Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité.

Mon corps mou et morne respirait à peine.

Mon cœur battait la chamade. Mes yeux ne cessaient de faire des aller-retours.

Aller-retours entre son visage et l'extérieur de la voiture.

Mon poul s'accélèrait. Ma vision se troublait. Ma voix saturait.

Mon estomac frappait à coups de fouet. Et ma peau devint de plus en plus translucide. Semblable à l'eau de cette cascade où nous nous sommes vus pour la première fois.

D'innombrables idées se bousculaient dans mon tout petit esprit: Dois-je faire le premier pas? M'aime-t-elle? Comment lui dire mes sentiments? Dois-je même le faire? Tout à coup l'image d'un souvenir prenait place: tu courais éperdument dans le creux de mes bras. Un sourire béa se faisait voir sur mon visage épris. A vrai dire tu as ce qu'on appelle la chaleur des gens simple.

Ha non... Cette image est simplement un fruit de mon imagination ! Comme beaucoup d'autres malheureusement...

Puis, mes yeux se rivèrent sur tes douces mains enfantines.

La façon dont tes petits doigts ronds enveloppaient le volant de cette Renault me rappelait soudain la manière dont tu tenais ton stylo Bic bleu autrefois, sur les durs bancs d'école.

Et lorsque tes yeux se sont posés sur moi à cet instant, un feu incontrôlable se répandait sur mes joues si frêles. Je ne pu dire un seul mot. Ma main droite attrapait rapidement mon téléphone portable et mes longs doigts se mirent à pianoter sur l'écran.

Des milliers de fourmis semblaient grouiller à l'intérieur de mon abdomen. Je cru que cet instant ne finirait jamais. Mais tu t'es garée devant chez moi et je suis descendue de ta voiture.

Nous ne nous sommes plus jamais parlé.

Ça a duré une minute. Une bonne minute. Qu'une seule minute. Mais une éternité ne suffirait pour en parler. Pour une éternité cet instant sera gravé.