Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux !
Dans ma tête je ne vois que du noir. Je ne sais pas ce qui m’arrive. J’ai l’impression que j’ai été épris de quelque chose qui hante mes pensées. Je suis comme dans une prison. Je n’en peux plus de cette souffrance. Je ressens en moi une force qui m’attire dans une zone complètement noire. Sans savoir pourquoi ni comment, je me sens affaibli et incapable de résister. Je vois mon corps entier, loin de la lumière, qui se laisse emporter par une sorte de champs magnétique vers le fond du noir total. Cette attraction est similaire à celle que subit un métal devant un aimant. Dans ma tête, j’essaye de me battre, de combattre cette impuissance mais rien à faire.
C’est comme si je tentais de soulever une montagne entière rien qu’avec mes deux mains. Ce qui est bizarre c’est bien que semblant souffrir de cette attraction, mon corps ne semble pas rejeter cette force. Je commence alors à me demander ce qui se passe. Et plus je cherche à connaître la cause, plus fort je suis attiré vers le noir.
On aurait pensé que j’ai été possédé par un esprit diabolique qui cherche à m’emmener visiter sa demeure.
Penser cela n’est rien d’étonnant car de là où je suis tout ce qui semble échapper à notre réflexion est directement associé au spirituel. La réalité est souvent transformée en surréel.
D’abord on aurait pensé cela, et si c’était le cas, quel en serait le but ? Quelle en serait la cause ? Quelle en sera la finalité ? Je me demande alors pourquoi moi ? Pourquoi, Pourquoi ?
Alors que je n’avais pas fini de me poser des questions, la réalité commence peu à peu à prendre surface malgré que je continue mon plongeon. Je commence à réaliser que mon corps était en effet prisonnier et qu’il entrainait tout ce qui le compose. Mes réflexions n’ont pas été en vain. A force de questionner mon sort, j’ai fini par découvrir mon démon. Je commence finalement à comprendre. Mon démon n’a pas deux têtes, ni trois même.
Il n’a pas deux mains, ni trois, ni quatre. Ce qui est sûr c’est qu’il possède des pouvoirs immenses, capables de me fragiliser. Il a tous les arguments possibles pour semer le trouble n’importe où. Est-il un esprit diabolique ?
Pas sûr ! En tout cas je ne qualifierai pas de cela. Il a des pouvoirs obscurs mais ne fait pas appel aux esprits.
Ce qui est bien dans le fait que je connaisse mon démon, c’est que je peux envisager des stratégies efficaces pour le combattre. Je me rappelle dans les films que lorsqu’on est pourchassé par un démon à l’intérieur de soi, le meilleur moyen de s’en sortir est de garder son calme et d’ouvrir son esprit. Oui, son esprit ! Beaucoup de personnes perdent le contrôle de leur vie quand ils se laissent dominer. Bon nombre de désastres ont été causés par ce fléau. C’est ainsi que je décide de plonger dans ce noir qui m’attirait depuis un bout de temps. Je n’y plonge non pas pour y demeurer mais pour l’affronter.
Dans les cas comme celui-là c’est le caractère et la personne qui comptent le plus. Si on n’est pas assez armé on perd facilement le combat. La défaite conduit au désastre car sans contrôle on devient vulnérable et surtout imprévisible.
Pendant que j’y suis une parole sage me vient en tête : « Ne laisse jamais tes émotions te dominer» ce sont des mots que me répétait un ami tout le temps. Je me rappelle, dans le temps, je n’étais pas si facile que ça à gérer. Je perdais le contrôle de temps en temps et la plupart du temps un nuage noir survolait ma tête. J’avais habituellement des crises de personnalités, des changements radicaux de comportement. Certains diraient que j’étais bipolaire. Je pouvais sourire pour un temps, paraître une personne joviale et à la seconde qui suis, je change complètement. Je peux être calme, très même. Je peux être dépressif ou même mystérieux. Certains admiraient mon courage et me le faisaient entendre. Mais au fond, ce courage avait une limite car quand il s’agissait de mes émotions je devenais le plus idiot qui soit.
Je n’ai jamais essayé de confronter mes émotions. Je préfère toujours les rejeter au mieux. Ainsi, pour une fois, j’allais battre mon démon et éviter une possible destruction. Au fur et à mesure que je combattais ce mal, je sentais le noir s’éloigner peu à peu. Ou bien c’était moi qui m’éloignais de lui, peu importe. Cependant, ce n’était pas facile, pas du tout... A un moment même je sentais comme si l’attraction ne suffisait pas, qu’il essayait de m’attraper ; que dis-je qu’il m’attrapait. Il me tirait fort, très fort même. Si fort que cela semblait m’étouffer. Malgré tout, ma détermination n’a pas manqué au rendez-vous. Je m’éloignais de plus en plus du noir ou le noir s’éloignait de plus en plus de moi. En même temps la tâche était trop rude. Plus je m’éloignais, plus le noir m’attirait. Retirer mon corps était comme arracher un arbre du sol avec ses propres mains. Ce qui faisait la différence entre ma situation actuelle et celle que j’avais l’habitude de voir, c’est que j’étais seul dans ce combat et que mon sort ne dépendait que de moi. Soit je perds et je me détruis soit, je gagne et je triomphe du démon.
Il n’y a pas d’autre alternative. C’est comme un jeu de pile ou face : soit c’est pile, soit c’est face, pas d’autres choix.
Peut-on se demander d’où venait cette force qui m’animait au moment du combat ou cette volonté que j’avais de triompher ? Tout cela n’avait pas de sens.
Tout ce qui compte, c’est qu’à la fin, le noir s’est dissipé et la colère qui me servait de démon finit par se calmer.
Ainsi mon cœur finit par s’apaiser.