Madeleine

Les Dubois, Géraldine et Jules, étaient une famille riche et influente d'agriculteurs vivant dans un petit village où ils étaient très respectés par tous ceux qui entraient en contact avec eux. Leur rêve était de poursuivre leurs études et de mener une vie en dehors du village, mais ayant hérité d'une énorme quantité de terres, ils décidèrent de les exploiter pleinement et d'en faire leur gagne-pain. Leurs parents, stricts, austères et disciplinés, avaient connu la Première Guerre mondiale et étaient habitués aux privations et aux épreuves. Évidemment, ces qualités furent inculquées à leur progéniture !

Jules et Géraldine eurent trois enfants, Madeleine, Victor et François à qui ils fournissaient le meilleur en matière d'éducation et dont ils attendaient de grandes choses. Pour eux, l'éducation était la clé du succès dans toutes les sphères de la vie. Ils leur parlaient des vertus de l'autodiscipline, de la détermination, du sacrifice, de la poursuite de l'excellence à travers l'éthique du travail. Puis, ils leur rappelaient que leurs grands-parents avaient appris, dès leur plus jeune âge, à développer leur caractère en résistant à toutes sortes de difficultés , en particulier les rigueurs et les aléas des rudes périodes hivernales. Enfin, ils considéraient leur volonté de fer, même face à la maladie, comme une forme de stoïcisme.

Il n'est pas surprenant que Jules ne manquât jamais d'examiner les bulletins scolaires de ses enfants. Ceux des garçons étaient généralement moyens tandis que ceux de Madeleine étaient toujours excellents. C'est pendant ces moments qu'il les interrogeait sur ce qu'ils voulaient faire à l'avenir. Quand les garçons rêvaient de professions comme la médecine ou le droit, Jules devenait furieux et faisait des remarques désobligeantes comme : « Vous ne serez jamais médecins ni avocats avec des notes comme celles-là ! » tout en félicitant Madeleine pour son ambition d'être enseignante dans le domaine du sport, d'être entraîneuse et marathonienne, de s'engager à pousser les étudiants à exploiter leur potentiel. Si Madeleine aimait les éloges de son père , elle désapprouvait secrètement ses critiques négatives des efforts de ses frères. Cette attitude ne fit que renforcer son désir d'aider les jeunes à concrétiser leurs projets, leurs ambitions et leurs rêves.

Madeleine devint professeur d'éducation physique et entraîneuse. Elle participa également à plusieurs marathons avec beaucoup de succès. Invitée par le Ministère de l'Éducation à s'adresser à des écoles sur le secret de sa réussite en tant que professeur d'éducation physique et marathonienne, elle avait ceci à dire :

-Très jeune, je savais ce que je voulais faire, je me suis fixé comme objectif de devenir enseignante et marathonienne et avec détermination, persévérance, le sacrifice, l'abnégation de soi, et un travail acharné, j'ai relevé le défi. Je sentais que l'enseignement m'aiderait dans mon propre développement. Je considérais l'enseignant comme un motivateur, comme quelqu'un ayant un impact énorme sur le comportement social de l'individu, comme quelqu'un de spécial pour inspirer ceux qui se trouvent dans des circonstances difficiles, ceux qui sont handicapés ou atteints de maladies graves, et donner de l'espoir à tous ceux qui manquent de confiance dans la poursuite de leurs diverses entreprises.

Avec un bon état d'esprit, tout le monde peut être un champion. Vous devez croire en vous-mêmes, exploiter vos ressources intérieures et vos possibilités, accepter le challenge d'aller au-delà de vos limites, refuser d'abandonner. J'ai fait de nombreux marathons et chacun d'entre eux était un nouveau défi. Le premier, je ne l'ai pas gagné, mais j'ai apprécié le triomphe de continuer le parcours épuisant et douloureux jusqu'à la fin. Lorsque vous vous lancez dans ce genre de combat, vous vous engagez à accepter certaines responsabilités et avoir le respect d'autrui. Par exemple, lors de mon deuxième marathon, tout le monde pensait que j'étais bien placée pour gagner, mais juste devant moi, une coureuse est tombée souffrant de vertige. Que devais-je faire? La contourner et la laisser se tordre sur le sol? Mon esprit me disait de la laisser là et d'aller jusqu'à la ligne d'arrivée, mais mon cœur me disait de l'aider à se relever et à courir jusqu'à la fin. Ce fut le triomphe de la solidarité humaine !

Pour moi, cette aventure de marathonienne n'est pas seulement une source de gloire, elle représente aussi une forme d'engagement personnel dans la lutte contre bien des violences : les violences conjugales, les violences contre les enfants, les violences associées au trafic de drogue, les violences liées à la destruction de l'environnement et de notre planète.

Je suis heureuse de m'être montrée très engagée dans l'accomplissement de cette tâche !

Vive l'engagement !