La jeune détective Alice Martin se dirigeait vers le champ de pommes de terre de la famille Dubois. Elle avait ce matin reçu un mot du fils des agriculteurs, Maxime, dans sa boite aux lettres, lui annonçant la présence d'une mystérieuse empreinte sur le bord des plantations. Il ne sera pas présent sur le lieu du crime car il avait, selon ses propres mot, un chat à martyriser de toute urgence, elle avait quant à elle, décidé de venir au plus vite, ce serait sa première enquête ! Depuis qu'elle avait 3 ans, elle rêvait de faire ce métier et, il y a tout juste deux semaines, elle s'était lancée en libéral.
Mme Chevalier était une dame très charmante, un petit peu gâteuse, mais charmante. Ainsi, lorsque la détective fut arrivée, elle eut l'heureuse surprise de se faire offrir une montagne de gâteaux sablés délicieux. Elle ne se laissa pas distraire et commença son interrogatoire :
-Je vous remercie de m'accueillir aussi chaleureusement, puis-je vous poser quelques questions ?
-Bien sûr Alice! C'est à quel sujet ?
-Voyez-vous, j'enquête sur l'apparition inexplicable d'une trace de pas ou quelque chose de similaire, sur la bordure du champ de vos voisins. Auriez-vous quelques informations à me faire part ?
-J'ai bel et bien aperçu quelque chose, mais cette histoire peut paraitre légèrement farfelue, bien que vraie.
-Je vous écoute
La femme prit sa célèbre voix de conteuse :
-Caché à l'ombre des grands arbres, l'animal avançait sans un bruit. On pouvait entendre au loin le hululement d'une chouette ainsi que le glapissement d'un renard. Cependant, ce n'était pas cela qui attirait la bête, mais bien le magnifique pissenlit situé dans le champ de pomme de terre de la famille Dubois. C'était certes légèrement ridicule pour l'animal sanguinaire qu'il était, d'aller cueillir des fleurs, mais aujourd'hui, le monstre avait décidé de mettre sa fierté de côté, et d'aller enfin soigner cette indigestion qui l'épuisait jour après jour... Il avait commencé à avoir ces maux de ventre à la suite de ce copieux repas qu'il avait eu avec Jean-Edouard, il le savait pourtant, qu'il n'avait pas la capacité de digérer trois vaches d'affilé !
Alice était assez perplexe face à ce témoignage et se demanda s'il n'était pas temps pour Mme Chevalier d'entrer dans une maison de retraite, ou au moins de faire un test neuropsychologique, mais elle prit soin de tout écrire et s'en alla sans plus tarder vers son deuxième témoin, Juliette. C'était la supposée amoureuse de Maxime, elle passait donc une grande partie de son temps chez les Dubois et n'avait heureusement pas de chien. Juliette était posée sur la balançoire de l'aire de jeu du village lorsque la détective arriva. Alice se positionna sur le banc en face et commença à lui poser quelques questions :
-Juliette, toi qui va souvent chez Maxime, tu n'aurais pas aperçue quelque chose ou quelqu'un près de leurs cultures ?
-Oui mais je vous le dirai pas !
-Pourquoi donc ?!
-Ma maman m'a dit de ne pas parler aux inconnus !
-Mais on se connait Juliette, je suis ta baby-sitter, donc peut tu me dire ce que tu as vu ?
-Des cochons d'inde !
-Comment ça ?
-J'ai vu un troupeau de cochons d'inde à côté du champ, je suis certaine que c'est eux qui ont fait la trace, ou leur berger... Les cochons d'inde ils adorent les pissenlits et même que les miens ils en mangent tout le temps et ils en mangent tellement qu'on en a plus du tout dans le jardin et puis il y a plein de pissenlits dans le champ de Maxime !
La détective écrivit tout cela dans son carnet, malgré le fait que ce récit paraissait tout aussi invraisemblable que celui de la vieille dame, et partit recueillir plus de témoignages. En partant, elle aperçut un journal abandonné sur un banc, contenant une information cruciale pour son enquête : un adolescent du village voisin aurait disparu cette nuit, sans la moindre explication. Alice regarda la photo du jeune homme et, quelle surprise ! C'était le fils ainé d'une famille ennemis au Dubois, les Deschamps, pour une question de parcelle, se souvenait-elle. Alice prit peur : et si les Dubois avaient décidé de prendre en otage cet adolescent afin de demander en rançon la parcelle pour laquelle les deux familles se battaient ! Et par son grand cœur, le jeune Maxime avait décidé de l'alerter discrètement : un berger de cochons d'indes sanguinaire aurait kidnappé le jeune homme, Lucas. La jeune détective courut jusqu'à la ferme des Dubois, prit son courage à deux mains, sauta par-dessus le chien, et ouvrit la porte à la volée :
-Libérez Lucas, je suis armée ! S'exclama-t-elle avec son journal brandit au-dessus d'elle
-Lucas ? interrogea Mme Dubois, il a dormi à la maison car la tempête d'hier ne se calmait pas. Il est justement en train de nous préparer une salade de pissenlits pour nous remercier.
-Mais, et la trace ?
Maxime arriva dans le salon et se tourna vers Alice :
-Vu que tu mettais bien trop de temps pour résoudre cette enquête, j'ai demandé à mon père : c'était l'empreinte d'un sanglier !