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Institut Interafricain de Formation en Assurance et en gestion des Entreprises
Une minute de silence
Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité.
Une éternité durant laquelle je ne pouvais ni voir, ni entendre. Pourtant je savais qu'il y avait des personnes autour de moi. Cela a toujours été difficile pour moi de me situer dans ce genre de moments. Je me sens coupée du monde, de tout son, comme de toute image. Je manque d'air et mes yeux s'humidifient de plus en plus sur le moment.
Tu as attiré mon attention comme jamais personne auparavant et tu as fait de moi la victime de ton âme. Pourquoi avait-il fallu que tu m'aides ce jour là? Pourquoi avait-il fallu que ce soit toi et pas quelqu'un d'autre? Tu as ingéré en moi la semence de l'amour mais cet amour a germé comme de l'ivraie.
Tu as fait de moi une attache. Et désormais je ne souhaite plus être autre chose que celle-ci.
Tu as fait de moi une attache. Et désormais je ne souhaite plus être autre chose que celle-ci.
Je vivrai pour toi car tu as permis que je vive.
- Clara, viendras-tu ce soir?
Cette question resta en suspens comme
les feuilles d'un arbre. Cela m'importait peu d'y aller, encore moins de lui répondre.
- Tu sais, tu devrais faire un effort. Même s'il ne t'a pas toujours bien traitée, il reste ton père, tu devrais venir à sa commémoration. Gideon est dans le coma. Sa mort n'est pas encore arrivée. Tu auras le temps d'y penser et de t'acharner sur ton sort. C'est le moment de penser à ton père...
En toute situation, cela reste ton avis, je ne fais que te conseiller.
J'ouvris la bouche sans mot dire. J'étais bien trop consternée par les obscénités qu'il venait de prononcer. Gideon était entre la vie et la mort. Ses jours étaient d'ailleurs comptés. Et cet homme? Cet homme n'était pas mon père. C'était mon géniteur, une brute et un profiteur.
Il n'avait rien d'un père. Son seul langage était les réprimandes et les corrections, les regards noirs et les sourires hypocrites. Il a bafoué mon innocence et a fait de moi une coquille vide, une personne sans émotions.
Ce soir là, il était présent. Il est rentré ivre d'une de ses soirées du samedi. Il m'a regardée et il a vu en moi l'âme de ma mère. Cette colère qu'il déverse sur moi, il l'a déversée sur elle jusqu'à l'achever. Et il continue. Il ne cesse de me répéter que je suis sa copie conforme et c'est en me rouant de coups que j'en paie le prix.
Ce soir là, approchait le coup de grâce. Il m'a cherchée partout. Je tremblais, je suffoquais mais il en valait de ma vie que je me tienne à carreaux.
Il finit par me trouver et c'est le cou pressé comme un vêtement qu'il me sortit de ma cachette pour me battre. Et au moment où je le sentais en finir, tu es apparu.
Les yeux marrons et brillants. Le buste relevé. La corpulence élancée. La couleur ébène de ta peau mariée à celle de tes vêtements. Tu l'as empêché d'en finir avec moi. Tu m'as protégée et a fait en sorte que ce ne soit plus jamais bastonnades et corrections.
Les yeux marrons et brillants. Le buste relevé. La corpulence élancée. La couleur ébène de ta peau mariée à celle de tes vêtements. Tu l'as empêché d'en finir avec moi. Tu m'as protégée et a fait en sorte que ce ne soit plus jamais bastonnades et corrections.
Pour cela, je t'en suis reconnaissante. Et depuis ce jour, je t'ai suivi partout. Je t'ai cherché, je t'ai trouvé et j'ai fait de toi mon étoile du matin. Tu as habité dans mon esprit et j'ai fait de toi l'intégralité de ma vie.
Aujourd'hui, j'en dépends. Aujourd'hui, je vis de cet amour qui Dieu seul sait s'il est partagé. Mais peu importe je le vivrai jusqu'à ma mort. Puisque sans toi, elle serait venue il y a belle lurette.
Je ne souhaite pas t'abandonner et je ne le ferais pour rien au monde. Mais aujourd'hui, tu ne me laisses aucun choix. Tu t'en vas.
Tu t'en vas là où je ne peux pas te suivre et tu ne me laisses aucun choix.
Rien que l'idée de te savoir dans cet état ne me permet pas d'être dans ce monde, c'est ainsi que je perds mes sens. Et cela persiste, pendant une minute, une longue minute. Une minute durant laquelle l'angoisse de te perdre devient supérieure à l'amour que je te porte.
Mon cœur n'est pas en miette mais mon cœur désire t'aimer.
La tristesse aura souvent l'air de vous soulager mais ce n'est pas le cas.
Lorsque je suis triste, je ressens une envie de m'isoler de tout et de tous pour retrouver le calme de mon sommeil. Je n'arrive pas à traduire ces mots, je n'arrive pas à mettre des paroles sur mes sentiments et pour ça, je me sens mal.
Lorsque je suis triste, je ressens une envie de m'isoler de tout et de tous pour retrouver le calme de mon sommeil. Je n'arrive pas à traduire ces mots, je n'arrive pas à mettre des paroles sur mes sentiments et pour ça, je me sens mal.
Puis encore une fois, je me rapproche de toi et c'est à ce moment que je me rend compte que s'en éloigner m'est un mal. Je n'arrive pas à croire que chaque fois que le temps s'avance, il ne passe un jour sans que je ne pense à toi. Tu me reviens sans cesse, lorsque je fais une chose dont tu as l'habitude, lorsque mes pensées s'éloignent des vices de la vie, lorsque mon coeur exprime toute sa bonté et surtout lorsque je vois les changements que j'ai fait.
Et lorsque tu quittes cet état, lorsque tu ouvres tes yeux, le silence qui était en moi se brise.