Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre. à façon de voir et d'agir semblait étrange à mon entourage. Déjà dès le jeune âge, je passais mon temps à dénoncer les bêtises de ma société.
« Qui est-il? » se demandait de tout le monde, cherchant à m'identifier, au risque, peut-être, de me diffamer. Moi, je me laissais volontiers découvrir par les pauvres opprimés plutôt que par ces oppresseurs au cœur noir.
Mon intuition ne cessait de m'enseigner que ma société était dominée par ces hommes méchants plutôt que par des hommes généreux. Je réalisai l'urgence d'agir. A mon époque, on comptait les hommes généreux au bout du doigt sur la planète. Mais lorsque l'un d'entre eux faisait parler son cœur, c'est des milliers des oubliés de la société qui en trouvaient un soulagement. Si tous ces cœurs généreux pouvaient continuellement faire parler leur cœur, les peuples meurtris en serait dans un perpétuel espoir en un avenir.
Je vois que pauvres et riches cohabitent depuis la nuit des temps sur cette planète terrestre héritée de nos aïeux. Ils créent ainsi une vraie société inégalitaire à l'œil nue. Cette scission sociale est née de la nature et entretenue par l'orgueil de quelques groupes d'individus aux intérêts insatisfaits. Ainsi, la loi de la vie terrestre admet que les riches continuent à s'enrichir et que les pauvres sombrent dans le dénuement. Les riches ingurgitent à leur appétit et les pauvres guignent ces nourritures qui font répandre leur bave. Les riches visitent de grands hôpitaux pour se remettre et les pauvres traînent sur eux leurs pathologies jusqu'à leur total déclin. Les riches se forment pour mieux se servir de leur intérêt et les pauvres vivent à l'état barbare. La liste est non exhaustive.
Mais il se trouve bizarre que la mort reste l'unique sentier obligatoire pour les pauvres et les riches, même si l'on peut toujours observer cette démarcation sur leur tombe.
Mais pourquoi une telle discrimination ? Je n'en savais exactement rien. Mais il fallait absolument lutter pour les droits fondamentaux de ces pauvres, dit-on.
Le vrai gout de mon combat prit naissance un soir quand je rencontrai un retraité de mon quartier. Cet homme avait consacré 60 ans de sa vie au service de notre pays. Il me raconta son malheur d'avoir servi l'Etat :
-Mon fils, je regrette énormément d'avoir servi corps et âme ce pays. Regarde dans quelle situation je me retrouve aujourd'hui.50 mois d'arriérés de pension. La faim est mon compagnon de tous les jours. Je traine sur moi mon diabète et même pour casser la fièvre, il faut aller s'endetter auprès du vendeur des comprimés du quartier. Les voisins des quartiers sont fatigués de ma dette.
-Et comment tu fais pour vivre chaque jour, papa?
-C'est Dieu qui élève l'être humain.
Je ne pouvais fermer les yeux toute la nuit. L'image du retraité me revenait chaque seconde à l'esprit. Je devais alors agir pour le sort de ces personnes du troisième âge et de tous les autres oubliés de mon pays.
Mon premier combat fut une sortie médiatique fortement critiquée par les hommes au cœur noir.
Le deuxième combat fut une marche pacifique violemment réprimée par la police.
Promesses de mort et injures de tout genre me furent lancées. Les gens semblaient ne pas comprendre ma lutte. Il leur faudrait du temps pour comprendre.
Mais, à l'âge de 20 ans, l'alcool vint inopinément perturber mon destin de révolutionnaire.
Tout commença un soir, sur l'invitation de mon ami Wesley à une exposition vente des tableaux. J'y rencontrai celle qui, pour la première fois, fit fortement vibrer mon cœur. Elle s'appelait Anna. Depuis notre rencontre, ce prénom me revenait continuellement à l'esprit, de même que sa belle image.
Très belle, de taille moyenne et de teint ni très noir et ni très clair, Anna était le genre de fille que je cherchais parmi ces jeunes filles de notre ville. Le hasard voulut justement que nous nous rencontrions à cette exposition vente de tableaux.
Ma petite amie aimait particulièrement les fêtes et les soirées. Elle m'y faisait assister couramment. Des moments romantiques occupaient alors quatre-vingt-dix pour cent de mon emploi du temps et me détournaient peu à peu de ma lutte, notamment la plaidoirie. Qui dit soirée, dit alcool. Or il était source de grande indignation chez mes parents.
L'adage selon lequel « l'élève peut dépasser son maitre » se confirmait avec moi. Les petits verres d'alcool qu'on partageait avec Anna au cours de nos sorties me transformèrent progressivement en une véritable vedette d'alcool. Je réalisai que l'amour pour l'alcool commençait par me prendre le dessus.
Je ne manquais pas de m'enivrer au cours de nos multiples sorties. En me voyant rentrer ivre à la maison, ma mère s'emportait. Ses reproches et ses larmes montraient sa volonté à voir mon étoile briller pour toujours. Elle pouvait encore tolérer que mon enivrement soit ponctuel. Mais, mes prises d'alcool étant devenues une religion, ma mère ne pouvait que se mettre dans tous ses états.
On dit que l'alcool rend son preneur inconscient, mais moi je prenais bien conscience de mes bêtises. Face aux outrages de ma mère, j'avalais ma langue pour ne pas la déplacer, ce qui apaisait quelques fois sa colère.
Tout se passait en l'absence de mon père qui partit travailler au sud du pays pour trois mois. Mais, ayant été mis au parfum de mon changement de conduite, papa revint précipitamment.
Quand j'appris que mon père rentrait à cause de mes bêtises, je fus très embarrassée. La peur me secouait dans ma chambre et, devant le miroir, je me trouvai très laid. Je n'avais que deux choix à l'esprit : m'enfuir de la maison ou affronter la colère de mon père. J'avais en effet peur de perdre la confiance de mon père.
A peine rentré, il envoya ma petite sœur me dire de le joindre au salon.
« Le bon gars, je veux t'entendre parler. »
Un silence total s'installa. Je ne savais par où commencer, craignant de me faire humilier par mon père devant ma petite sœur qui se tenait à côté.
- Euh ! Monsieur! Où a disparu ta langue qui adore l'alcool ?
- Je suis...
C'était le seul mot sorti de ma bouche. Je voulais dire que j'étais désolé. Mais on dirait que ma langue était attachée par un gros fil.
« Apparemment cette petite bête à trop peur du lion » dit ma mère, narquoise.
Mon père dû me libérer. J'eu mon salut grâce à mon silence, sinon mon sort aurait été scellé. Je ressentis en ce moment un grand air frais. Mais cette libération était accompagnée d'un ultimatum que je devais appliquer à la lettre. Je devais dorénavant m'éloigner de toute bouteille d'alcool et cesser mes sorties fortuites.
« Qui est-il? » se demandait de tout le monde, cherchant à m'identifier, au risque, peut-être, de me diffamer. Moi, je me laissais volontiers découvrir par les pauvres opprimés plutôt que par ces oppresseurs au cœur noir.
Mon intuition ne cessait de m'enseigner que ma société était dominée par ces hommes méchants plutôt que par des hommes généreux. Je réalisai l'urgence d'agir. A mon époque, on comptait les hommes généreux au bout du doigt sur la planète. Mais lorsque l'un d'entre eux faisait parler son cœur, c'est des milliers des oubliés de la société qui en trouvaient un soulagement. Si tous ces cœurs généreux pouvaient continuellement faire parler leur cœur, les peuples meurtris en serait dans un perpétuel espoir en un avenir.
Je vois que pauvres et riches cohabitent depuis la nuit des temps sur cette planète terrestre héritée de nos aïeux. Ils créent ainsi une vraie société inégalitaire à l'œil nue. Cette scission sociale est née de la nature et entretenue par l'orgueil de quelques groupes d'individus aux intérêts insatisfaits. Ainsi, la loi de la vie terrestre admet que les riches continuent à s'enrichir et que les pauvres sombrent dans le dénuement. Les riches ingurgitent à leur appétit et les pauvres guignent ces nourritures qui font répandre leur bave. Les riches visitent de grands hôpitaux pour se remettre et les pauvres traînent sur eux leurs pathologies jusqu'à leur total déclin. Les riches se forment pour mieux se servir de leur intérêt et les pauvres vivent à l'état barbare. La liste est non exhaustive.
Mais il se trouve bizarre que la mort reste l'unique sentier obligatoire pour les pauvres et les riches, même si l'on peut toujours observer cette démarcation sur leur tombe.
Mais pourquoi une telle discrimination ? Je n'en savais exactement rien. Mais il fallait absolument lutter pour les droits fondamentaux de ces pauvres, dit-on.
Le vrai gout de mon combat prit naissance un soir quand je rencontrai un retraité de mon quartier. Cet homme avait consacré 60 ans de sa vie au service de notre pays. Il me raconta son malheur d'avoir servi l'Etat :
-Mon fils, je regrette énormément d'avoir servi corps et âme ce pays. Regarde dans quelle situation je me retrouve aujourd'hui.50 mois d'arriérés de pension. La faim est mon compagnon de tous les jours. Je traine sur moi mon diabète et même pour casser la fièvre, il faut aller s'endetter auprès du vendeur des comprimés du quartier. Les voisins des quartiers sont fatigués de ma dette.
-Et comment tu fais pour vivre chaque jour, papa?
-C'est Dieu qui élève l'être humain.
Je ne pouvais fermer les yeux toute la nuit. L'image du retraité me revenait chaque seconde à l'esprit. Je devais alors agir pour le sort de ces personnes du troisième âge et de tous les autres oubliés de mon pays.
Mon premier combat fut une sortie médiatique fortement critiquée par les hommes au cœur noir.
Le deuxième combat fut une marche pacifique violemment réprimée par la police.
Promesses de mort et injures de tout genre me furent lancées. Les gens semblaient ne pas comprendre ma lutte. Il leur faudrait du temps pour comprendre.
Mais, à l'âge de 20 ans, l'alcool vint inopinément perturber mon destin de révolutionnaire.
Tout commença un soir, sur l'invitation de mon ami Wesley à une exposition vente des tableaux. J'y rencontrai celle qui, pour la première fois, fit fortement vibrer mon cœur. Elle s'appelait Anna. Depuis notre rencontre, ce prénom me revenait continuellement à l'esprit, de même que sa belle image.
Très belle, de taille moyenne et de teint ni très noir et ni très clair, Anna était le genre de fille que je cherchais parmi ces jeunes filles de notre ville. Le hasard voulut justement que nous nous rencontrions à cette exposition vente de tableaux.
Ma petite amie aimait particulièrement les fêtes et les soirées. Elle m'y faisait assister couramment. Des moments romantiques occupaient alors quatre-vingt-dix pour cent de mon emploi du temps et me détournaient peu à peu de ma lutte, notamment la plaidoirie. Qui dit soirée, dit alcool. Or il était source de grande indignation chez mes parents.
L'adage selon lequel « l'élève peut dépasser son maitre » se confirmait avec moi. Les petits verres d'alcool qu'on partageait avec Anna au cours de nos sorties me transformèrent progressivement en une véritable vedette d'alcool. Je réalisai que l'amour pour l'alcool commençait par me prendre le dessus.
Je ne manquais pas de m'enivrer au cours de nos multiples sorties. En me voyant rentrer ivre à la maison, ma mère s'emportait. Ses reproches et ses larmes montraient sa volonté à voir mon étoile briller pour toujours. Elle pouvait encore tolérer que mon enivrement soit ponctuel. Mais, mes prises d'alcool étant devenues une religion, ma mère ne pouvait que se mettre dans tous ses états.
On dit que l'alcool rend son preneur inconscient, mais moi je prenais bien conscience de mes bêtises. Face aux outrages de ma mère, j'avalais ma langue pour ne pas la déplacer, ce qui apaisait quelques fois sa colère.
Tout se passait en l'absence de mon père qui partit travailler au sud du pays pour trois mois. Mais, ayant été mis au parfum de mon changement de conduite, papa revint précipitamment.
Quand j'appris que mon père rentrait à cause de mes bêtises, je fus très embarrassée. La peur me secouait dans ma chambre et, devant le miroir, je me trouvai très laid. Je n'avais que deux choix à l'esprit : m'enfuir de la maison ou affronter la colère de mon père. J'avais en effet peur de perdre la confiance de mon père.
A peine rentré, il envoya ma petite sœur me dire de le joindre au salon.
« Le bon gars, je veux t'entendre parler. »
Un silence total s'installa. Je ne savais par où commencer, craignant de me faire humilier par mon père devant ma petite sœur qui se tenait à côté.
- Euh ! Monsieur! Où a disparu ta langue qui adore l'alcool ?
- Je suis...
C'était le seul mot sorti de ma bouche. Je voulais dire que j'étais désolé. Mais on dirait que ma langue était attachée par un gros fil.
« Apparemment cette petite bête à trop peur du lion » dit ma mère, narquoise.
Mon père dû me libérer. J'eu mon salut grâce à mon silence, sinon mon sort aurait été scellé. Je ressentis en ce moment un grand air frais. Mais cette libération était accompagnée d'un ultimatum que je devais appliquer à la lettre. Je devais dorénavant m'éloigner de toute bouteille d'alcool et cesser mes sorties fortuites.