Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut être les deux. Tout est sombre autour de moi, rien ne bouge, je suis seul dans cette matrice ténébreuse. Elle m’accueille comme une vieille amie, moi qui ne la connaissais que par des films ou des écris, je l’ai rejointe de tout cœur, sans un regret sans un pleur. Je me fonds en elle dans un élan chaleureux, sans bouger, le sourire au lèvres tandis qu’elle m’emporte loin des tracas, loin des fracas d’une vie trop sonore, trop lumineuse. Rien ne m’entoure plus que les ombres et le silence, qui m’accompagnent dans cette dernière danse, où mon corps gracieux se laisse emporter par un rythme régulier.
Tout cela me paraît si familier, si doux et si accueillant. Je l’avais déjà observée de loin cette douce sensation. C’était dans une nuit d’été, sur un pont, à la lumière des réverbères. Après une soirée agitée, j’étais parti errer dans la ville, pour changer mes idées, me raccrocher à autre chose et ne plus rien penser. Elle était venue me couper la route, suivant son cours habituel, sans se presser ni sans attendre. Mes pas s’étaient arrêtés, et mes yeux s’étaient posés sur l’onde, sombre, ténébreuse, rejetant les lumières de la ville. J’étais resté longuement devant cette vision, qui suivait son cours sans question, sans agitation, qui se laissait regarder, comme une invitation.
Au dessus de moi une faible lueur s’estompe, je la regarde disparaître sans tristesse, sans panique, j’ai lâché prise. Mais elle reste là, plus faible plus petite et me regarde m’éloigner d’elle, comme une ex sur le quai de la gare. Elle me regrettera peut-être, se souviendra de tous ces moments qu’on a passés ensemble, elle qui me connaît depuis si longtemps. Elle me pleurera sûrement, entourée de mes proches dans un matin de deuil, un lendemain sans saveur. Mais je pars sans regret, notre histoire était trop longue, elle m’avait éreinté. La lumière se brouille au loin, rendue floue par les larmes qui nous séparent, elle a l’air si triste et si calme, en cette nuit de liberté.
Alors que la lueur s’éteint pour de bon, je pense à elle, si enjouée qui envahissait mon humeur morose sans répit. J’étais la malheureuse victime de son air trop enjoué, de ses lumières aveuglantes et de ses cris assourdissants. Pendant un temps, je l’avais suivie, l’accompagnant dans les rires du matin au soir, mais j’avais grandi, et les rires comme les matins s’étaient estompés. Elle venait tout de même me chercher, me réveillant par les cris des enfants ou les rayons du soleil, et ne me laissait plus de répit, faisant subir à mon corps fatigué une journée de sourires et de chansons. Mais tout cela sonnait faux, mes lèvres cachaient la fatigue et la tristesse, et j’écourtais toujours plus ces journées trop ensoleillées.
La lueur m’a quitté, la nuit est là, tout autour de moi, l’onde ne laisse plus filtrer aucune lumière, et les ténèbres m’enveloppent. La nuit m’a retrouvé, elle me tourne autour, me caressant de ses doigts sombres et froids, elle le sait, désormais je suis tout à elle. Ses mains glissent lentement sur ma peau, je frissonne alors qu’elle ressert son étreinte, mortelle. Je la regarde faire, elle qui m’a toujours été promise, et me laisse enivrer de ses gestes subtils. Enfin, mon corps sombre, attiré par la nuit et ses sombres atours au fond de la rivière, il sombre dans un bonheur ultime, une délivrance, la promesse d’une amante, et son baiser qui délivre mes sens.
Depuis des semaines, je n’avais plus de sensation, juste de la fatigue. Je ne connaissais plus ces insomnies, ces muses qui m’inspiraient quand je luttais pour tomber dans le sommeil. Non, il venait à moi comme une chape de plomb, sans à-coups sans appel, je me couchais puis dormais. C’était une expérience nouvelle pour moi qui avais toujours maudit ces heures laborieuses à chercher le sommeil, dans la quête de la position idéale, la tête pleine de pensées sans trêve. Je finissais toujours par m’endormir deux heures plus tard, après avoir doucement tissé le rêve qui m’accompagnerait dans un sommeil léger. Mais tout n’était maintenant plus que fatigue, et on voyait à mes cernes la marque de la nuit qui ne me laissait pas partir, elle me les laissait comme une piqûre de rappel. Le rappel que je n’étais que sa proie, que le sommeil me vaincrait toujours, me retenant le matin, m’attirant d’un coup à lui le soir venu, suivant ses envies.
Mes yeux se rouvrent, mon corps se remet à bouger, réveillé par ce baiser , par la morsure du froid. Je commence à lutter, à bouger les bras pour remonter, me délivrer de l’étreinte mortelle, mais elle est trop forte, et me tire à elle, elle retient sa proie qui lui a été promise. Alors, c’est la panique, tandis que je me déploie, les ténèbres qui m’entourent se rapprochent, se raccrochent à mon corps pour ne pas me laisser partir. Mes mouvement se font moins précis, moins forts, et mon souffle s’échappe, me laissant seul, démuni. C’est la fin, la nuit m’a agrippé, son étreinte était trop puissante pour moi, je jette un dernier regard vers la surface, une lueur est là comme pour me dire adieu. Alors que me paupières se referment, il me semble que la lumière se fait plus intense, je rouvre les yeux dans un ultime effort, et aperçois une main qui plonge vers moi. Des bras m’entourent, leur chaleur est si bonne ! Ils me remontent, me ramènent à la surface, et me déposent sur la rive. La lumière est de retour, elle m’envahit dans sa fougue, me fait revenir à elle. Des yeux inquiets se posent sur moi, accompagnés de leur sourire radieux. La vie est revenue à moi, elle est si belle.
Tout cela me paraît si familier, si doux et si accueillant. Je l’avais déjà observée de loin cette douce sensation. C’était dans une nuit d’été, sur un pont, à la lumière des réverbères. Après une soirée agitée, j’étais parti errer dans la ville, pour changer mes idées, me raccrocher à autre chose et ne plus rien penser. Elle était venue me couper la route, suivant son cours habituel, sans se presser ni sans attendre. Mes pas s’étaient arrêtés, et mes yeux s’étaient posés sur l’onde, sombre, ténébreuse, rejetant les lumières de la ville. J’étais resté longuement devant cette vision, qui suivait son cours sans question, sans agitation, qui se laissait regarder, comme une invitation.
Au dessus de moi une faible lueur s’estompe, je la regarde disparaître sans tristesse, sans panique, j’ai lâché prise. Mais elle reste là, plus faible plus petite et me regarde m’éloigner d’elle, comme une ex sur le quai de la gare. Elle me regrettera peut-être, se souviendra de tous ces moments qu’on a passés ensemble, elle qui me connaît depuis si longtemps. Elle me pleurera sûrement, entourée de mes proches dans un matin de deuil, un lendemain sans saveur. Mais je pars sans regret, notre histoire était trop longue, elle m’avait éreinté. La lumière se brouille au loin, rendue floue par les larmes qui nous séparent, elle a l’air si triste et si calme, en cette nuit de liberté.
Alors que la lueur s’éteint pour de bon, je pense à elle, si enjouée qui envahissait mon humeur morose sans répit. J’étais la malheureuse victime de son air trop enjoué, de ses lumières aveuglantes et de ses cris assourdissants. Pendant un temps, je l’avais suivie, l’accompagnant dans les rires du matin au soir, mais j’avais grandi, et les rires comme les matins s’étaient estompés. Elle venait tout de même me chercher, me réveillant par les cris des enfants ou les rayons du soleil, et ne me laissait plus de répit, faisant subir à mon corps fatigué une journée de sourires et de chansons. Mais tout cela sonnait faux, mes lèvres cachaient la fatigue et la tristesse, et j’écourtais toujours plus ces journées trop ensoleillées.
La lueur m’a quitté, la nuit est là, tout autour de moi, l’onde ne laisse plus filtrer aucune lumière, et les ténèbres m’enveloppent. La nuit m’a retrouvé, elle me tourne autour, me caressant de ses doigts sombres et froids, elle le sait, désormais je suis tout à elle. Ses mains glissent lentement sur ma peau, je frissonne alors qu’elle ressert son étreinte, mortelle. Je la regarde faire, elle qui m’a toujours été promise, et me laisse enivrer de ses gestes subtils. Enfin, mon corps sombre, attiré par la nuit et ses sombres atours au fond de la rivière, il sombre dans un bonheur ultime, une délivrance, la promesse d’une amante, et son baiser qui délivre mes sens.
Depuis des semaines, je n’avais plus de sensation, juste de la fatigue. Je ne connaissais plus ces insomnies, ces muses qui m’inspiraient quand je luttais pour tomber dans le sommeil. Non, il venait à moi comme une chape de plomb, sans à-coups sans appel, je me couchais puis dormais. C’était une expérience nouvelle pour moi qui avais toujours maudit ces heures laborieuses à chercher le sommeil, dans la quête de la position idéale, la tête pleine de pensées sans trêve. Je finissais toujours par m’endormir deux heures plus tard, après avoir doucement tissé le rêve qui m’accompagnerait dans un sommeil léger. Mais tout n’était maintenant plus que fatigue, et on voyait à mes cernes la marque de la nuit qui ne me laissait pas partir, elle me les laissait comme une piqûre de rappel. Le rappel que je n’étais que sa proie, que le sommeil me vaincrait toujours, me retenant le matin, m’attirant d’un coup à lui le soir venu, suivant ses envies.
Mes yeux se rouvrent, mon corps se remet à bouger, réveillé par ce baiser , par la morsure du froid. Je commence à lutter, à bouger les bras pour remonter, me délivrer de l’étreinte mortelle, mais elle est trop forte, et me tire à elle, elle retient sa proie qui lui a été promise. Alors, c’est la panique, tandis que je me déploie, les ténèbres qui m’entourent se rapprochent, se raccrochent à mon corps pour ne pas me laisser partir. Mes mouvement se font moins précis, moins forts, et mon souffle s’échappe, me laissant seul, démuni. C’est la fin, la nuit m’a agrippé, son étreinte était trop puissante pour moi, je jette un dernier regard vers la surface, une lueur est là comme pour me dire adieu. Alors que me paupières se referment, il me semble que la lumière se fait plus intense, je rouvre les yeux dans un ultime effort, et aperçois une main qui plonge vers moi. Des bras m’entourent, leur chaleur est si bonne ! Ils me remontent, me ramènent à la surface, et me déposent sur la rive. La lumière est de retour, elle m’envahit dans sa fougue, me fait revenir à elle. Des yeux inquiets se posent sur moi, accompagnés de leur sourire radieux. La vie est revenue à moi, elle est si belle.