Bonheur

J'enfile mes chaussures, je sers les lacets, entendant mes sœurs rigoler avec mes parents. Je pose ma main sur la poignée, elle est froide. J'ouvre la porte, l'air frais de la nuit me traverse le corps et me provoque un léger frisson. Je m'adresse a mes parents, un murmure sourd sort de ma bouche. Moi-même je ne suis pas sur de ce que j'ai dit. Pas de réponse. Alors je soupir. Un long soupir. « A fendre l'âme » comme dirait ma mère. Et je ferme la porte. Délicatement. Comme si, si je faisais le moindre bruit, un bête allait sortir de l'ombre et me sauter dessus.
 J'avance de quelques pas, écoute avec attention le crissement du gravier lorsque je marche dessus, lève la tête et dirige mon regard vers la lune. « Qu'est-ce qu'elle est belle » murmurais-je. Puis, je regarde les étoiles. Une à une. Après avoir contemplé les astres célestes pendant un temps que je ne saurais définir, je me rappelle de pourquoi je suis sorti, ce soir d'été.
Je me met en route, sur le trottoir, je maudit chaque lampadaire de m'empêcher de voir ces belles étoiles. Une voiture passe à coté de moi, puis une autre. A ce moment, je me demande quelles sont les motivations de ces gens. Pourquoi sortent-ils, cette nuit ? Ou vont-ils ? Je continue mon chemin et aperçoit un chat. Il s'arrête, me regarde. Nous nous fixons pendant quelques secondes. D'où vient-il ? Est-il perdu ? Qui sont ses propriétaires ? Une autre voiture arrive, et fait fuir ce chat. Plus loin, en passant devant une maison, une lumière pénètre ma vision périphérique. Je tourne alors la tête et voit une famille, mangeant convivialement un bon diner. Ils ont l'air heureux. Pourquoi sont-ils ensembles eux, alors que moi je suis seul ? Sans la réponse à ma question, je continue mon interminable chemin. Je croise un homme, complètement vêtu de noir. Le regard furtif, il a l'air de fuir un danger, regardant autour de lui comme une proie apeurée. Pourquoi a-t-il l'air effrayé ? A-t-il une famille ? Tant de questions me viennent en tête.
 Finalement, j'atteint ma tant attendue destination : Une petite colline, en surplomb de mon village. Une légère, très légère brise me caresse les tibias. L'herbe ressemble à une mer. Ses va et viens fond allusion a de petites vagues, clapotant doucement. Je m'allonge. Soupir lentement. Ferme les yeux. Et repense à mon voyage. Les lampadaires, les voitures, le chat, la famille, l'homme. Des centaines de questions, la plupart sans réponse, se baladent dans mon esprit.
Je repense à moi. Je repense à ma vie. Je repense aux moqueries des gens du collèges. Je repense à ma solitude. Je repense à ma famille. Et une question se démarque plus que les autres. Une question à laquelle je n'ai jamais pensée mais qui est pourtant évidente. Une question que trop peu de gens se posent. Une question qui pourrai tout changer. Et tout autant me laisser dans mon incompréhension, dans mon doute et mon stress. Une question, que j'aurais dût me poser plus tôt. Et maintenant que je l'ai en tête je n'arrive plus à la sortir. Je ne sais pas quand j'aurais la réponse. Je ne sais même pas si j'aurais la réponse un jour. Alors, j'ouvre les yeux, regarde la lune et me demande : « Suis-je heureux ? ».
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