Toute histoire commence un jour, quelque part, la nôtre, on ne l'a pas terminée. Le 12 janvier 2010, il y eut un tremblement de terre, cette maudite carastrophe qui trembla ma ville et ma vie!
On avait 9 ans, moi et mon meilleur ami ou plutôt mon unique ami : Jay Brayan BRICE, un peu trop grand pour son âge, ce qui me n'empêcha pas que je le surnommais Petit Jay, il avait des cheveux crépus, noirs, des yeux marrons plutôt grands, des lèvres pulpeuses. Il était beau.
Les autres lui appelaient " Caméraman " parce qu'il avait un petit appareil photographique qu'il trainait partout où il allait, même à l'école, je n'aimais pas trop ce surnom. Nous étions à la même école et il habitait dans la maison à côté de mes parents. Il me faisait tout le temps des photos. Il me disait " salut la starlette, dis bonjour à ton futur fans" et moi je répondais, d'ailleurs comme d'habitude, "arrête avant ça". Je faisais semblant de ne pas lui apprécier mais au fond j'étais trop fière qu'il me prenait pour une starlette.
Il inventait des jeux très drôles, mais certains plus intéressants que d'autres. Je faisais toujours semblant de ne pas les apprécier, au fond intérieur c'est le contraire et je finissais de les jouer et lui proposait qu'on rejouait.
Je me souviens aussi qu'il avait un parfum qui sentait tellement bon, d'une odeur agréable, mais je prenais un air supérieur et je lui disais toujours :
- Ça ne sent pas très bon, ton parfum, en faisant semblant d'éternuer.
- Non, ça sent trop bon, t'es simplement jalouse, je parie que t'en veux. Je vais te faire un câlin pour que l'odeur reste sur toi.
- Oh misère! Je ne veux pas de ton câlin.
Je me mis à courir partout et lui aussi.
- Un câlin, un câlin....
On était trop bien ensemble, je lui aimais tellement mon " Petit Jay".
Ce mardi là, nous fûmes ensemble sur le toit de la maison, on avait fini non seulement d'étudier, mais aussi avec nos devoirs donc nous jouions ensemble. Assieds l'un à côté de l'autre, je me souviens que je gribouillais quelque chose sur une feuille blanche avec un crayon rouge, et lui, il m'observait jusqu'à ce qu'il réalisât que je n'avais pas ce genre de talent par nature et passa à autre chose en attrapant son appareil photographique.
- Souris, on va faire une photo comme souvenir et quand on sera grand, on aura qu'à la regarder et on se souviendra de tout ce qu'on a fait ensemble.
- On en a déjà plein, laisse-moi terminer mon dessin.
- Oui. Mais, elle sera spéciale pour nous.
- Si tu le dis!
Il mit l'appareil sur un retardement de cinq secondes. Nous nous assîmes par terre, il passa sa main autour de mon cou et je fis de même.
- Souris!
- On refait une autre, lui dis-je?
- On fait une grimace, dit-il en riant.
Si et seulement si j'avais su que ça aurait été nos derniers rires, je lui aurais observé comme jamais, il disait à quel point je lui aimais et combien je serais triste si quelque chose lui arrivait.
- On ferme nos yeux, répondis-je.
Ensemble on faisait tellement de jouet d'abord de choses spéciales qui devenaient extraordinaire dans nos vies!
Ensuite, il me donna une bague. Il en avait l'une aussi qui est identique à ce cadeau.
- Tant que tu ne l'égares pas, on restera les meilleurs amis de toute la galaxie!
- Oh mon Dieu! C'est une demande de mariage?
- Non, c'est une demande d'amitié!
- Et, si je l'égares?
-Tu resteras toujours ma meilleure amie!
- Je te promets de ne jamais l'enlever.
- Moi aussi!
- Je me baignerai avec et quand je serai morte je veux qu'on m'enterre avec.
- Moi aussi! Promis.
- Je te jure.
- J'ai deux bracelets identiques, demain je t'en donnerai un et tu te souviendras toujours de moi, ils sont magiques, mes bracelets.
- Oh! C'est vrai? Va les chercher maintenant.
- Ah non! J'ai pas envie de descendre maintenant. Attendons jusqu'à demain! On a déjà trop fait pour aujourd'hui, n'est-ce pas Petit Jay?
- D'accord la paresseuse comme tu voudras!
Un quart d'heure plus tard, on était toujours assis pour parler de tout et de rien et on riait, et c'est là que la maison commença à secouer.
- Petit Jay, qu'est-ce qui se passe?
- Je ne sais pas.
J'ai hurlé, on est tombé en se tenant la main et la seconde qu'après on s'etait retrouvé tout à fait ailleurs. On était dans le noir, la maison avait implosé avec nous.
On était sous les décombres ensemble, sains et saufs.
- On peut sortir, il y a un trou juste que là, suis moi, me dit-il.
Mais, le trou était un peu étroit, il pouvait passer. Quant à moi, j'étais trop grosse pour passer. D'un coup, il fut dehors et la terre continua à trembler.
- Petit Jay, je suis coincée, je n'arrive pas à sortir.
- Rentre! Je reste avec toi.
Il revint pour moi.
- Écarte-toi, je vais soulever le mur pour que tu passes.
-Tu peux faire ça?
- Oui, tu vas voir comment je suis fort.
Croire qu'un petit garçon de neuf ans pouvait soulever un mur si pesait que je ne savais pas combien de kilos, plus ignorant que moi, tu meurs.
Pendant qu'il essayait de toutes ses forces, ça a secoué et un mur est tombé sur sa tête.
- Ah Petit Jay!
Il y avait du sang partout.
Je pleurai tout en appelant ma mère.
- Maman, maman!
- Ils sont là, dis une voix.
Ils retirèrent les décombres et nous aidèrent à sortir. La mère de Petit Jay est venue en pleurant, quelqu'un lui apporta son fils. Elle lui tenait sans vie dans ses bras. Je ne pouvais rien dire, je pleurais. Je courus jusqu'à ce qu'il restât dans la maison, et ramassai l'appareil photo.
- Hé! Qu'est-ce que tu fais? N'entre pas!
Elle me prit dans ses bras.
Il était mort. Mort. Je n'allais plus lui revoir. Mon seul et unique ami, fut mort à cause de moi.
J'en voulais pas d'autres, il fut irremplaçable.
Le jour où on allait lui enterrer, je m'assurai que ce soit fait avec sa bague, je n'ai été plus trouvé les bracelets.
Dans son cercueil, je lui tint la main portant la bague jusqu'à ce qu'on enferme celui-ci.
Ma mère m'avait dit qu'il était au paradis, je n'ai pas été contente qu'il soit parti sans moi au-delà de la terre ferme.
Quoique je sache qu'il était avec le bon Dieu, je n'ai pas arrêté de pleurer, il me manquait, horriblement. J'étais triste de ne pas pouvoir jouer avec lui.
À chaque fois que je vais à la plage, je lui écris des petites lettres que je mis sous forme de bateau pour qu'elles flottent sur la mer.
Et maintenant j'ai 18 ans, je lui laisse encore des lettres comme ça.
Cher Petit Jay,
J'espère que tu ne m'as pas oublié. Parce que ce n'était pas le cas.
Dire que je me souviens de toi, ce ne sont pas les mots exacts car pour se souvenir, il fallait oublier.Tu occupes donc mes pensées, tu me manques beaucoup.
Je suis tellement désolée pour ce qui s'est arrivé, j'aurais préféré que ce soit moi qui fut morte à ta place.
J'aurais été tellement aimé avec toi maintenant. Je te promets de ne plus jamais être paresseuse.
Je regrette de ne pas t'avoir dit que ton parfum sentait trop bon. Je regrette de n'être pas descendue chercher les bracelets. Je regrette de ne pas avoir profité du temps qu'on avait, car je croyais qu'on avait tout le temps. Je regrette de ne pas t'avoir dit à quel point je t'aimais, j'aurais aimé me rappeler t'avoir dit ces quatre petits mots" je t'aime Petit Jay" .
Les meilleurs moments de ma vie, je les ai vécus avec toi, tu as vécu toute ta vie avec moi, j'ai vécu mon enfance avec toi.
Quoiqu'on fusse enfant, j'ai appris beaucoup de choses avec toi.
-J'ai appris qu'il ne faut jamais remettre à demain quand on peut tout faire en un seul jour.
-J'ai appris qu'on doit profiter de la vie, de ses bons moments et même des secondes qu'elle nous offre.
-J'ai appris que la vie est courte et parfois trop cruelle et injuste envers celui qui ne le méritait pas.
-J'ai appris à ne pas rendre le mal pour le mal encore moins à détester.
-J'ai appris à aimer même ceux qui ne m'aiment pas.
Cher Petit Jay,
Je garde encore la bague et toutes nos photos y compris la dernière qu'on avait prise sur ce toit, ce maudit mardi, mais je n'avais pas besoin d'une bague, d'une photo ou d'un bracelet pour me souvenir de toi ou de tout ce qu'on a fait parce que je ne t'ai jamais oublié et je ne t'oublierai jamais.
À jamais ton nom est et sera gravé dans mon coeur.
Quatres mots, quinze lettres : Je t'aime Petit Jay.
Ta meilleure amie,
Depuis la terre.