Un jardin extraordinaire

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Histoires Jeunesse :
  • 8-11 ans (cycle 3)
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Depuis des mois, avec mon petit frère Pierre, on réclame un animal de compagnie. Un chien, un chat, un lapin, un hamster, un poisson rouge. Mais nos parents refusent systématiquement. On serait même prêts à réclamer un phasme, cet étrange insecte qui ressemble à une brindille...
Mais ce matin, au petit-déjeuner, Pierre tire la manche de mon pyjama pour me dire :
— Gwenn, il y a un lion dans le jardin. 
Je réfléchis trois secondes, on est au début des grandes vacances, donc ça n'a rien à voir avec un poisson d'avril. Non, c'est juste une blague débile de mon frère. Il insiste :
— Regarde !
Je me décide à me lever pour aller voir par la fenêtre. Et là, c'est un choc. Je lâche :
— C'est pas possible...
Pierre cherche alors à me rassurer :
— C'est peut-être juste un gros chat...
— Et la crinière ? Tu expliques ça comment ?
Il hausse les épaules :
— Il n'y a pas longtemps, j'ai lu qu'une nouvelle race de chats a été découverte. Ils l'ont appelée le chat-renard parce que cette espèce a une queue touffue, comme un renard.
Et donc là, ce serait une nouvelle race de chats qu'on va appeler chat-lion à cause de sa crinière ?! Sauf qu'en plus de la crinière, cet animal à l'air de peser dans les 200 kg : ça fait beaucoup, pour un chat ! Même Chamalo, le chat obèse de Mamie, n'atteint pas ce poids. Il faut se rendre à l'évidence : c'est un lion qui a élu domicile dans notre jardin. Et, bien sûr, Maman et Papa ne rentrent pas avant ce soir. En tant que grande sœur, je me dois de prendre les choses en main. On va s'occuper de ce lion, et dans quelques jours, nos parents comprendront enfin que nous sommes parfaitement capables de nous occuper d'un animal. Après un lion, ils ne pourront plus nous refuser un chaton. 
La première chose à faire, c'est le nourrir. Heureusement que notre congélateur est rempli de saucisses, de merguez et de grillades !
Une fois repu, le lion s'endort dans l'abri à jardin. Heureusement pour nous, Maman et Papa ne s'aperçoivent de rien en rentrant du travail. 

Le lendemain matin, je suis à peine réveillée quand Pierre débarque dans ma chambre et m'annonce :
— Lève-toi vite ! Il y a un rhinocéros dans le jardin !
Je me redresse péniblement.
— C'est une blague ?
Il me sourit :
— Oui !
Le pire, c'est qu'il a l'air content de lui. Je repose la tête sur mon oreiller, bien décidée à faire la grasse matinée. Mais il n'a pas fini de m'embêter :
— La blague, c'est que c'est pas un rhinocéros.
Et il quitte ma chambre en courant. C'est encore une plaisanterie, bien sûr. Je peux me rendormir tranquille. Enfin, ça, c'est ce que j'aurais pu faire si on n'avait pas trouvé un lion la veille dans notre jardin. Pas le choix, je m'extirpe de mon lit pour aller vérifier. Évidemment, il n'y a pas de rhinocéros... C'est un hippopotame.
— Là, au moins, on est sûr que ce n'est pas une nouvelle race de chat, lance Pierre. 
Un hippopotame, au moins, c'est plus facile à nourrir qu'un lion... Il se contente de paître un moment avant d'aller piquer un somme dans la mare au fond du jardin.

Le troisième jour, quand Pierre déboule dans ma chambre, je lui dis aussitôt :
— Laisse-moi deviner... Un zèbre ?
— T'es trop forte ! s'extasie Pierre.
Le jeudi, c'est un chimpanzé que nous découvrons. Puis le vendredi, un fennec. 
Ce n'est que le samedi matin que Maman et Papa s'aperçoivent que quelque chose ne tourne pas rond dans la maison. Ils ont mal dormi. La faute à des « espèces de cris d'animaux »... 
— Il doit y avoir des rongeurs dans le grenier, pense tout haut Papa. 
— On se serait plutôt crus dans la savane... lance Maman.
C'est à ce moment-là qu'on frappe à la porte. 
— Qui ça peut-être de si bonne heure ? s'étonne Maman.
Elle se lève pour aller voir et revient quelques minutes plus tard :
— C'était le voisin. Il paraît qu'il y a une girafe dans notre jardin.
Papa éclate de rire :
— Une girafe ? Il est cinglé.
C'est à ce moment-là qu'on entend un rugissement. On se précipite à l'extérieur. Ils sont tous là : le lion, l'hippopotame, le zèbre, le chimpanzé, le fennec et la girafe. 
— Qu'est-ce que c'est que ça ?! s'écrie Papa. 
— Des animaux, répond Pierre.
Je suis bien obligée d'avouer :
— Il en arrive un nouveau tous les jours.
Maman prend les choses en main :
— Je vais appeler le zoo et leur dire qu'on leur fait un don d'animaux. Ça ne doit pas leur arriver souvent...
Elle revient quelques minutes plus tard, la mine défaite :
— Ils refusent. Ils ont déjà recueilli trois lions, cinq panthères, deux éléphants et quatre girafes depuis le début de la semaine. Ils n'ont plus de place. Apparemment, des animaux débarquent dans les jardins de tout le monde.
— Qu'est-ce qu'on va faire d'eux ? demande Papa.
Une voix dit alors :
— Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous voudrions rester quelque temps chez vous.
C'est le lion qui vient de parler. L'hippopotame ajoute :
— Vos enfants s'occupent bien de nous, nous aimerions poursuivre nos vacances ici.
Je supplie mes parents :
— S'il vous plaît, dites oui !
Papa et Maman se regardent puis hochent lentement la tête. Pierre, les animaux et moi, on saute de joie.

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Image de Un jardin extraordinaire
Illustration : Pablo Vasquez

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