Assis sur les bancs impeccables du vestiaire, j’écoute mes camarades qui se lancent des boutades amicales en lassant leurs chaussures. Mes chaussures, moi, je les fixe. Je ne suis pas vraiment d’humeur taquine ce soir. C'est un jour important pour moi, pour ma carrière, alors je me mets bêtement la pression. Comme si ça allait changer quelque chose...
Concentré sur mon objectif, je ferme les yeux, m’imagine en action, répète ces gestes que j’ai déjà fait des centaines de fois. Inlassablement.
"Il est 18 heures les gars, il faut y aller."
La grosse voix rauque de Paul me tire de ma rêverie, j’ouvre alors les yeux et commence à fixer « les gars ». À son simple appel, tout le monde se lève et se dirige vers la sortie en discutant. Machinalement, je plie mes affaires et les range dans mon casier, puis me lève à mon tour. Je suis le dernier à sortir. Comme tous les soirs. Avant de fermer la porte derrière moi, je jette un coup d'œil au vestiaire vide, avec ses bancs en bois, ses rangées de casiers anciennement blanc et ses petits carreaux de carrelage brun qui se sont vu foulés par des générations de rêves. Ce vestiaire rempli de nos vies respectives, de nos doutes et d'une forte odeur de produits ménagers qu'on laisse là tous les jours pour se concentrer sur notre soirée, enfermés dans le noir entre nos tenues de ville et notre linge sale, n'emportant que notre ambition et notre énergie avec nous afin que le vestiaire ait une odeur de transpiration et de victoire à notre retour.
En petites foulées, je rejoins les autres dans la grande salle. Alignés en rang d’oignons, on écoute les instructions du chef d'équipe qui nous aboie dessus pour nous motiver. On est tous prêts, remontés à bloc pour donner le meilleur de nous-même, alors c'est parti. Au signal, on se jette dans l'action corps et âme, chacun a son post, chacun connaît son rôle et l'exécute à merveille dans une chorégraphie parfaitement millimétrée. À la même place chaque soir, je me concentre sur mes gestes, minutieusement appliqué à ne faire aucun dérapage, aucune erreur, pour ne pas pénaliser mon équipe. On pourrait croire que c'est simple, que ça nécessite seulement de l’entraînement, mais c'est toute une stratégie, tout un art. C’est un sport d’endurance, de tactique, de précision, et on s'applique à y faire honneur.
Malgré la pression presque palpable, il règne toujours une ambiance agréable dans la grande salle. Personne ne discute, mais je peux entendre certains camarades siffler, et même quelques casseroles chanter. La capitale des Gaules a vu passer de nombreux matchs de basket, de foot et des compétitions de pétanques, mais le sport régional, chez nous, à Lyon, ne se déroule pas sur un terrain, mais en cuisine.
Concentré sur mon objectif, je ferme les yeux, m’imagine en action, répète ces gestes que j’ai déjà fait des centaines de fois. Inlassablement.
"Il est 18 heures les gars, il faut y aller."
La grosse voix rauque de Paul me tire de ma rêverie, j’ouvre alors les yeux et commence à fixer « les gars ». À son simple appel, tout le monde se lève et se dirige vers la sortie en discutant. Machinalement, je plie mes affaires et les range dans mon casier, puis me lève à mon tour. Je suis le dernier à sortir. Comme tous les soirs. Avant de fermer la porte derrière moi, je jette un coup d'œil au vestiaire vide, avec ses bancs en bois, ses rangées de casiers anciennement blanc et ses petits carreaux de carrelage brun qui se sont vu foulés par des générations de rêves. Ce vestiaire rempli de nos vies respectives, de nos doutes et d'une forte odeur de produits ménagers qu'on laisse là tous les jours pour se concentrer sur notre soirée, enfermés dans le noir entre nos tenues de ville et notre linge sale, n'emportant que notre ambition et notre énergie avec nous afin que le vestiaire ait une odeur de transpiration et de victoire à notre retour.
En petites foulées, je rejoins les autres dans la grande salle. Alignés en rang d’oignons, on écoute les instructions du chef d'équipe qui nous aboie dessus pour nous motiver. On est tous prêts, remontés à bloc pour donner le meilleur de nous-même, alors c'est parti. Au signal, on se jette dans l'action corps et âme, chacun a son post, chacun connaît son rôle et l'exécute à merveille dans une chorégraphie parfaitement millimétrée. À la même place chaque soir, je me concentre sur mes gestes, minutieusement appliqué à ne faire aucun dérapage, aucune erreur, pour ne pas pénaliser mon équipe. On pourrait croire que c'est simple, que ça nécessite seulement de l’entraînement, mais c'est toute une stratégie, tout un art. C’est un sport d’endurance, de tactique, de précision, et on s'applique à y faire honneur.
Malgré la pression presque palpable, il règne toujours une ambiance agréable dans la grande salle. Personne ne discute, mais je peux entendre certains camarades siffler, et même quelques casseroles chanter. La capitale des Gaules a vu passer de nombreux matchs de basket, de foot et des compétitions de pétanques, mais le sport régional, chez nous, à Lyon, ne se déroule pas sur un terrain, mais en cuisine.