Vie… virtuelle

Diane Marnier <br><i>Conférencière à la Réunion des musées nationaux – Grand Palais</i>

Diane Marnier Conférencière à la Réunion des musées nationaux – Grand Palais

J'ai toujours r...rêvé d'être concepteur de jeux vidéo. Je finis le l...lycée cette année. J'ai mis 4 ans de plus que les copains, mais ç...ça y est. L'année prochaine, je commence une é...école de graphisme. Je vais apprendre à créer des images vi...virtuelles. Moi ce que j'aime le plus, c'est pas l'histoire du jeu, c'est l'aspect des p...personnages. 
 
Quand j'étais petit, je jouais à Z...Zelda. Vous connaissez ? Le héros, Link, est un chef-d'œuvre : ses oreilles pointues, son costume, ses armes, l'aura bleue qui s'en dégage, t, t...tout fonctionne. On a envie de jouer tout de suite quand on le voit ! Récemment, j'ai testé le d...dernier Final Fantasy. Celui-là, si vous ne le connaissez pas, vous êtes vraiment à la r...ramasse ! Yoshitaka Amano est un génie de l'illustration ! Il a créé des personnages tellement fascinants qu'ils vivent dans des jeux durant des années. Le premier Final Fantasy a été créé en 1987 ! J...je suis né 30 ans plus tard et j'y joue ! Je voudrais faire ça moi aussi. 
 
Mais on peut être doué pour l'informatique et beaucoup moins pour l'é...l'école. Depuis tout petit, j'ai bien vu q...que quelque chose n'allait pas. Mes maîtresses disaient à mes parents que j'étais b...beaucoup plus lent que les autres. Et puis, vous avez dû le remarquer : j...je bégaye. Alors j'ai redoublé le CP pour entrer en CE1 avec le même niveau de lecture que les autres. Puis j'ai redoublé le CM2 pour ne pas être p...perdu en 6e. Idem en 4e et en 2nde. Reste à savoir si je vais avoir mon bac. 
 
Au début, me faire des amis n'était pas difficile. Mais p...plus j'ai grandi, plus les autres voyaient mes différences. Mon bégaiement bien sûr, mais aussi mes p...petites manies. Je place toujours mon cartable de la même manière sous ma chaise, ma trousse toujours disposée pareil sur m...ma table. Je recoiffe mes cheveux souvent. Je sais bien que tout le monde ne fait pas ça. Mais je ne p...peux pas m'en empêcher. Et, qu'est-ce que cela change ? Alors, à force de laisser couler les moqueries, les autres se sont lassés. Certains ont commencé à mieux me connaître. Au-delà de mes m...manies, ils ont vu que je pouvais être cool. Ils ont découvert mes personnages de jeux. 
 
Maintenant, je j...joue en réseau avec pas mal de copains. Tiens ça sonne. C'est sans d...doute Amadou et Keylan qui arrivent pour réviser pour le bac. Je les surnomme mes « best b...buddies ». Quand j'ai vu l'affiche de cette asso américaine qui milite pour l'intégration des personnes un peu différentes, ça m'a parlé tout de suite. Deux potes, bras dessus bras dessous. Des couleurs vives qui rayonnent d'amitié. Mes p...potes : Amadou et Keylan. Sans eux...
 
Demain, épreuve de ph... philo. Je vais ouvrir et on s'y met ! Si j'ai mon bac, je ferai des personnages de jeux vidéo. J'en créerai un n...neuro-atypique¹, comme moi. Il aura un bouclier avec une aura irisée, une cicatrice sur la joue. Il aura aussi des ailes noires immenses, trop la classe ! Il aura... mince, faut que j'aille ou... ouvrir !
 
¹ Une personne neuro-atypique est une personne qui a une manière différente d'être au monde. Cela peut correspondre à des troubles de l'attention ou du rapport social, mais aussi à un très haut potentiel intellectuel ou émotionnel.
 
« Best Buddies » de Keith Haring
Keith Haring, artiste américain du 20e siècle, est connu, notamment, pour ses graffitis et ses grandes fresques murales aux couleurs vives. Ses œuvres reflètent beaucoup son engagement humanitaire et portent un message social et politique sur des préoccupations telles que le racisme, l'apartheid, l'homophobie, la discrimination, etc. L'artiste a fait don de son œuvre « Best Buddies » à l'association du même nom, qui lutte pour l'inclusion des personnes de déficiences mentales.

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