Au Crépuscule

Quoique les branches soient encore toutes nues,
Le printemps est déjà dans l'air des avenues.

Pas une fleur n'émeut les gazons des talus,
Les bois sont durs et noirs; pourtant l'hiver n'est plus.

Prenons-nous par la main et marchons sans secousse.
Notre coeur sans parole est triste, et l'heure est douce.

Aimons, dans le silence où s'étouffent nos pas,
La beauté des couchants qui ne nous trompe pas.

Goûtons tout le bonheur de notre solitude:
Une voix bercera cette béatitude;

Car un pur rossignol que nous ne pouvons voir
Chante à mourir au fond des arbres et du soir,

Et sa grande âme, vers la lune qui se lève,
Monte de ses poumons plus menus qu'une fève...