je suis raciste, me dit-il en haussant le ton, ce qui indique une certaine colère et animosité.
- Vous l'êtes presque tous sans vous en rendre compte, vous vous juger selon vos vêtements, votre appartenance, votre niveau intellectuel... même si, question culture et intelligence, vous ne valez presque rien tous autant que vous êtes excepté quelques-uns, vous êtes ignorant de pratiquement tout car ne voyez pratiquement rien hormis vous-même. Répondis-je calmement.
- À bon ! mais dis-moi donc, moi le stupide Terrien, je n'arrive pas à bien saisir ce que fait une Martienne sur terre ? m'interrogea-t-il, curieux comme beaucoup de Terrien.
- C'est tout simple, je suis en voyage scolaire, lui dis-je franchement.
- Cela fait plusieurs années, tu ne crois pas qu'on a oublié de venir te chercher ? dit-il en rigolant.
- Quelques décennies pour un Martien sont comparables à une ou deux semaines pour un Terrien, nous prenons donc notre temps pour apprendre. Après tout rien ne presse, lui expliquais-je.
- Alors vous êtes des sortes d'elfe du style Legolas du Seigneur des anneaux, vous vivez tellement longtemps que vous parlez entre vous de millier d'années comme on parlerait nous de mois, me dit-il en se référant à une œuvre populaire chez eux.
- Exactement ! je vois que vous arrivez à comprendre quand on explique simplement stupide Terrien, le félicitai-je.
- Et sont-ils tous aussi mauvaise langue de par chez toi ? dit-il d'un ton aigre, ce qui signifie aussi une certaine colère.
- Tu me demandes si nous sommes tous aussi honnête ? oui, personne ne te mentira, la franchise est une qualité, lui répondis-je.
- Être trop franc, ne l'es pas. Moi aussi je vais t'apprendre une chose : parfois le mensonge est préférable à une vérité trop dure, m'expliqua-t-il selon leur absurde logique.
- Ah oui ! m'exclamai-je, j'oubliais presque que vous aviez... comment déjà ? A oui ! des sentiments ! c'est très intéressant c'est chose-là, nous en avons, mais les vôtre sont si développé et profonds qu'ils sont souvent handicapant, c'est pour cela que vous évoluez si lentement.
- Lentement ? m'interrogea-t-il.
- En réalité vous êtes si lent que pour les 10 derniers voyages scolaires qui m'ont précédé, vous avez à peine changé. Lui dis-je.
- C'est que nous prenons notre temps pour évoluer, rien ne presse dit-il en reprenant ma précédente réponse.
- Vous êtes drôle parfois, je vous l'accorde, dis-je en souriant
- Et qu'est-ce que vous étudiez sur mars ? me demanda-t-il
- Ce qu'on veut, lui appris-je, notre façon d'apprendre est aux antipodes de la vôtre, en réalité nous nous contentons d'errer, de faire des rencontres et d'absorber la connaissance de ceux qui ont plus d'expérience et plus tard quand il nous plaira, on fera ce qui correspond le plus à chacun d'entre nous.
- Mais comment faite vous pour l'argent ? s'enquit-il.
- Tu parles de ces bouts de papiers auquel vous accordez tant de valeur, qui vous ont fait perdre la tête au point de détruire votre planète ? demandais-je en réponse à sa question, nous n'avons pas ça chez nous, chacun fait ce qui lui plaît et l'offre à l'autre.
- Vous pratiquez une sorte de troc, simplifia-t-il comme ils le font souvent.
- Tu peux appeler ça comme ça, mais sache qu'ainsi personne ne manque de rien mais surtout que personne n'est malheureux de ce qu'il fait. Vous devriez adopter ce mode de vie, lui conseillais-je, cela vous ferait du bien à vous qui vous faites déjà tant de mal.
- Je suis d'accord sur ce point. Et toi qui es là depuis si longtemps avec nous autre Terrien, dis-moi que retiens-tu de l'être humain ? demandât-il.
- C'est tout simple : vous êtes stupide, parfois bon et généreux, parfois tendre et doux mais aussi et surtout ; vous êtes mauvais, si mauvais, si mauvais ! répétais-je.
- Alors vous connaissez le bien et le mal sur mars ! dit-il étonné.
- Tous les êtres vivants que compte cet univers ont conscience de ces deux notions mais vous êtes les seuls, et je peux te l'assurer pour avoir déjà passé quelques siècles un peu partout dans d'autres planètes, vous êtes les seuls, qui tout en discerner parfaitement le bien du mal, choisissez presque systématiquement de faire le mal. En réalité on se demande comment vous ne vous êtes pas déjà exterminé les uns les autres ? Cela relève du miracle, lui dis-je.
- Ce n'est pas vrai, je te l'accorde, il y'a des gens mauvais mais il ne faut pas généraliser, l'être humain fait aussi le bien autour de lui, dit-il dans un vain effort pour se justifier.
- Deux guerres mondiales, pour te citer un exemple qui ne date que d'un siècle, mais il est vrai aussi que vous oubliez si rapidement, encore un de vos plus gros défauts, lui dis-je encore.
- Alors vous êtes parfait, vous les Martiens, et nous autres Terrien sommes des moins que rien, s'écria-t-il cette fois ci, ce qui dénote d'une violente colère.
- Je ne porte aucun jugement sur vous, qui suis-je pour vous juger ? Après avoir observé, je constate simplement la réalité, lui répondis-je calmement.
- C'est pourtant ce que tu fais, tu nous juges, cria-t-il de nouveau.
- Alors je constate que vous avez déteint sur moi. Dis-je simplement.