Une vie chamboulée

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.
Tant que questions me taraudent l'esprit,Je m'appelle Amadou Diop issu d'une famille modeste,j'ai perdu ma mère quand j'avais 12 ans.Elle m'a laissée avec mon père et ma tante,son désormais ex coépouse,mère de deux enfants Astou et Omar.Voici mon histoire...Tout à commencer le jour où ma charmante mère nous a quittés (que son âme repose en paix).C'était un vendredi alors on revenait des champs.Elle souffrait d'une insuffisance rénale.Cette maladie la hantait toute sa vie durant.Je me suis donné corps et âme pour qu'elle guérisse de sa fatigante maladie.Après le champ je cherchais un petit boulot pour ses ordonnances alors que mon père ne se souciait guère de ce que vivait ma mère, il était toujours occupé avec sa mégère deuxième femme qui tout le temps semait le bordel à la maison.Ce jour là nous étions revenus tard à la maison parce qu'il y avait trop de boulot au champ.Il y avait trop de monde devant la maison.Je commençais à me poser toutes les questions du monde,mes jambes me lassait peu à peu,j'essayais de comprendre ce qui se passait,mon esprit ne coopérait pas.Des doutes me taraudèrent l'esprit ,je fonçais directement dans la chambre de ma mère où elle s'était étalée sous une couverture Blanche (percale),je refusais de croire ce qui se passait sous mes yeux en restant inerte devant son corps sans parler ni éclipser les yeux jusqu'à ce que des hommes vinrent pour l'amener dans sa dernière demeure.Le lendemain ma mère a été inhumée,la maison était remplie de personnes venant des quatre coins du monde pour les condoléances.Ces dernière se succédèrent.Ma tante recevait les «jaxal»(l'argent qu'on donne à la famille éplorée)hum! quelle hypocrite !!Elle faisait semblant d'être affectée alors que son langage corporel la trahissait.Elle n'a jamais aimé ma défunte mère.Décidément elle ne change jamais.Une semaine après les funérailles,la maison s’était vidée de ses hôtes,Aminata,la sœur de mon père voulait m'amener à Dakar où elle vivait avec sa famille mais ma tante refusait catégoriquement.Waouh !quelle actrice !Tout ce cinéma ,cétait juste pour me voir souffrir.J’étais totalement dans le noir,je voyais plus rien. Désespoir et tristesse m'angoissaient,je n'avais aucune motivation pour continuer mes études,la lumière qui m'éclairait,s'est éteinte,je n'ai plus de confidente ,ma vie n'avait plus de sens,oh mère! pourquoi tu m'as abandonné si tôt.Je n’oublierai jamais ses derniers mots «Amadou ne te laisse pas abattre par les aléas de la vie,elle est faite ainsi,certains t'aimerons et d'autres te détesterons.Mais quoiqu'il puisse advenir,reste toujours toi-même»,«aide ton semblable et n'attend rien de personne,ainsi tu auras une vie stable et heureuse».
J'ai repris la chemin de l'école,le regard des gens me dérangerait,on me fuiait comme si j'avais la peste,je n'avais pas d'amis ni de confident en restant seul dans mon coin.Je venais à l'école avec des habits abîmés parfois à moitié nu.50f était mon argent de poche.N'empêche que j’étais le meilleur à l'école,j'avais parfois des moyennes allant de 16 à 18.J'ai fini par décrocher mon Bac avec une mention bien, quel soulagement! comme si on m'enlevait le monde sur les dos,j'étais très fier de mon parcours.Le problème c'est que mes frères ont échoué hum c'est bizarre alors leur mère a tout fait pour qu'ils réussissent,elle a même pris l'occasion d’aller voir des charlatans pour leur sacre.Pendant que Omar et Astou pleuraient de toute leur larme,je recevais la félicitation de mes proches et de mes camarades.Arrivée à la maison papa était très fier de moi et de mes résultats,il commença à faire mes éloges.À ce moment ma tante sorta de sa chambre,elle était à la fois triste et jalouse.Elle lança une relique à mon père,un bon père de famille doit être impartial et ce que tu fais n'est pas du tout normal,mais mon papa continuait ses éloges à mon égard en me disant n'écoute pas ce qu'elle dit,elle juste une aigrie,une méchante sans cœur.Les données ont changé,mon père me considérait et me donnait de l'importance de plus en plus .je retrouvai le sourire.ça n'a pas plu à ma tante.Elle a juré de me foutre dehors.Elle faisait tout pour m'empêcher d'être heureux.Un jour elle m'a invité dans sa chambre,elle était gentille avec moi.Alors je commence à me poser des questions,que me vaut cette honneur? Est elle devenue une autre personne? Tout d'un coup elle commença à crier très fort ,sale violeur !sort de ma chambre!fils de pute!elle répétait ces phrases.J'étais confus,je ne savais pas quoi dire,je savais que cette femme mijotait quelque chose.les voisins vinrent la secourir en me donnant des coups de poing,ils m'ont tabassé jusqu’à casser mon bras.Pendant ce temps mon père était en voyage,il l'a même accourci pour voir ce qui se passait .Le lendemain le chef du village de Njooben,un homme âgé de 70 ans,il avait le respect de tout le monde de par son charisme,de par sa rigueur dans tout les domaines.Il tranchait les litiges qui opposaient les habitants de ledit village,nous convoqua.Il demanda à ma tante que s'était-il passé.Cette mégère femme s’etais mise à raconter des sottises.
-Calme toi ma chère je vais régler son compte,disait le chef
-Je ne veux plus de ce maudit garçon, répliqua mon père
-Mon fils,on ne veux pas des gens comme toi dans ce village,j'avais confiance en toi alors il va falloir que tu partes loin d'ici.
C'était difficile pour moi,ils ne m'ont pas laissé parler,je voulais expliquer à tout le monde ce qui s'était réellement passé mais hélas personne ne m'écoutait, J'étais la risée du village.Pourquoi on aime faire du mal à son prochain? Pourquoi tant de méchanceté envers les gens?C'est à partir de ce moment que j'ai compris le sens de cette boutade « l'homme est un loup pour l'homme.»Cette histoire a chamboulé ma vie,elle a coupé les liens que j'avais avec ma famille,personne ne se voulait de moi.J'avais vraiment les yeux fermés sur tout ce qui se passait autour de moi.Ma famille m'a abandonné,rejeté.Je ne voyais que la mort,je voulais me suicider mais je me rappelais toujours les conseils de ma mère comme si son esprit me suivait.Je m'étais réfugié chez Aminata à Dakar,.Elle m'a recueilli aux bras, aimé comme si j'étais son fils.Elle a même financé mon cursus universitaire. J'ai été orienté à la faculté des sciences juridiques et politiques de Dakar.Le droit me passionnait,un rêve de gosse devenu une réalité.j'ai réussi à décroché mon master 2 et également réussi le concours de la magistrature.Après ma formation on m'a affecté comme président du tribunal d’instance de Louga.Mon premier dossier,c'était un homme d'une soixantaine d'année qui a assassiné sa femme par jaloux,cette dernière la trompait avec un homme moins âgé que lui .Le jour du procès,j'avais la pression car je m'apprêtait à vivre ma première expérience en tant que juge,c'était le moment de triompher,un nouveau chapitre s'ouvrait après tant de galère.J'entrai dans la salle où tout était organisée,le public était bien présent,les témoins et l'accusé étaient aussi tous en place. L'assassin avait la tête baissée,on pouvait pas l'identifier ce moment là ,la séance a été déclarée ouverte,le vieux a été appelé au bar,il marchait lentement toujours la tête baissée,ses pas rocambolesques me donnèrent des frissons,mon cœur battait plus fort, j'avais ce sentiment ahurissant qui n'empêchait d'être à l'aise, il leva la tête, nos yeux se croisaient,puis je découvris que l'accusé était mon père. J'étais perdu,je refusais de croire ce que je voyais sous mes yeux,je restai longtemps sans rien faire,j'ai pris mon courage à deux mains,il fallait que je fasse quelque chose.C'était mon devoir de trancher les litiges et rendre justice,je ne pouvais pas trahir mon sermon.Finalement je l'ai condamné à 15 ans de prison ferme et une amande de 500 000f.Depuis lors je me demande si étais-je dans le noir ou avais-je les yeux fermés?Peut être les deux.