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Bringuebalée dans la voiture, Louise soupire. Malgré l'excitation du départ en vacances, elle n'arrive pas à faire sortir les soucis de sa tête. Ce premier trimestre au collège s'est bien passé, mais elle a un peu de mal à se faire des amis. Dans sa classe, peu de gens se connaissent vraiment, mais certains sont plus sociables que d'autres, et Louise est si timide ! Personne ne semble avoir remarqué sa présence. Et puis, toutes les filles ne rêvent que d'une chose : être amie avec Charlotte-la-parfaite ! Charlotte est jolie, douée en tout, elle fait de la gym, de la danse, joue du violon et chante comme un rossignol. Louise ne saura jamais faire la moitié de ce qu'elle sait faire. Alors, normal, Charlotte suscite toutes les convoitises, et elle ne semble même pas s'en préoccuper, tellement elle est habituée. « Allons, se dit Louise, c'est les vacances, il faut que je pense à autre chose ! »
Le paysage défile à travers les vitres. Plus on avance, plus on a l'impression d'entrer dans l'hiver. On grimpe de petites routes sinueuses. On est à présent en pleine montagne. Les arbres ont les cheveux blancs, et leurs branches ont l'air de grands bras décharnés prêts à nous saisir, ou à nous lancer des boules de neige. David, le petit frère de Louise, se met à crier :
— On arrive, on arrive !
En effet, un petit village montagnard vient d'apparaître au détour d'un virage. Autour d'une toute petite église se dressent quelques chalets.
— C'est magique ! s'écrie Louise, on dirait un marché de Noël !
La voiture s'arrête devant une maisonnette de bois aux fenêtres joliment sculptées : une vraie maison de poupée.
On n'a pas fini de s'installer, que déjà Papa annonce :
— Demain, nous irons skier !
Skier... oui, ça a l'air amusant ! Quand on voit les habitués qui descendent les pistes avec tant de classe et de facilité, cela ne peut que donner envie. Mais Louise appréhende un peu : la première (et unique fois) où elle a skié, c'était pendant ses vacances chez Tonton Marc, il y a trois ans ! C'est dire son niveau ! Elle se sentirait plus à l'aise sur une luge. Mais quelle fierté lorsqu'elle saura skier ! Cela vaut bien quelques chutes...
Elle se sent ridicule dans ses grosses bottes, avec cet anorak trop grand et cette vieille combinaison que sa cousine lui a donnée. Elle a vraiment un look affreux ! Heureusement qu'elle ne connaît personne !
Les parents de Louise ont inscrit les enfants dans des groupes différents. Afin d'évaluer les connaissances de chacun, le moniteur du groupe de Louise a demandé à tous les élèves d'effectuer une petite descente : les groupes sont établis par âge, pas par niveau. La seule condition pour ne pas se trouver dans le groupe des bébés (avec David, par exemple) c'est d'avoir déjà une toute petite connaissance de la pratique. Ainsi, dans le groupe de Louise, il y a de très mauvais skieurs... mais aussi de très bons, et elle sent monter l'appréhension... Elle hésite à se lancer, et laisse passer tous les autres avant elle. De quoi va-t-elle avoir l'air quand viendra son tour ? Elle a honte avant même d'avoir essayé. Tout à coup le moniteur s'exclame :
— Ah, voilà la petite retardataire !
Louise se retourne, intriguée... Horreur ! Qui voilà, magnifique dans sa combinaison flambant neuve ? Charlotte-la-parfaite ! Il ne manquait plus que ça ! Cette fois, Louise est fichue, elle va être la risée de tout le collège, sitôt que Charlotte aura raconté ses exploits !
— Allez, Louise, tu y vas ? s'impatiente le moniteur.
Louise s'avance, respire un bon coup, et s'élance. La descente est laborieuse, mais, exploit suprême, elle ne tombe pas, ce qui est déjà une petite victoire. Elle remonte tête basse, en prenant bien soin de ne croiser aucun regard, et surtout pas celui de Charlotte. Puis vient le tour d'un skieur chevronné, qui slalome avec classe et remonte en bombant le torse. Pff, ce qu'il est énervant !
Tout le monde est passé, il ne reste que Charlotte. La fillette s'avance timidement. De quoi a-t-elle peur, elle qui sait tout faire ? Elle hésite un peu, s'élance, effectue quelques mètres en chasse-neige, puis c'est la catastrophe ! Charlotte-la-pas-si-parfaite se tord la jambe, perd un ski et, entraînée par une soudaine prise de vitesse, descend en équilibre sur l'autre ski avant de s'effondrer tête la première en hurlant. Louise a mal pour elle, et ne peut retenir un cri. Le moniteur se précipite, affolé. Il crie quelque chose dans son portable. Très vite, les secours sont sur place, et Charlotte est évacuée. Les pompiers qui l'emportent se veulent rassurants :
— Ce n'est rien : une jambe cassée...
Une jambe cassée, ce n'est rien ? Pauvre Charlotte, ses vacances sont fichues.
La semaine est passée trop vite, c'est déjà le dernier jour des vacances. Ce soir, il faudra rentrer. Les skieurs profitent de leur dernière matinée sur les pistes. Le moniteur a donné régulièrement au groupe des nouvelles de Charlotte, qui va beaucoup mieux. Louise, elle, a fait d'énormes progrès. Depuis hier, on peut même dire qu'elle a acquis une certaine confiance en elle.
Elle descend, à l'aise, les skis bien parallèles et, arrivée en bas, elle aperçoit Charlotte-la-moins-parfaite sur la terrasse du restaurant, allongée sur une chaise longue, la jambe plâtrée. Louise décide de la rejoindre, même si elle doit pour cela braver sa timidité.
— Bonjour Charlotte, bafouille-t-elle à mi-voix.
— Louise ! s'exclame Charlotte avec un large sourire, comme cela me fait plaisir de te voir ! Je voulais te remercier.
Louise n'en croit pas ses oreilles.
— Me remercier ? Mais, de quoi ?
— De ne pas t'être moquée lorsque je suis tombée. J'ai bien senti que tu t'étais inquiétée.
— Comment est-ce que j'aurais pu me moquer ? Moi, me moquer d'une fille comme toi, qui sait tout faire...
— Sauf du ski ! coupe Charlotte avant d'éclater de rire.
Puis elle enchaîne :
— Tu sais, on n'est pas doué naturellement. Je travaille dur pour être bonne à l'école, en gym, en violon. C'est très difficile, et épuisant. Mais il ne faut surtout pas t'imaginer que je sais tout faire, ce n'est pas vrai. La preuve : c'était la première fois que je montais sur des skis, et voilà le résultat ! Ce n'est pas cette année que j'apprendrai ! Toi, par contre, tu progresses de jour en jour, c'est impressionnant !
— Ah bon, tu trouves ?
— Oh que oui ! Si on revient ici l'an prochain, est-ce que tu pourras m'apprendre ?
Louise se sent rougir de fierté. Et c'est tellement agréable ! Jamais elle n'aurait cru recevoir de compliments de la part de la fille la plus populaire de la classe, voire du collège !
Sur la route du retour, Louise a le cœur léger. Ces vacances ont été productives : non seulement elle skie comme une pro (enfin, presque), mais en plus elle a fait connaissance avec Charlotte, et, même si elles ne seront jamais les meilleures amies du monde, au moins Louise a appris une chose : la perfection, ça n'existe pas ! Mieux : Charlotte, la parfaite, l'inaccessible, la distante... n'est ni parfaite, ni inaccessible, et elle est même plutôt sympathique.
Mais Louise est encore loin d'imaginer la surprise qui l'attend le soir même, à peine arrivée à la maison, lorsque le téléphone sonne.
— Louise, c'est pour toi ! appelle Maman.
La jeune fille s'empare du combiné.
— Allô ? C'est Charlotte. Tu sais, demain, c'est la rentrée, et avec le verglas sur les trottoirs, enfin tu comprends... avec des béquilles, c'est super dangereux... Est-ce que tu veux bien passer me chercher et m'accompagner jusqu'au collège ?
Alors là, on peut dire que Louise est sidérée. Elle imagine déjà la tête que feront les autres filles de la classe, lorsqu'elles arriveront ensemble !
— Regarde ! s'écrie Charlotte, un chevreuil !
L'animal fait un bond devant la voiture, et le papa de Charlotte a tout juste le temps de l'éviter. Le paysage est enchanteur, tout est figé par le gel, la nature est au ralenti. On se croirait dans une image sortie tout droit d'un conte de Noël. Quel plaisir de revenir dans ce petit village de montagne ! Les vacances promettent d'être vraiment réussies. D'autant que cette année, Louise a une mission : elle doit apprendre à skier à sa meilleure amie.
Le paysage défile à travers les vitres. Plus on avance, plus on a l'impression d'entrer dans l'hiver. On grimpe de petites routes sinueuses. On est à présent en pleine montagne. Les arbres ont les cheveux blancs, et leurs branches ont l'air de grands bras décharnés prêts à nous saisir, ou à nous lancer des boules de neige. David, le petit frère de Louise, se met à crier :
— On arrive, on arrive !
En effet, un petit village montagnard vient d'apparaître au détour d'un virage. Autour d'une toute petite église se dressent quelques chalets.
— C'est magique ! s'écrie Louise, on dirait un marché de Noël !
La voiture s'arrête devant une maisonnette de bois aux fenêtres joliment sculptées : une vraie maison de poupée.
On n'a pas fini de s'installer, que déjà Papa annonce :
— Demain, nous irons skier !
Skier... oui, ça a l'air amusant ! Quand on voit les habitués qui descendent les pistes avec tant de classe et de facilité, cela ne peut que donner envie. Mais Louise appréhende un peu : la première (et unique fois) où elle a skié, c'était pendant ses vacances chez Tonton Marc, il y a trois ans ! C'est dire son niveau ! Elle se sentirait plus à l'aise sur une luge. Mais quelle fierté lorsqu'elle saura skier ! Cela vaut bien quelques chutes...
Elle se sent ridicule dans ses grosses bottes, avec cet anorak trop grand et cette vieille combinaison que sa cousine lui a donnée. Elle a vraiment un look affreux ! Heureusement qu'elle ne connaît personne !
Les parents de Louise ont inscrit les enfants dans des groupes différents. Afin d'évaluer les connaissances de chacun, le moniteur du groupe de Louise a demandé à tous les élèves d'effectuer une petite descente : les groupes sont établis par âge, pas par niveau. La seule condition pour ne pas se trouver dans le groupe des bébés (avec David, par exemple) c'est d'avoir déjà une toute petite connaissance de la pratique. Ainsi, dans le groupe de Louise, il y a de très mauvais skieurs... mais aussi de très bons, et elle sent monter l'appréhension... Elle hésite à se lancer, et laisse passer tous les autres avant elle. De quoi va-t-elle avoir l'air quand viendra son tour ? Elle a honte avant même d'avoir essayé. Tout à coup le moniteur s'exclame :
— Ah, voilà la petite retardataire !
Louise se retourne, intriguée... Horreur ! Qui voilà, magnifique dans sa combinaison flambant neuve ? Charlotte-la-parfaite ! Il ne manquait plus que ça ! Cette fois, Louise est fichue, elle va être la risée de tout le collège, sitôt que Charlotte aura raconté ses exploits !
— Allez, Louise, tu y vas ? s'impatiente le moniteur.
Louise s'avance, respire un bon coup, et s'élance. La descente est laborieuse, mais, exploit suprême, elle ne tombe pas, ce qui est déjà une petite victoire. Elle remonte tête basse, en prenant bien soin de ne croiser aucun regard, et surtout pas celui de Charlotte. Puis vient le tour d'un skieur chevronné, qui slalome avec classe et remonte en bombant le torse. Pff, ce qu'il est énervant !
Tout le monde est passé, il ne reste que Charlotte. La fillette s'avance timidement. De quoi a-t-elle peur, elle qui sait tout faire ? Elle hésite un peu, s'élance, effectue quelques mètres en chasse-neige, puis c'est la catastrophe ! Charlotte-la-pas-si-parfaite se tord la jambe, perd un ski et, entraînée par une soudaine prise de vitesse, descend en équilibre sur l'autre ski avant de s'effondrer tête la première en hurlant. Louise a mal pour elle, et ne peut retenir un cri. Le moniteur se précipite, affolé. Il crie quelque chose dans son portable. Très vite, les secours sont sur place, et Charlotte est évacuée. Les pompiers qui l'emportent se veulent rassurants :
— Ce n'est rien : une jambe cassée...
Une jambe cassée, ce n'est rien ? Pauvre Charlotte, ses vacances sont fichues.
La semaine est passée trop vite, c'est déjà le dernier jour des vacances. Ce soir, il faudra rentrer. Les skieurs profitent de leur dernière matinée sur les pistes. Le moniteur a donné régulièrement au groupe des nouvelles de Charlotte, qui va beaucoup mieux. Louise, elle, a fait d'énormes progrès. Depuis hier, on peut même dire qu'elle a acquis une certaine confiance en elle.
Elle descend, à l'aise, les skis bien parallèles et, arrivée en bas, elle aperçoit Charlotte-la-moins-parfaite sur la terrasse du restaurant, allongée sur une chaise longue, la jambe plâtrée. Louise décide de la rejoindre, même si elle doit pour cela braver sa timidité.
— Bonjour Charlotte, bafouille-t-elle à mi-voix.
— Louise ! s'exclame Charlotte avec un large sourire, comme cela me fait plaisir de te voir ! Je voulais te remercier.
Louise n'en croit pas ses oreilles.
— Me remercier ? Mais, de quoi ?
— De ne pas t'être moquée lorsque je suis tombée. J'ai bien senti que tu t'étais inquiétée.
— Comment est-ce que j'aurais pu me moquer ? Moi, me moquer d'une fille comme toi, qui sait tout faire...
— Sauf du ski ! coupe Charlotte avant d'éclater de rire.
Puis elle enchaîne :
— Tu sais, on n'est pas doué naturellement. Je travaille dur pour être bonne à l'école, en gym, en violon. C'est très difficile, et épuisant. Mais il ne faut surtout pas t'imaginer que je sais tout faire, ce n'est pas vrai. La preuve : c'était la première fois que je montais sur des skis, et voilà le résultat ! Ce n'est pas cette année que j'apprendrai ! Toi, par contre, tu progresses de jour en jour, c'est impressionnant !
— Ah bon, tu trouves ?
— Oh que oui ! Si on revient ici l'an prochain, est-ce que tu pourras m'apprendre ?
Louise se sent rougir de fierté. Et c'est tellement agréable ! Jamais elle n'aurait cru recevoir de compliments de la part de la fille la plus populaire de la classe, voire du collège !
Sur la route du retour, Louise a le cœur léger. Ces vacances ont été productives : non seulement elle skie comme une pro (enfin, presque), mais en plus elle a fait connaissance avec Charlotte, et, même si elles ne seront jamais les meilleures amies du monde, au moins Louise a appris une chose : la perfection, ça n'existe pas ! Mieux : Charlotte, la parfaite, l'inaccessible, la distante... n'est ni parfaite, ni inaccessible, et elle est même plutôt sympathique.
Mais Louise est encore loin d'imaginer la surprise qui l'attend le soir même, à peine arrivée à la maison, lorsque le téléphone sonne.
— Louise, c'est pour toi ! appelle Maman.
La jeune fille s'empare du combiné.
— Allô ? C'est Charlotte. Tu sais, demain, c'est la rentrée, et avec le verglas sur les trottoirs, enfin tu comprends... avec des béquilles, c'est super dangereux... Est-ce que tu veux bien passer me chercher et m'accompagner jusqu'au collège ?
Alors là, on peut dire que Louise est sidérée. Elle imagine déjà la tête que feront les autres filles de la classe, lorsqu'elles arriveront ensemble !
***
La voiture dépasse une allée de sapins. Au sol, les brins d'herbe ne sont plus que de petits glaçons prêts à casser. Louise est surexcitée : un an qu'elle n'a pas fait de ski, pourvu qu'elle sache encore comment on fait ! Dire qu'elle a failli ne pas partir cette année : David a la varicelle, et ses parents ont dû annuler la location à la dernière minute. Heureusement, elle a pu partir avec son amie.— Regarde ! s'écrie Charlotte, un chevreuil !
L'animal fait un bond devant la voiture, et le papa de Charlotte a tout juste le temps de l'éviter. Le paysage est enchanteur, tout est figé par le gel, la nature est au ralenti. On se croirait dans une image sortie tout droit d'un conte de Noël. Quel plaisir de revenir dans ce petit village de montagne ! Les vacances promettent d'être vraiment réussies. D'autant que cette année, Louise a une mission : elle doit apprendre à skier à sa meilleure amie.
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Illustration : Mathilde Ernst