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Histoires Jeunesse - 11-14 Ans (Cycle 4)
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Emmitouflée dans son manteau, le nez enfoui dans son écharpe, Olivia pédale aussi rapidement qu'elle le peut. Son vieux vélo couine sous ses pieds. Cette soirée de janvier est particulièrement froide. La nuit est tombée et elle a hâte de rentrer chez elle.
Cela fait quelques minutes qu'elle a quitté le collège lorsqu'elle remarque des lumières survolant le quartier. Elle tend l'oreille et reconnaît le bruit d'ailes aussi grandes que des voiles de bateau. Des dragons !
Ce n'est pas courant de voir des dragons dans son quartier paisible. Les agents dragons ne se déplacent qu'en cas d'urgence. La dernière fois qu'elle en a vu un, Olivia est restée pendue à la fenêtre de sa chambre pour admirer son atterrissage et son décollage dans le parc avoisinant.
Maudissant la nuit, Olivia plisse les yeux pour repérer les créatures la survolant. Leurs harnais étaient équipés de lanternes de couleur. Il y en a plusieurs. Au moins trois ! Que se passe-t-il donc pour nécessiter autant de dragons ?
Arrêtée à un carrefour, Olivia remarque un attroupement avec des voitures de police en bas de la rue de droite. Elle hésite à aller se renseigner, mais ce n'est pas son chemin et si elle descend, elle devra remonter la pente pour rentrer chez elle.
Est-ce que ça en vaut la peine ? Probablement pas. Elle apprendra ce qui se passe lorsqu'elle arrivera chez elle de toute façon : ses parents savent toujours tout. Et puis, Olivia est plutôt du genre flemmarde.
Renonçant à sa curiosité, Olivia traverse la rue et continue son chemin. Il n'y a personne aux alentours. Ils sont probablement tous allés voir ce qui se passe en bas. Elle en profite pour lever les yeux et admirer les lumières patrouillant le ciel. Grâce à elles, elle peut distinguer les silhouettes de ces créatures magnifiques aussi grandes que des éléphants. Leurs écailles brillent de toutes les couleurs lorsque les dragons survolent des lampadaires.
Distraite, Olivia ne regarde pas où elle va. Quelque chose sort d'une allée, court juste devant elle et pousse un cri aigu, comme un feulement, lorsque le vélo le frôle. Olivia freine brutalement, manque de se casser la figure et jure en mettant pied à terre.
Elle regarde autour d'elle avec inquiétude. Elle n'a vu qu'une silhouette, mais ça ressemblait à un petit animal. Probablement un chat, vu le bruit qu'il a fait. Elle espère ne pas l'avoir blessé.
Olivia se trouve à mi-chemin de deux lampadaires. Elle aperçoit vaguement une silhouette traverser la rue et courir dans le sens d'où elle vient, puis se cacher dans un buisson au coin d'un jardin. Olivia s'approche lentement, pose son vélo à terre et se baisse.
— Eh, petit, petit. Je t'ai fait mal ?
Accroupie, elle tente d'apercevoir quelque chose à travers la végétation. Il n'y a plus beaucoup de feuilles en plein hiver, mais beaucoup d'ombre. Lorsqu'elle voit quelque chose bouger, c'est une queue qui glisse sur les feuilles mortes, puis des griffes qui brillent.
Lentement, sans geste brusque pour ne pas faire peur à l'animal, Olivia ouvre une poche de son cartable et en tire une ficelle qu'elle agite devant le buisson. Ce n'est peut-être pas très malin, mais elle n'a rien d'autre pour attirer un chat.
— Ah !
Une patte griffue surgit, agrippe la ficelle et l'entraîne dans sa cachette.
L'objet file entre les doigts d'Olivia. Mais si elle est tombée sur les fesses, ce n'est pas à cause de ça : c'est parce que ce n'était pas un chat !
Un chat, ça a des poils, pas des écailles !
Du bruit provenant de l'allée proche la sort de sa stupeur. Ce sont des bruits de course, de grosses chaussures sur les cailloux du sentier pédestre. Deux hommes apparaissent. Ils ont des habits sombres et n'ont pas l'air sympathiques. Ils regardent autour d'eux avec des airs agacés et pressés.
— Où est-ce que cette petite peste est passée ?
L'un d'eux la repère, étalée par terre, et fronce les sourcils.
Au même moment, un cri aigu surgit du buisson. Les branches s'agitent.
L'attention des deux hommes est sur Olivia.
Le chat qui n'est pas un chat bondit hors de sa cachette, se rue sur elle et s'agrippe à son sac. La petite chose aux écailles rouges escalade Olivia et plante ses griffes dans son écharpe.
Les deux hommes viennent dans leur direction.
Olivia n'a aucune idée de ce qui se passe, mais elle sait deux choses : un bébé dragon lui a sauté dessus et ses deux types lui font peur ; à elle mais aussi au bébé, vu comme il crache et siffle dans leur direction.
Elle n'est pas stupide. Elle enfourche son vélo aussi vite que possible.
Les deux hommes se mettent à courir et le premier tend la main pour l'arrêter.
Olivia crie de peur et pédale comme si sa vie en dépendait. Elle dérape lorsqu'elle arrive au carrefour, pense aux voitures de police toutes proches, et prend la rue qui descend. La pente est très forte. Olivia va très vite.
Le bébé dragon a enroulé sa queue autour de son cou. Il siffle dans son oreille. Son souffle chaud effleure sa joue.
Les gens en bas de la rue se tournent, peut-être à cause des cris. Les cris d'Olivia.
Car Olivia va beaucoup trop vite.
— Au secours ! elle hurle en voyant les voitures lui barrer la route.
Elle freine, mais ça ne suffira pas.
Voisins et policiers se jettent hors de son chemin.
Olivia ferme les yeux, anticipant l'impact.
Quelque chose l'attrape par le dos de sa doudoune.
Elle s'envole.
Quand elle ose ouvrir les yeux après un grand bruit de tôle mais aucune douleur, c'est pour se voir flotter au-dessus des voitures. Elle lève la tête et rencontre le regard perçant et brillant d'un dragon adulte, rouge comme un rubis. Ses ailes soulèvent de la poussière alors qu'il la dépose délicatement sur un toit de voiture avant d'atterrir juste derrière elle.
Sous le choc, Olivia cligne des yeux sans comprendre ce qui se passe. Elle est debout sur le toit d'une voiture... et elle n'est pas aplatie comme une crêpe. C'est plutôt une bonne chose, mais...
— Woah, murmure-t-elle en écartant les bras, prise d'un vertige.
Un homme saute du dos du dragon et court à sa rencontre.
— Hey, petite. Ça va ?
— Euh, oui ?
Quelque chose de pointu lui griffe le cuir chevelu et le front. Une petite tête triangulaire se penche et lui barre la vue. Olivia pointe du doigt son nouveau chapeau.
— Il est à vous ? Parce qu'il y a ces deux types là-haut qui lui couraient après et... euh... je crois que j'ai paniqué.
Le dragonnier rit.
— Oh, oui. Il est à nous, et plus précisément à lui, dit-il en pointant du doigt le dragon rouge. C'est son fils que tu viens juste de sauver.
— Oh ? Cool, c'est cool, balbutie-t-elle.
Sous le choc, elle s'assoit sur le toit de la voiture et pense distraitement qu'elle doit appeler ses parents.
Elle va être en retard parce que son vélo est écrasé comme un accordéon, sa doudoune est déchirée par les griffes du dragon... Oh, et elle est devenue la nouvelle célébrité du quartier pour avoir arrêté un vol de dragon.
Cela fait quelques minutes qu'elle a quitté le collège lorsqu'elle remarque des lumières survolant le quartier. Elle tend l'oreille et reconnaît le bruit d'ailes aussi grandes que des voiles de bateau. Des dragons !
Ce n'est pas courant de voir des dragons dans son quartier paisible. Les agents dragons ne se déplacent qu'en cas d'urgence. La dernière fois qu'elle en a vu un, Olivia est restée pendue à la fenêtre de sa chambre pour admirer son atterrissage et son décollage dans le parc avoisinant.
Maudissant la nuit, Olivia plisse les yeux pour repérer les créatures la survolant. Leurs harnais étaient équipés de lanternes de couleur. Il y en a plusieurs. Au moins trois ! Que se passe-t-il donc pour nécessiter autant de dragons ?
Arrêtée à un carrefour, Olivia remarque un attroupement avec des voitures de police en bas de la rue de droite. Elle hésite à aller se renseigner, mais ce n'est pas son chemin et si elle descend, elle devra remonter la pente pour rentrer chez elle.
Est-ce que ça en vaut la peine ? Probablement pas. Elle apprendra ce qui se passe lorsqu'elle arrivera chez elle de toute façon : ses parents savent toujours tout. Et puis, Olivia est plutôt du genre flemmarde.
Renonçant à sa curiosité, Olivia traverse la rue et continue son chemin. Il n'y a personne aux alentours. Ils sont probablement tous allés voir ce qui se passe en bas. Elle en profite pour lever les yeux et admirer les lumières patrouillant le ciel. Grâce à elles, elle peut distinguer les silhouettes de ces créatures magnifiques aussi grandes que des éléphants. Leurs écailles brillent de toutes les couleurs lorsque les dragons survolent des lampadaires.
Distraite, Olivia ne regarde pas où elle va. Quelque chose sort d'une allée, court juste devant elle et pousse un cri aigu, comme un feulement, lorsque le vélo le frôle. Olivia freine brutalement, manque de se casser la figure et jure en mettant pied à terre.
Elle regarde autour d'elle avec inquiétude. Elle n'a vu qu'une silhouette, mais ça ressemblait à un petit animal. Probablement un chat, vu le bruit qu'il a fait. Elle espère ne pas l'avoir blessé.
Olivia se trouve à mi-chemin de deux lampadaires. Elle aperçoit vaguement une silhouette traverser la rue et courir dans le sens d'où elle vient, puis se cacher dans un buisson au coin d'un jardin. Olivia s'approche lentement, pose son vélo à terre et se baisse.
— Eh, petit, petit. Je t'ai fait mal ?
Accroupie, elle tente d'apercevoir quelque chose à travers la végétation. Il n'y a plus beaucoup de feuilles en plein hiver, mais beaucoup d'ombre. Lorsqu'elle voit quelque chose bouger, c'est une queue qui glisse sur les feuilles mortes, puis des griffes qui brillent.
Lentement, sans geste brusque pour ne pas faire peur à l'animal, Olivia ouvre une poche de son cartable et en tire une ficelle qu'elle agite devant le buisson. Ce n'est peut-être pas très malin, mais elle n'a rien d'autre pour attirer un chat.
— Ah !
Une patte griffue surgit, agrippe la ficelle et l'entraîne dans sa cachette.
L'objet file entre les doigts d'Olivia. Mais si elle est tombée sur les fesses, ce n'est pas à cause de ça : c'est parce que ce n'était pas un chat !
Un chat, ça a des poils, pas des écailles !
Du bruit provenant de l'allée proche la sort de sa stupeur. Ce sont des bruits de course, de grosses chaussures sur les cailloux du sentier pédestre. Deux hommes apparaissent. Ils ont des habits sombres et n'ont pas l'air sympathiques. Ils regardent autour d'eux avec des airs agacés et pressés.
— Où est-ce que cette petite peste est passée ?
L'un d'eux la repère, étalée par terre, et fronce les sourcils.
Au même moment, un cri aigu surgit du buisson. Les branches s'agitent.
L'attention des deux hommes est sur Olivia.
Le chat qui n'est pas un chat bondit hors de sa cachette, se rue sur elle et s'agrippe à son sac. La petite chose aux écailles rouges escalade Olivia et plante ses griffes dans son écharpe.
Les deux hommes viennent dans leur direction.
Olivia n'a aucune idée de ce qui se passe, mais elle sait deux choses : un bébé dragon lui a sauté dessus et ses deux types lui font peur ; à elle mais aussi au bébé, vu comme il crache et siffle dans leur direction.
Elle n'est pas stupide. Elle enfourche son vélo aussi vite que possible.
Les deux hommes se mettent à courir et le premier tend la main pour l'arrêter.
Olivia crie de peur et pédale comme si sa vie en dépendait. Elle dérape lorsqu'elle arrive au carrefour, pense aux voitures de police toutes proches, et prend la rue qui descend. La pente est très forte. Olivia va très vite.
Le bébé dragon a enroulé sa queue autour de son cou. Il siffle dans son oreille. Son souffle chaud effleure sa joue.
Les gens en bas de la rue se tournent, peut-être à cause des cris. Les cris d'Olivia.
Car Olivia va beaucoup trop vite.
— Au secours ! elle hurle en voyant les voitures lui barrer la route.
Elle freine, mais ça ne suffira pas.
Voisins et policiers se jettent hors de son chemin.
Olivia ferme les yeux, anticipant l'impact.
Quelque chose l'attrape par le dos de sa doudoune.
Elle s'envole.
Quand elle ose ouvrir les yeux après un grand bruit de tôle mais aucune douleur, c'est pour se voir flotter au-dessus des voitures. Elle lève la tête et rencontre le regard perçant et brillant d'un dragon adulte, rouge comme un rubis. Ses ailes soulèvent de la poussière alors qu'il la dépose délicatement sur un toit de voiture avant d'atterrir juste derrière elle.
Sous le choc, Olivia cligne des yeux sans comprendre ce qui se passe. Elle est debout sur le toit d'une voiture... et elle n'est pas aplatie comme une crêpe. C'est plutôt une bonne chose, mais...
— Woah, murmure-t-elle en écartant les bras, prise d'un vertige.
Un homme saute du dos du dragon et court à sa rencontre.
— Hey, petite. Ça va ?
— Euh, oui ?
Quelque chose de pointu lui griffe le cuir chevelu et le front. Une petite tête triangulaire se penche et lui barre la vue. Olivia pointe du doigt son nouveau chapeau.
— Il est à vous ? Parce qu'il y a ces deux types là-haut qui lui couraient après et... euh... je crois que j'ai paniqué.
Le dragonnier rit.
— Oh, oui. Il est à nous, et plus précisément à lui, dit-il en pointant du doigt le dragon rouge. C'est son fils que tu viens juste de sauver.
— Oh ? Cool, c'est cool, balbutie-t-elle.
Sous le choc, elle s'assoit sur le toit de la voiture et pense distraitement qu'elle doit appeler ses parents.
Elle va être en retard parce que son vélo est écrasé comme un accordéon, sa doudoune est déchirée par les griffes du dragon... Oh, et elle est devenue la nouvelle célébrité du quartier pour avoir arrêté un vol de dragon.
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Illustration : Mathilde Ernst