Une guerrière en mal d’amour…

Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. C'est comme se retrouver dénue, seule dans un néant blanchâtre, sous la mélodie du silence. Rien autour, que elle et ses envies de détachement. Une relâche qu'elle n'aura pas volée. Elle a enfin l'occasion de se ressourcer, de se redécouvrir. C'est le terrain de la neutralité. L'heure est à la réconciliation. Elle renoue avec elle-même. Elle tombe parfois dans l'incompréhension. Mais à ce moment précis, ne pas se connaître paraît tolérable et léger. Cette étape précède sa guérison ou sa chute. Cette phase peut être dangereuse parce qu'elle est maîtresse de ses prochaines actions, de son prochain mouvement. Cette période tranche de ses prochaines décisions. Elle ne se prive pas de nostalgie. Elle a pour but le recul, la rétrospection. Qu'a-t-elle accompli depuis ? Que devient-elle ? Elle expose de manière généralement objective ses plus grandes forces ainsi que ses faiblesses. Fait-elle confiance en ses plus grands atouts pour avancer ? Ou bien laissera-t-elle place à la lassitude pour tout abandonner ? Parce que rien n'en vaut plus la peine. Parce qu'elle est fatiguée de se battre. Elle n'est plus en mesure de retenir ses larmes. Et oui. Cette étape n'est pas forcément de toute gaieté. Au contraire, elle peut se sentir encore plus abîmée, beaucoup plus qu'elle ne l'est déjà...
 
Depuis le départ de ce qui comptait le plus, elle est perdue entre pensées les plus noires et souvenirs des plus douloureux. Parce que c'est la première fois que tu voulais de tout sauf d'elle. C'est la première fois que tu ne voulais plus du tout d'elle. Alors, elle s'enivre de lamentations, se délecte de désespoirs. Etouffer des cris de détresse qui te sont destinés que tu refuses d'entendre. Oublier toute tentative de te reconquérir, car il est sûrement trop tard. Son impuissance face à cette existence s'est étendue à votre histoire, imparfaite mais parmi les plus belles qu'elle espère, un jour, raconter sans verser une larme. Une larme, symbolique de ce qui n'est plus, manifestation d'une douleur infernale. Une larme, témoin de son bonheur déchu, tentative de soulager son mal. Où sont donc passés toutes vos promesses d'antan ? Que reste-t-il de vos partages ? Le coucher du soleil est-il aussi beau sans elle à tes côtés ? L'eau est-elle aussi douce qu'en sa présence ? Les nuits sont-elles aussi paisibles que quand tu l'avais dans tes bras ? L'harmonie est-elle aussi mélodieuse que quand c'était vous à l'unisson ? Le plaisir charnel est-il aussi intense avec une autre ? Tu lui manques. Le battement de ton cœur la nuit quand elle s'endort sur ton torse lui manque. Le souvenir du réconfort de ton corps quand tout va mal la déchire. Elle languit de la protection de tes bras chaleureux quand elle a peur. Ses larmes cherchent la même épaule qui en a été imprégnées dans ses plus grands moments de faiblesse.
 
Comment des événements aussi réels pour elle ont pu n'être qu'un jeu sordide auquel tu t'amusais à jouer ? Elle se sent naïve. Il faut tout de même témoigner d'une crédulité démesurable pour passer à côté de niaiseries et sottises aussi flagrantes. Là voilà cette fameuse évidence ! Elle se tenait juste sous ses yeux pendant qu'elle était occupée à la chercher dans une liste de projections futures, sous un tissu de mensonges des plus épais et de jeux de rôle malsains, mais soigneusement élaborés. Aujourd'hui, elle maudit ce jour où vous vous êtes rencontrés. Si seulement elle avait su comment cela allait se terminer. Si seulement elle avait su à quel point elle aurait mal. Si seulement elle avait su que tout ceci allait la ramener à cet état de souffrance intenable. Elle aurait évité de croiser ce regard, celui qui semblait en dire long sur tes désirs, mais au final en divulguait si peu sur tes intentions. Elle aurait empêché cette confrontation qui l'entraîne aujourd'hui vers cette descente aux enfers desquels elle devient prisonnière. Son seul réconfort, elle le trouve dans une locution conjonctive pour mieux ruminer ses remords. Elle n'hésite pas à en rajouter pour bien remuer ses maux. Elle compte sur ses soupirs pour bien ressentir sa peine.
 
Elle erre longtemps dans ce débordement d'amertumes, de regrets, de déceptions profondes pour retrouver son chemin vers la guérison. Existe-t-il un remède adapté à des maux aussi poignants ? Y-a-t-il un moyen d'effacer cette douleur insupportable sans qu'elle ne soit illusion ? Son remède le plus efficace à ce jour reste les mots. Des mots pour soulager des maux, ses mots pour soulager ses maux. Ils l'accompagnent dans ses meilleurs états comme dans les pires. Ils l'aident à extérioriser ce qu'elle ressent. Ils lui permettent l'expression de ses douleurs profondes. Ils animent ses moments jubilatoires. Elle les côtoie à longueur de journée, à toute heure. Habillés d'harmonies mélodieuses, ils bercent ses rêves. Agencés par de grands auteurs et poètes, ils la transportent dans l'espace et dans le temps. Aujourd'hui, ils substituent ses cris pour conduire sa révolution. Comment va-t-elle s'y prendre ? Comment faire pour s'en sortir ? Il faudra se montrer résiliente. Qu'entend-on par être résilient ? Qu'appelle-t-on "résilience" ? Dans le monde des affaires, la résilience détermine la survie, voire l'avenir tout entier d'un organisme. La résilience est l'indicateur à cocher positif pour s'assurer de survivre en temps de crise. Elle garantit notre existence future après les turbulences et les troubles. La résilience, c'est quand tu continues à avancer, quand tout te pousse à lâcher. La résilience, c'est quand tu continues à te relever, quand tout s'acharne à te blesser. La résilience, c'est te prendre des coups partout sur ton corps et rester debout, même sanglant jusqu'au talon. La résilience, c'est se rappeler tes périodes vulnérables et refuser d'y revenir. La résilience, c'est braver vents et tempêtes sur le chemin de la prospérité vers l'émergence. La résilience, c'est anticiper, s'adapter et se transformer. C'est aussi se ressentir, c'est s'écouter.
 
Avance ! dixit la petite voix, te suppliant de te relever. Elle t'ordonne d'avancer. Elle te dit que tu te suffis. Elle t'encourage à continuer. Elle te rappelle qui tu es. Elle te dit que tu es aimée. Elle te dit que tu iras mieux. Et tu vas déjà mieux ! Elle te dit que tu en vaux la peine. Elle réveille la guerrière en toi. Et tu te sens de taille. Et tu la crois ! Et tu fais bien de la croire. Tu laisses ta détermination prendre possession de ta personne. Tu laisses la flamme t'envahir. Tu brûles d'ambition. Tu débordes de courage. Tu te sens invincible. Tu te sens prête à gagner. Tu es assoiffée de victoire. Ta victoire ! Tu braves l'impossible. Tu domptes l'indomptable. La battante en toi prend le dessus. Alors tu me mets devant la glace. Que fait-on face à soi, face à son propre reflet ? On commence à s'admirer. On voit le brillant dans ses yeux. On y retrace son parcours. On y perce ses secrets. Tu as été livrée à toi-même tant de fois que tu as appris à sécher tes propres larmes. Tu relèves la tête. Tu te rappelles qui tu es. Tu vois une fonceuse, celle que tu es, celle que tu as toujours été. Voilà ce que tu es ! Voilà qui tu es ! Tu embrasses ta force. Tu te félicites ton parcours. Tu célèbres ta rédemption ! Tu renais de tes cendres. Tu reviens des plus profonds. Et tu rebrilles de ta lumière. Le temps est à la renaissance, au combat, à la guerre ! Il est temps pour toi de reprendre les reines de ton existence pour te reconstruire. Tu reviens de très loin. Tu auras beau te perdre, tu sais pouvoir te retrouver. Et tu renais comme le jour ! Tu te réincarnes comme la chenille. Tu te renouvelles comme les feuilles au printemps.
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