Ça a duré une bonne minute, une vrai minute, une éternité.
J'étais assise là, me demandant si j'avais fait le bon choix en venant ici.
J'en étais sûre pourtant et maintenant je n'en suis plus si sûre.
Je n'étais pas seule, ils étaient plusieurs dans la pièce,
À attendre, comme moi,
Qu'elle vienne les sauver avec ses mots pleins d'espoir,
Dans la salle se jetaient des regards, parfois indiscrets, parfois curieux,
Une étrange sensation de chaleur traversait mes mains,
Elles étaient trempées, moites et collantes,
Comme si mon corps laissait sortir toute ma peur par celles-ci,
Cela me met mal à l'aise,
Et si je devais la saluer,
Je ferais mieux de rentrer et ces sensations disparaitrons.
La porte s'ouvrit et elle apparait tel un ange gardien,
Elle prononça mon nom,
Je savais que c'était à moi, je ne peux plus faire marche arrière.
Peut-être c'est ce qu'il me fallait,
Peut-être réussira-t-elle à faire disparaître mon mal-être.
Je me tourne vers elle,
Elle enclenche le minuteur disposé sur la table,
Il me guette de son écran affichant les minutes restantes afin de me faire comprendre que mon temps était compté.
Maintenant je regrette,
J'aurais dû partir avant qu'elle ne m'appelle,
Un bain d'émotions s'abat sur tout mon être,
Je peux ressentir l'anxiété monter en moi,
Puis la douleur qui s'empare de mon corps,
Pour finir, l'insécurité et la solitude face à ma misère prennent place.
Je me demande si elle le voit ou bien si elle peut le ressentir,
À quel point je me sens faible et dominée par ces sentiments,
C'est d'ailleurs ce qui me pousse bien souvent au découragement,
Un découragement face à la vie,
Un découragement face à l'avenir,
Je ressens déjà une grande fatigue à force de lutter contre mon propre inconscient,
Je n'ai que vingt-ans pourtant,
Je devrais déborder d'énergie.
C'est important d'en parler disent-ils,
Ne gardez pas votre souffrance en vous,
Voilà comment je me retrouve ici,
Assise en face d'une personne qui m'est complètement inconnue,
Elle, l'air sur d'elle, souriante et avenante,
Et moi, enfouis dans mon siège, trempée de sueur et le coeur battant.
Inconnue, mais à qui je vais dévoiler toute ma détresse,
Avec l'espoir qu'elle me donnera ne serait-ce qu'une portion de ce remède,
Remède qui m'aidera à me débarrasser de toutes ces pensées,
Contradictoires et destructives,
Qui me rongent chaque jour,
Et qui me font ressentir chaque minute comme une éternité.